Le «Measuring digital development-ICT Development Index 2024», publié récemment, dévoile le classement 2024 de l’Indice de développement des TIC et les performances des pays qui trustent les premières places en matière de connectivité numérique en Afrique. Pour cette année, les résultats réservent des surprises de taille.
L’Union internationale des télécommunications a publié, depuis peu, le classement de l’Indice de développement des TIC. Pour cette année, cinq pays africains se démarquent nettement en matière de connectivité numérique ; il s’agit respectivement de la Libye, du Maroc, des Seychelles, de Maurice et de l’Afrique du Sud.
La Tunisie, un score au-dessus de la moyenne africaine
Ces pays affichent les niveaux de développement des technologies de l’information et de la communication qui comptent parmi les plus élevés en Afrique. Cela traduit les progrès vers une connectivité universelle et significative.
Intitulé «Measuring digital development-ICT Development Index 2024», le rapport a concerné 170 pays et territoires à travers le monde en se basant sur 10 indicateurs, dont «le pourcentage des particuliers utilisant Internet, la pénétration de la téléphonie mobile à large bande mobile, le trafic Internet à large bande mobile, le prix des données mobiles et des services voix et le taux de possession de téléphones mobiles», assure le rapport. Les pays concernés par cet indice sont évalués sur la base de score allant de 0 à 10. Les scores des différents indicateurs sont ensuite combinés avec le même degré d’importance pour dégager un score global pour chaque pays allant, lui aussi, de 0 (absence totale de connectivité) à 100 points (connectivité optimale). Avec un score de 77,2 points sur 100, la Tunisie arrive à la huitième position. Ce score nous classe au-dessus de la moyenne africaine estimée à 50,3 points. Malgré qu’elle ne soit pas dans le «Top 5 continental», la progression de la Tunisie est remarquable. En seulement un an, son indice de développement des TIC est passé de 74,1 points en 2023 à 77,2 points en 2024, soit une hausse de 3,1 points. Une évolution qui revient essentiellement à l’augmentation du pourcentage d’individus utilisant Internet, qui est passé de 89% en 2023 à 92,8% en 2024. Il est à noter que la moyenne mondiale est de l’ordre de 70,5%. Cette progression est aussi due à la pénétration de la téléphonie mobile à large bande et le taux de couverture 3G à 98% et 4G à 99,5%. Néanmoins, pour améliorer davantage les scores tunisiens, il est impératif de réduire les disparités régionales et sociales en matière d’accès et d’utilisation des TIC. Des efforts doivent être entrepris afin de développer l’économie numérique.
La Libye, première du classement
Contre toute attente, la Libye réalise la meilleure progression africaine. Après une cinquième place en 2023, la Libye est arrivée à faire un bond de 11% pour atteindre 88,1 points et détrône, ainsi, le Maroc. Le pays se hisse en tête du classement continental. Malgré une instabilité politique persistante les résultats sont très probants. Les scores élevés de 88,2 pour la connectivité universelle et 87,9 pour la connectivité significative suggèrent des avancées notables en termes de couverture réseau, d’abordabilité et de trafic de données mobiles. La Libye semble avoir su développer une infrastructure TIC solide. D’après les spécialistes, «le principal défi pour consolider ce leadership sera d’étendre les progrès à l’ensemble du pays et de la population, en garantissant un accès équitable aux services numériques.
Les compétences, la cybersécurité et le développement de services en ligne demeureront également des priorités».D’après eux, il est essentiel de faire différence entre connectivité universelle et connectivité significative. «La connectivité universelle fait référence à un accès généralisé aux infrastructures de communication numériques comme l’Internet, la téléphonie mobile… alors que la connectivité significative va au-delà en impliquant une utilisation réelle et bénéfique de ces technologies. Cette dernière doit permettre une véritable inclusion numérique, à l’inverse d’une simple présence d’infrastructures. Car avoir une connexion Internet ne suffit pas si on ne sait pas l’utiliser efficacement pour accéder à l’information, aux services en ligne ou aux opportunités économiques. La connectivité significative nécessite donc des compétences numériques, du contenu pertinent dans les langues locales, ainsi qu’un environnement propice qui tient compte de l’électricité, des coûts qui doivent être abordables…
Le Maroc, 91,7 pour la connectivité significative
Même s’il accuse un léger retard sur la Libye pour la connectivité universelle (81,9), le Royaume se distingue par un excellent score de 91,7 pour la connectivité significative.Deuxième du classement avec 86,8 points, le Maroc confirme solidement son statut de leader numérique en Afrique. Cette performance s’explique notamment par le déploiement d’infrastructures de pointe comme la fibre optique et la 4G, une offre de services numériques diversifiée ainsi que des efforts soutenus en matière d’e-gouvernement et de développement des compétences.
Les analystes expliquent : «Le Maroc doit poursuivre ses efforts pour réduire la fracture numérique dans les zones rurales et montagneuses, souvent encore mal connectées aux réseaux haut débit.
Le gouvernement marocain s’est engagé à étendre la connectivité à haut débit dans tout le pays, dans le but d’offrir à tous les citoyens une connexion Internet de qualité à un prix abordable. L’accélération du virage vers la 5G et l’intelligence artificielle sera également déterminante pour conserver son rang de leader.
La Stratégie nationale de développement numérique du Royaume, à l’horizon 2030, prévoit l’introduction de la technologie 5G pour stimuler la croissance économique, améliorer les services publics et garantir une inclusion numérique plus large».Pour réussir cette transition numérique, le Maroc compte notamment «acheter et installer des câbles sous-marins pour établir une connexion directe avec les Etats-Unis, source de plus de 80% du trafic Internet mondial».
Les Seychelles et Maurice misent sur la formation aux compétences numériques
Troisièmes avec 84,7 points, les Seychelles affichent une connectivité universelle très développée (81,8) tandis que Maurice, quatrième avec 84,2 points, se distingue par un niveau de connectivité significative remarquable de 89,9. Pour ces deux archipels de l’Océan Indien, l’excellence dans le numérique constitue un atout économique majeur, en phase avec leur positionnement dans les services et le tourisme haut de gamme.Il est à rappeler que les Seychelles confirment leur troisième place pour la deuxième année alors que Maurice, qui était 2e en 2023, recule de 2 places, cette année, pour se classer 4e, avec une croissance de son score d’à peine 3 points. En plus des investissements dans les infrastructures TIC modernes, ces îles misent sur la formation aux compétences numériques, le e-tourisme ou encore l’économie bleue durable. Leurs principaux défis résident désormais dans le renforcement de la cybersécurité, l’exploitation optimale des données et l’adaptation aux nouveaux usages comme le télétravail.
«Dans ce contexte, il est primordial pour ces îles de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée dans les domaines de la cybersécurité et des technologies de l’information. C’est pourquoi des formations dédiées à ces thématiques sont régulièrement dispensées. Un effort de montée en compétences constitue une étape cruciale pour relever les défis de la transformation numérique et assurer un développement économique et sociétal pérenne de ces économies», développent les spécialistes.
L’Afrique du Sud, le numérique vecteur d’inclusion et de transformation sociétale
Le «Top cinq continental» se termine par l’Afrique du Sud qui occupe la cinquième position avec 83,6 points. Le pays se distingue par des scores équilibrés de 82,6 pour la connectivité universelle et 84,6 pour la connectivité significative et mise sur l’économie numérique comme vecteur d’inclusion et de transformation sociétale. Le pays recule d’une place par rapport à 2023, et ce, malgré une croissance de son score de 4 points.
Il se caractérise par les inégalités socio-économiques persistantes qui handicapent l’accès aux TIC d’une partie de la population. L’Afrique du Sud devra relever le défi d’une appropriation massive, sûre et productive du numérique auprès de tous les citoyens pour concrétiser pleinement son potentiel dans le domaine.