Sous nos cieux, le phénomène de la délinquance n’est certes pas nouveau, puisqu’on a maintes fois cherché à l’endiguer, tout en renforçant les garde-fous. Mais il se banalise de plus en plus dans la société, sans qu’aucun remède radical ne fasse son apparition.
Les nouvelles de braquages en tout genre font, ces derniers jours, la une des médias, et multiplient posts et commentaires sur les réseaux sociaux. Pas un jour ne passe sans qu’on n’annonce ça et là un vol à la tire dans un métro ou un braquage à main armée à l’intérieur d’une banque.
En fait, des chauffeurs de taxi sont parfois pris pour cible par des braqueurs, comme c’était le cas il y a une semaine à Montplaisir dans la capitale. Mais, même en milieu rural, la population vit parfois sous le choc d’une agression physique ou morale. Comme à Rafraf (Bizerte) où la police des plages à bord de quads veille au grain dans la journée. Sans pour autant barrer la route à des forfaits accablants survenus la nuit… Que ce soit en ville ou à la campagne, les agressions physiques, braquages et autres délestages s’amplifient, sans qu’il n’y ait un remède radical. Toutefois, la délinquance n’est pas un phénomène uniquement tunisien, mais elle sévit partout dans le monde et notamment dans les pays les plus développés. C’est une forme de criminalité courante qui a pour but de délester une personne de ses effets personnels, ou une institution bancaire ou un joaillier de ses marchandises en argent ou bijoux. Il s’agit, ce alors, d’un phénomène qui croît intra muros.
Signes de malaise social ?
La forme la plus explosive, on la voit régulièrement dans les stades, avec le grabuge des supporters et la gabegie dans les gradins, sans verser dans le hooliganisme certes, mais qui porte la marque d’une délinquance qui dépasse l’espace de la rue et s’étend à de nombreuses sphères publiques de la société et de la communauté d’individus. Plus qu’un fait divers, c’est une maladie psychosociale, d’où il faudrait envisager, outre la police, d’autres corps sur le plan psychologique pour dissuader les délinquants. Mohamed Jouili, sociologue et enseignant à la faculté 9 avril de l’Université de Tunis, a évoqué l’ampleur du phénomène de la violence urbaine en Tunisie et ses conséquences sur la délinquance, en nous apportant de nouvelles précisions sur le taux de délinquance par rapport aux années antérieures qui reste méconnu.
Comment résorber le fléau…
En 2024, la Tunisie fait face à une situation complexe en matière de délinquance, exacerbée par des défis socio-économiques et politiques. La non-application de la loi a bouleversé la donne et accentué le risque de violence et de délinquance dans le pays. La crise économique persistante, marquée par une dette extérieure croissante et une détérioration des services publics, contribue également à la montée du phénomène.
Il y a, là, des initiatives qui continuent d’émerger pour résorber le fléau. Par ailleurs, le projet de la «2e Chance», parrainé par l’Unicef, vise à réduire l’abandon scolaire et offrir des alternatives éducatives et professionnelles aux adolescents, à même de favoriser l’inclusion sociale. Tout cela est de nature à mieux prévenir la délinquance. En Tunisie, la délinquance est un phénomène complexe influencé par divers facteurs socioéconomiques, politiques et culturels. Les taux de criminalité ont connu une hausse notable depuis la révolution de 2011, notamment en raison de l’instabilité politique et des défis économiques persistants. Les jeunes, particulièrement touchés par le chômage et l’exclusion sociale, sont souvent impliqués dans des actes délictueux, allant des petits vols aux crimes les plus graves. La contrebande et le trafic de drogue sont également préoccupants. En somme, bien que des efforts soient consentis pour lutter contre la délinquance, la situation reste encore fragile.