Concert de «Yüma» et «Aïta mon amour» au Festival international de Dougga : Après la pluie, la bonne musique

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Les duos tunisien «Yüma» et tuniso-marocain «Aïta mon amour» ont été sur scène le 1er juillet 2024, lors de la 48e édition du Festival international de Dougga. Une soirée musicale enchanteresse malgré le mauvais temps pluvieux et froid. Il s’agit du troisième spectacle, après la comédie de Walid Ayadi “Le cœur hanté” à l’ouverture et le concert de Yasser Jradi et Rola Azar.

Le théâtre de Dougga a été édifié en 168, soit il y a plus de 19 siècles. Situé à la délégation de Teboursouk, environ 106 km au sud-ouest de Tunis, il est implanté au sein des  vestiges de l’empire romain, dans un site archéologique particulièrement impressionnant qui s’étend sur environ 75 hectares. D’ailleurs, il est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis 1997.

Dans un cadre si merveilleux, ce théâtre archéologique, qui compte 3.500 places, accueille le Festival international de Dougga depuis 1920.

Une prestation grandiose de Yüma

Le duo tunisien Ÿuma est composé de la chanteuse Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami au chant et à la guitare. Cette collaboration a donné naissance à des titres emblématiques depuis leur premier album Chura, sorti en 2016. Au fil des ans, ces deux artistes confirmés ont connu un succès phénoménal. Autodidactes en musique, on ressent dans leurs mélodies des influences de blues, de rock, de jazz, et de la musique arabe.Ils ont apporté un vent de fraîcheur sur la scène musicale tunisienne par des chansons très appréciées. S’est ensuivie une série de concerts exceptionnels, dans des lieux choisis avec le plus grand soin…Le succès de Yüma sur scène, à Dougga, a reposé sur l’harmonie et une complémentarité rare entre les deux artistes. Le public a pu ressentir une véritable complicité. Un duo à cœur ouvert guidé, par l’authenticité et le goût de créer des univers uniques. Ils ont été rejoints, par la suite, par trois musiciens, Bechir Jlassi, Amine Mehdaoui et Aziz Ben Ania. Dans une langue poétique et une musique folk-pop délicate et minimaliste, les deux voix touchantes de Ramy et Sabrine ont vibré à l’unisson pour raconter l’amour, le rêve et la nostalgie. S’ils ont choisi de s’exprimer en arabe tunisien (derja), c’est pour que leurs textes soient plus naturels et véridiques. Au fil des refrains, émerge une poésie suave. Par leurs notes qui ont sonné merveilleusement authentiques et  exquises, ils ont su séduire le large public qui les a accompagnés au chant. Un des moments forts de la soirée a été l’interprétation de leur tube «Nghar alik», qui a dépassé les treize millions de vue sur Youtube, avec l’interaction du public.

La baisse du mercure et la pluie à flots n’ont rien enlevé à la magie de ces moments de partage et d’échange. Le plaisir d’être là et de vivre à fond l’instant a persisté malgré les averses inopinées qui ont imposé une pause d’environ 10 minutes où les spectateurs ont  couru s’abriter à l’entrée de l’amphithéâtre.

«Aïta mon amour» : un duo qui innove et qui surprend

Dans la deuxième partie de ce concert, le duo musical «Aïta mon amour» a parvenu à toucher le public, à susciter des émotions et à apporter sont lot de surprises.

La chanteuse Wided Mjama et le compositeur tunisien Khalil Epi reprennent des « Aïtas»,  un genre musical rural du Maroc, remis au goût du jour. Ces chansons des femmes chikhates marocaines, tournées vers l’électro, s’apparentent à un cri du cœur. Des complaintes passionnelles, une ode à la force et la quête de liberté ainsi que des airs de célébration de noces sont fusionnés dans un mélange fiévreux et frénétique entre traditions et modernité. Plus qu’un divertissement, c’est un pan de l’histoire et du patrimoine immatériel qui a été présenté au public de Dougga. Wided Mjama a expliqué le style musical et la signification des «Aïtas» avant d’enflammer la scène grâce à sa voix unique, rauque et puissante.

L’alchimie entre les deux artistes, la qualité musicale et  le talent individuel de Wided et Khalil ont été très appréciés par le public qui a répondu à l’énergie déployée par le duo. Des applaudissements et des youyous ont accompagné ces moments d’effervescence exceptionnels, ce qui rend compte du caractère si particulier du concert.

Le duo «Aïta mon amour» a gratifié le public d’un spectacle mémorable. Leur recette pour réussir: originalité du style musical, les paroles, l’émotion et l’innovation, le tout magnifié et mis en valeur par le cadre imposant et somptueux de l’amphithéâtre de Dougga.

Rappelons que le Festival international de Dougga s’étale jusqu’au  10 juillet avec des genres musicaux divers et de nombreux artistes tunisiens et arabes à l’affiche. La soirée de clôture sera assurée par la «Ziara» de Sami Lajmi.

Le festival assure des départs de la capitale dans des bus climatisés, au grand bonheur des amateurs de musique qui n’arrivent pas à joindre le site archéologique par des moyens privés.

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