Farès Ferjani est désormais auréolé du prestigieux titre de premier médaillé tunisien. C’est le premier athlète à offrir à la Tunisie sa première médaille olympique aux Jeux de Paris 2024, en remportant l’argent au tournoi du sabre masculin. Il était demi-finaliste. A la suite de sa défaite face au Sud-Coréen Oh Sanguk, Ferjani est monté sur la deuxième marche du podium. Un classement honorable.
Dans le sport de haut niveau, les exploits sont tributaires de plusieurs facteurs dont les dispositions et performances du sportif lui-même, le degré de compétence et de professionnalisme de son staff et les moyens mis à sa disposition par son pays.
Derrière les stars mondialisées de football, de tennis et d’athlétisme, s’activent de véritables machines de guerre. Pour faire avancer une carrière de haut niveau, le sportif est généralement repéré dès l’enfance, il est accompagné tout au long de sa carrière sportive, relativement courte, par des coachs sportifs, des équipes médicales et des sponsors publics et privés. Lorsqu’il gagne, remporte un tournoi, c’est le drapeau national de son pays qui est hissé tout haut, au son de l’hymne national. Une reconnaissance, mieux, une conquête planétaire, populaire et toujours positive.
La concurrence est donc rude entre les pays considérés comme des puissances sportives, comme les Etats-Unis, la Chine, et, dans une moindre mesure, la Russie, lourdement impactée par la guerre. Les pays riches, à l’instar des Etats du Golfe, sont récemment entrés en scène pour faire du sport un vecteur de soft power, un instrument géopolitique. Cet aspect a été longuement évoqué, lors de l’organisation de la Coupe du monde du football en 2022, par le Qatar. L’Emirat, disposant de fabuleux gisements d’hydrocarbure, a pu organiser une Coupe du monde qualifiée de réussite globale. A ce détail près, et malgré ses moyens faramineux, la prestation de son équipe nationale de foot a été très en deçà de la moyenne. Comme quoi pour devenir une grande nation sportive, l’argent a beau être indispensable, à lui seul ne suffit pas.
Maintenant, il faut se faire une raison. La Tunisie n’est ni une puissance sportive, ni dotée de grands moyens. Comme dans presque tous les domaines, notre pays doit compter sur ses propres ressources, sur la rigueur, sur le travail et la discipline pour atteindre des résultats concrets, ensuite réaliser des exploits.
Ces dernières années, hélas, le sport a été parmi les secteurs d’activité qui ont été le plus pénalisés. Les conflits internes, les luttes fratricides, les dérapages d’ordre éthique et financier, le favoritisme, l’esprit clanique ont pratiquement impacté la plupart des fédérations sportives.
Une page est tournée. Les espoirs reposent, désormais sur la Stratégie nationale de la jeunesse à l’horizon 2035. Lancée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, sous la houlette de la Présidence du gouvernement, cette feuille de route devra donner au sport national la place qu’il mérite. Depuis le sport scolaire à celui de haut niveau et professionnel, en passant par l’individuel et le collectif. Une véritable stratégie devra, justement, être mise en place pour installer des instances sportives dans chaque discipline, avec des fédérations performantes et qualifiées. A commencer par le sport le plus populaire au monde, le football, qui est associé, de fait, au sentiment de fierté nationale. Souvenons-nous de l’Argentine 1978.
Lorsqu’une équipe gagne un match important, c’est le pays tout entier qui sort pour célébrer cette victoire dans la rue. Un moment d’union nationale qui nous a tant manqué ces derniers temps. Il ne reste donc plus qu’à se retrousser les manches et se remettre au travail. La voie royale du succès.