Accueil A la une La Tunisie au congrès panaméricain de la médecine, à Mexico : Les figues de Barbarie tunisiennes en vedette

La Tunisie au congrès panaméricain de la médecine, à Mexico : Les figues de Barbarie tunisiennes en vedette

 

Une délégation tunisienne a dernièrement participé au 8e congrès panaméricain de la médecine organisé à Mexico qui nous a intéressés à double titre. La médecine mexicaine n’a que cinq siècles d’âge, mais jouit d’une excellente réputation et est un exemple exceptionnel en matière d’enseignement de l’Histoire de la Médecine au sein de la faculté de Médecine, l’Unam.

Connaître le cheminement d’une médecine tunisienne qui en a 2.500 ans, avec ses pionniers dans bien des domaines comme l’obstétrique, la neurologie et autres, était particulièrement intéressant pour ceux qui étaient venus pour entendre les exposés, voir les documents, découvrir ces replis de l’histoire qui, en fait, renferment bien des informations enrichissantes à ce sujet.

Le second exposé a levé le pan sur l’implantation du figuier de Barbarie en Afrique du Nord. A propos de ces deux sujets, nous avons pu recueillir quelques éléments qui ont été religieusement écoutés par la nombreuse assistance qui a été venue au palais «l’Antigua Escuela de Medicina Palacio de la Medicina ».  Dr Chédlia Leila Ben Youssef nous a entretenus des différentes péripéties de ce congrès qui  s’est déroulé dans un palais construit de 1732 à 1736 par Pedro de Arrieta, et qui a abrité  le VIIIe Congrès panaméricain de l’Histoire de la Médecine. Il s’agit selon Dr Carlos Viesca Treviño, président de la Société internationale d’Histoire de la Médecine ( Ishm), directeur du Département d’Histoire et de Philosophie de la Médecine, au Palais de la Médecine à Mexico. C’est un ancien Palais de l’inquisition, délabré et admirablement restauré en 1980 qui accueille depuis 1983 les étudiants de quatrième année médecine au nombre de 700 environ. Chaque semestre, un peu plus de 120 médecins assistent chaque semaine et suivent des matières librement optionnelles.

Des matières librement optionnelles

D’autres activités sont réalisées au cours de l’année des cours, des cours diplômants, des conférences, des congrès et des symposiums. En revanche, ils disposent d’un programme éditorial dans lequel, au cours des dix dernières années, ont été publiés en moyenne 50 articles par an. Ces étudiants de 4e année médecine très actifs, sont venus prêter main-forte au Congrès et se sont présentés. Ils évoluent et étudient dans un musée de l’histoire de la médecine, les manuscrits aztèques de matière médicale autochtone, qui les familiarise avec la botanique mexicaine, un musée ouvert à tous. Ses 24 salles exposent des instruments médicaux et pharmaceutiques et appareillage du XVIe au XXe siècle sur l’évolution de la médecine au Mexique depuis 5 siècles. Le public qui a assisté aux conférences données dans les salles et amphis magnifiques réservés aux étudiants, a apprécié les posters sur l’Histoire de la médecine tunisienne et posé des questions.

Ibn Al Jazzar et Ibn Sina

Ces étudiants disposent d’une bibliothèque, riche de plus de 30.000 ouvrages rares et précieux, que nous avons visitée. Elle s’est enrichie de l’encyclopédie d’Ibn Al Jazzar qui, bien que rédigée en arabe, est maintenant entre les mains de générations d’étudiants en médecine et de  futurs chercheurs mexicains. Des fac-similés rares de Dioscoride et d’Ibn Sina sont à leur disposition ainsi que tous les ouvrages des bibliothèques de l’ancien monde en particulier de l’Escurial et du Vatican sont là. Le passé antique des deux mondes rejoint le moderne dans une atmosphère de calme, de sérénité et de quiétude propice à l’étude.

Au centre du palais de la Médecine, partagé également en quatre parties, trône la statue de Vésale, médecin personnel de Charles Quint.

Cela nous amène à la conférence portant sur le figuier de Barbarie, qui nous intéresse particulièrement en Tunisie. Nos figuiers de Barbarie, cela ne vous échappe pas, connaissent des problèmes. Des centaines d’hectares ont été détruits pour enrayer la maladie. Nos chercheurs sont mobilisés pour trouver un remède et sauver ce trésor dont l’importance économique et industrielle n’échappe à personne.

Les « poires de cactus »

La figue de Barbarie, également connue sous le nom de cactus figuier de Barbarie ou nopal. C’est le fruit du figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica), un cactus originaire d’Amérique centrale et répandu dans les régions arides et semi-arides du monde. Les fruits, également appelés «poires de cactus», sont généralement ovales et peuvent être de couleur verte, jaune, orange, rouge ou violette. Autour de cette plante tournent, en effet, de véritables industries. Comment avez-vous traité ce thème ?

La figue de Barbarie Opuntia ficus-indica ‘Higo chumbo Tuna, Nopal), originaire du Mexique et d’autres régions d’Amérique centrale, a été introduite en Tunisie par Charles Quint lors de la campagne menée en Tunisie, au XVIe siècle en 1535 et la conquête de Tunis. Trois forces s’opposaient, les Habsbourg avec Charles Quint en coalition avec le roi d’Angleterre, les Etats pontificaux et le Pape Clément VII, la France de François premier, les Ottomans avec Soliman le Magnifique. Tunis était un point stratégique, un enjeu de cette mainmise en Méditerranée. De l’Ifriqya, le « hindi » est parti à la conquête du reste de l’Afrique du Nord.

D’ailleurs, toutes les plantes qui venaient du nouveau monde se sont acclimatées en Ifriquiya. La figue de Barbarie a de très nombreux usages en médecine, ses raquettes, riches en eau, sont utilisées en agriculture. Sa consommation est bien entendu très largement étendue. Le «sultan des fruits» est réputé pour son goût, sa teneur en vitamines et autres oligo-éléments qui font qu’il trône immanquablement sur la table de tous.

Lutte biologique

Le parasite, le dactylopius coccus, qui atteint les raquettes a une valeur économique dans le commerce des colorants alimentaires, mais c’est également un problème majeur et actuel dans la culture du figuier de Barbarie. La cochenille est devenue un véritable fléau et le sahel tunisien en souffre. La solution demeure, parallèlement, aux traitements aux moyens de solutions liquides, l’entame de la  lutte biologique. Bien entendu, nous commençons à faire des progrès au niveau des traitements, des élevages de coccinelles. Deux pays élèvent la coccinelle, le Mexique et la Palestine occupée. Il faudrait  penser à cette question d’élevage, pour mettre un terme à cette menace.

En Tunisie, ce cactus s’est largement propagé, tout comme d’autres merveilles du Mexique ont été introduites en Tunisie en avant-première, c’est-à-dire de 1535 à 1574 et sont devenues une partie intégrante du paysage rural, tout en jouant un rôle important dans l’économie, l’agriculture et tout en influençant les habitudes alimentaires. Surtout pour ses propriétés écologiques, la figue de Barbarie a contribué à lutter contre l’érosion et la désertification. Les raquettes sont utilisées comme alimentation pour le bétail.

Des espèces résistantes

Mais il s’agit de reprendre l’initiative et d’après nos amis mexicains, qui se sont déclarés prêts à apporter leur aide, il existe des variétés qui résistent à cette maladie. Il faudrait essayer de s’en procurer, tout en préservant ce qui est acquis. Ce n’est donc plus qu’une vitesse d’exécution pour limiter les dégâts, l’annihiler et fermer ce dossier.

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