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Implantation des entreprises tunisiennes à l’étranger : Un tremplin pour le développement économique et la création d’emplois

 

L’internationalisation des entreprises tunisiennes, notamment sur le continent africain, s’affirme comme une stratégie pour stimuler la croissance économique et favoriser la création d’emplois.

L’implantation des entreprises tunisiennes à l’étranger comporte plusieurs avantages économiques majeurs, selon Mazen Al Kassem, expert international et chef de projet «Qawafel»-«Expertise France». «L’Afrique sub-saharienne est l’une des régions à la croissance la plus rapide au monde. La Banque mondiale prévoit que le PIB de cette région augmentera de 3,8% en 2025 malgré les défis économiques globaux. Cette croissance crée un vaste marché pour les petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes, leur offrant l’opportunité de pénétrer de nouveaux marchés, de diversifier leurs activités, de réduire leur dépendance aux marchés domestiques et d’accroître la résilience des entreprises tunisiennes face aux fluctuations économiques», a dévoilé Al Kassem.

L’expert a fait savoir qu’avec une population de 1,3 milliard de personnes, majoritairement jeune, la demande pour divers biens et services est en constante augmentation, allant des produits de consommation courante aux technologies avancées. «En se positionnant tôt sur ces marchés, les entreprises tunisiennes, pionnières, peuvent bénéficier de cette dynamique démographique favorable». Il a révélé que la compétition accrue sur les marchés internationaux pousse les entreprises à innover et à améliorer leur efficacité opérationnelle. Une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) montre que les entreprises qui s’internationalisent ont tendance à être plus productives et innovantes. En Afrique subsaharienne, où les normes de concurrence peuvent être différentes, les entreprises tunisiennes peuvent adopter des pratiques de gestion plus flexibles et réactives par rapport à leurs pairs.

Il a cité, à titre d’exemple, le groupe tunisien «Poulina» qui a réussi à pénétrer le marché sénégalais en adaptant ses produits alimentaires aux goûts et aux préférences locales, tout en maintenant des standards élevés de qualité et de sécurité alimentaire.

Stimulation de l’innovation

Une étude sur l’impact économique de l’internationalisation des PME en Tunisie prouve que cette démarche entraîne souvent la création d’emplois locaux liés aux activités de production, de gestion et de support. «En effet, pour chaque filiale ouverte à l’étranger, des emplois sont créés en Tunisie pour gérer la logistique, la finance, le marketing et le support technique. De plus, les travailleurs tunisiens bénéficient de nouvelles opportunités de développement de compétences et d’expérience internationale, renforçant ainsi le capital humain du pays.

L’implantation à l’étranger offre aux entreprises tunisiennes l’opportunité d’accéder à des technologies avancées et à des compétences spécialisées. Cette exposition peut renforcer leur compétitivité sur le marché régional et mondial, permettant ainsi l’innovation et l’amélioration des processus internes».

Al Kassem a ajouté qu’en accédant à de nouvelles technologies, les entreprises tunisiennes peuvent transférer ces innovations à leurs opérations nationales. Ce processus stimule l’innovation locale et améliore la compétitivité globale. Une étude met en évidence comment l’implantation à l’étranger peut accélérer le transfert de technologies et de savoir-faire vers la Tunisie.

D’après l’expert, le continent africain, riche en opportunités économiques, offre un terrain fertile pour l’implantation des PME et startup tunisiennes. L’Afrique est un continent en pleine croissance avec des marchés en expansion et une classe moyenne en augmentation. Les entreprises tunisiennes peuvent bénéficier de ce dynamisme économique pour accroître leurs parts de marché et renforcer leur présence régionale.

«L’implantation des entreprises tunisiennes en Afrique peut fortement contribuer au renforcement des capacités locales et au développement durable. En s’installant sur de nouveaux marchés, les entreprises tunisiennes peuvent aider à développer des infrastructures locales, former des talents locaux et promouvoir des pratiques durables. Cela crée un effet multiplicateur bénéfique pour les économies locales et renforce les relations économiques entre la Tunisie et d’autres pays africains», a-t-il expliqué.

Selon Al Kassem, les succès des entreprises tunisiennes à l’étranger peuvent attirer des investissements étrangers en Tunisie. Les investisseurs internationaux voient souvent les entreprises prospères comme des partenaires fiables et sont plus enclins à investir dans un pays qui démontre des capacités d’expansion et de réussite sur les marchés internationaux. Cela peut se traduire par des augmentations significatives des flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers la Tunisie, stimulant ainsi la croissance économique nationale.

Il a aussi révélé, que pour maximiser les avantages de l’implantation à l’étranger, plusieurs prérequis doivent être remplis. «Les entreprises tunisiennes qui veulent s’internationaliser et s’implanter sur de nouveaux marchés doivent élaborer leur stratégie d’internationalisation à moyen et long terme en fonction des marchés porteurs et à fort potentiel de croissance. Elles doivent investir dans la formation et le développement des compétences pour préparer leurs équipes aux défis de l’internationalisation. Cela inclut des programmes de formation en gestion interculturelle, en conformité réglementaire, et en techniques de négociation. La collaboration avec des institutions locales et internationales pour des programmes de développement de compétences peut également s’avérer bénéfique».

Toujours d’après l’expert, il est crucial pour les entreprises tunisiennes de cibler les marchés africains les plus prometteurs. Les secteurs tels que l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et les énergies renouvelables présentent des opportunités significatives. Une analyse détaillée des tendances du marché, des préférences des consommateurs et des conditions réglementaires locales, est essentielle pour choisir les marchés les plus adaptés.

Intégration régionale

«La collaboration avec des organisations régionales telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) représente une stratégie clé pour les entreprises tunisiennes cherchant à s’implanter en Afrique sub-saharienne.

Celle-ci peut faciliter l’accès élargi aux marchés et réduire les barrières commerciales et simplifier les procédures douanières. La Zlecaf, par exemple, est l’une des initiatives les plus ambitieuses de l’Union africaine visant à créer un marché unique pour les biens et services, facilité par la libre circulation des personnes et des capitaux, regroupant 54 des 55 pays de l’Union, créant ainsi un marché potentiel de 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné de 3,4 trillions de dollars américains, et ce, en réduisant significativement les barrières tarifaires et non-tarifaires.

Le développement d’infrastructures adéquates et de solutions logistiques efficaces est indispensable pour assurer une implantation réussie. Les entreprises tunisiennes doivent pouvoir compter sur des réseaux de transport fiables et des systèmes de communication avancés. Des investissements dans les infrastructures portuaires, les routes et les systèmes de transport aérien facilitent le commerce transfrontalier et réduisent les coûts logistiques», a-t-il mentionné.

Il a aussi fait savoir que le gouvernement tunisien peut instaurer des politiques incitatives pour encourager les entreprises à s’internationaliser et s’implanter dans les marchés cibles à fort potentiel. Cela peut inclure des allégements fiscaux pour les revenus générés à l’international, des subventions pour la participation à des foires commerciales internationales, et des programmes de soutien à l’innovation pour les entreprises qui adoptent des technologies avancées.

De plus, il est crucial d’élaborer et de mettre en place une stratégie de diplomatie économique flexible et adaptative, capable de s’ajuster aux changements économiques mondiaux, aux crises géopolitiques et aux nouvelles opportunités émergentes. Celle-ci nécessite une forte coordination entre les différents acteurs nationaux, et internationaux, impliqués dans la diplomatie économique. Une bonne stratégie passe, entre autres, par le renforcement des compétences diplomatiques et des capacités de négociation des diplomates, afin de mieux représenter les intérêts économiques nationaux sur la scène internationale.

Cette diplomatie économique par le soutien des missions diplomatiques tunisiennes à l’étranger est également capitale à la réussite des entreprises dans leurs stratégies d’internationalisation. Les ambassades et les consulats peuvent faciliter les démarches administratives, offrir des services de renseignement commercial, et organiser des missions économiques pour promouvoir les produits et services tunisiens, a conclu Al Kassem.

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