Vous est-il arrivé de vous mettre debout devant votre bibliothèque et de regarder un livre que vous avez lu ? De le fixer pour être précis ? Vous finirez par ressentir une impression de «déjà vécu», de «déjà voyagé». C’est semblable à ces ondes invisibles qui nous submergent en rencontrant quelqu’un qu’on a l’impression d’avoir connu dans une autre vie. Maintenant, si vous continuez à fixer les autres livres, vous aurez la même sensation. Une galerie de personnages qui se dégagent de cette bibliothèque, des mondes et des souvenirs inhérents à des moments précis et qui vous ont construit, ces moments où vous avez plongé dans la lecture d’un livre, des mondes qui vous ont habité, des mondes qui vous ont libéré. Revenez ensuite vers un seul livre, fixez-le encore, continuez à le regarder et le livre finira par regarder au fond de vous. Il voyagera en vous comme vous avez voyagé dans le temps avec lui parce qu’il connaît votre personnalité, il a participé à sa constitution en quelque sorte. Et c’est une sensation que vous n’aurez jamais devant une tablette de lecture ou un smartphone. Jamais ! Parce que le smartphone vous envahit et le livre vous prend par la main. L’un vous manipule, l’autre vous respecte. Ne vous méprenez pas, une bibliothèque n’est jamais ni trop encombrante ni trop envahissante dans un chez-soi.