En Tunisie, la question des loisirs et des divertissements accessibles à tous est une problématique récurrente qui touche particulièrement les familles à revenus modestes et même celles à revenus intermédiaires.
Si l’envie de se détendre et de s’amuser est bien présente, les moyens financiers pour le faire ne sont pas toujours au rendez-vous. La première difficulté réside dans le manque d’espaces publics aménagés et entretenus où les familles et les jeunes peuvent se retrouver gratuitement. Jardins publics, terrains de sport, aires de jeux pour enfants… ces espaces de convivialité et de loisirs semblent faire défaut dans de nombreuses villes tunisiennes.
Trop de frais !
Sortir en famille pour se divertir en Tunisie nécessite de débourser de l’argent. Que ce soit pour visiter un parc d’attractions, aller au cinéma, ou encore dîner dans un restaurant, les coûts s’accumulent rapidement. Même les activités en plein air, telles que les promenades dans les parcs ou les plages, sont souvent assorties de frais de stationnement, de consommation ou de services divers… Et la liste des activités payantes est encore longue, alors que les prix peuvent rapidement s’envoler, rendant ces sorties inaccessibles pour une grande partie de la population.
Même les rares espaces de loisirs dits « gratuits » ne sont pas épargnés par la négligence. Souvent mal entretenus, voire insalubres, ces endroits ne répondent pas aux besoins des familles et ne favorisent malheureusement pas l’épanouissement et le bien-être. «J’ai deux enfants en vacances, je ne peux pas me permettre de les divertir même une fois par semaine», explique Dorsaf, 42 ans, mère de deux filles. Et de poursuivre: «Chaque sortie nous coûte beaucoup d’argent, même une sortie au parc d’attraction, avec une petite collation, ça chiffre à la fin.
C’est terrible, mais parfois, entre mes deux filles je dois faire un choix. Par exemple, je n’ai inscrit que l’aînée dans une activité sportive cet été ».
Avec ses enfants, Dorsaf joue la carte de l’honnêteté et tente de responsabiliser ses enfants : «Souvent je n’hésite pas à leur dire que je n’ai pas les moyens de satisfaire tous leurs envies », nous confie-t-elle.
De son côté, Mohamed a trouvé une autre parade pendant les vacances pour réduire sa facture. Son travail lui impose d’être souvent sur les routes dans diverses villes et régions de notre pays. «J’ai donc décidé d’être accompagné parfois par ma fille, pour l’occuper et profiter des paysages et si la ville dans laquelle je me rends lui plaît, nous faisons une bonne promenade et on rentre chez nous ». Un luxe que malheureusement tout le monde ne peut pas s’offrir.
Des initiatives citées en exemple
Certaines initiatives de la société civile travaillent sur cette thématique de loisirs pour les jeunes, à l’instar de l’Association tunisienne de l’animation culturelle, jeunesse et loisirs de Sousse. Fondée en 2008, l’association travaillait jusque-là sur les excursions et les voyages en famille organisés à des prix abordables, grâce à des partenariats avec les maisons des jeunes et d’autres associations.
Contactée par La Presse, Ghada Jegham, membre du bureau exécutif de l’association, nous explique que l’ONG travaille désormais beaucoup plus sur les échanges interculturels et les services volontariats européens. «Récemment, des jeunes ont pu passer toute une semaine en Allemagne, tous frais compris, ne payant que 500 dinars », argue-t-elle. Il s’agit d’un programme qui s’étale jusqu’en 2025. Ce programme permet aux jeunes de voir d’autres cultures, mais également de se former sur différentes thématiques », précise Ghada Jegham.
Evidemment, d’autres initiatives plus connues, comme les scouts, les maisons de jeunes ou encore l’Organisation nationale de l’enfance tunisienne contribuent à rendre les vacances plus agréables.