Esquisse | Aziza Othmana : La Dame au grand cœur

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Nous poursuivrons donc ce vendredi notre déambulation estivale à travers la galerie des figures féminines marquantes de l’histoire de notre pays.Et le hasard du calendrier a voulu que, cette semaine, notre rendez-vous hebdomadaire tombe à trois jours de la célébration du 13 août 1956, date anniversaire de la proclamation du Code du Statut personnel, qui coïncide avec la proclamation de la fête de la Femme en Tunisie, la première au monde dans son genre avant son extension progressive pour finir par être institutionnalisée à l’échelle planétaire le 8 mai sous forme de Journée internationale de la Femme. Et c’est une grande fierté pour les Tunisiens que d’avoir été pionniers en matière de droits de la femme et de reconnaissance de l’importance de son rôle dans notre existence.

Pour commémorer l’événement, la Poste a émis une série de timbres-poste à l’effigie de femmes tunisiennes qui ont marqué notre histoire contemporaine. Juste hommage à des combattantes dans tous les domaines qui ont éclairé, parfois de manière dramatique, notre cheminement sur la voie de la justice et du progrès. Pour notre part, nous allons poursuivre notre focus sur les figures passées, car elles aussi peuvent nous aider dans notre quête d’un meilleur être. Et, dans le cas présent, l’évocation de ce passé ne peut s’effectuer sans une halte physique prolongée devant une sépulture sise dans un mausolée, celui de Sidi Ahmed Ben Arous, au pied du minaret de la Grande mosquée Ez-Zitouna. Cette sépulture abrite les cendres de la princesse Aziza Othmana , une princesse du XVI° siècle, dont le souvenir est resté vivace pour tous les Tunisois mais également pour des populations éparses disséminées à travers tout le pays, là où elle avait des biens qu’elle a légués en propriété de mainmorte dont l’usufruit a été, jusqu’à l’indépendance du pays en 1956, consacré à des œuvres charitables. Et en particulier dans la région de Sfax où son souvenir est resté associé à une institution emblématique, le fameux Henchirech-Chaâl, immense propriété agricole essentiellement plantée d’oliviers. A l’origine, l’accès à la tombe de Othmana s’effectuait par le souk Chemmaïne. Disciple fervente de Sidi Ben Arous, l’un des saints-patrons de la Ville de Tunis, elle avait, avant sa mort, émis le souhait d’être inhumée au voisinage de la sépulture de son maître spirituel. Et comme l’usage à l’époque n’autorisait pas la « mixité » dans les sanctuaires, elle a acquis une petite demeure au dos du mausolée de Sidi Ben Arous et sa tombe a été aménagée juste de l’autre côté d’une simple cloison qui séparait les deux espaces funéraires. A la fin du siècle dernier, cette cloison a été abattue et la disciple a enfin pu reposer juste à l’ombre du catafalque de son maître.

(A suivre)

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