Soldes d’été : Toujours le même scénario

 

«La clientèle a sans doute raison. Mais nous avons fini par comprendre que la comparaison tant au point de vue qualité que prix se fait par rapport à ce que l’on trouve à la….friperie ».

La Chambre nationale du prêt-à-porter et des tissus a annoncé, lundi 29 juillet 2024, que les soldes qui ont débuté depuis le 7 août dureront six semaines.

Cette information confirmée par Mohsen Ben Sassi, président de la Chambre, a été accueillie de différentes manières, aussi bien par les commerçants que par la clientèle.

La chaleur étouffante qui règne n’arrange pas les choses. La rentrée scolaire et le Mouled qui se profilent compliquent la situation. Le renchérissement de bien des produits non compensés par l’Etat enfonce davantage le consommateur, qui ne sait plus où donner de la tête.

«Avec cette chaleur, on a les esprits ailleurs et la clientèle ne se bouscule pas», nous a confié un commerçant de la rue Charles de Gaulle.

Effectivement, il n’y avait pas foule et bien des commerces sont complètement vides. Des… curieux lèchent les vitrines, les trottoirs sont presque déserts. On ne voit pas de personnes chargées de sacs bariolés, le sourire aux lèvres et heureuses d’avoir fait une bonne affaire.

On n’y croit pas beaucoup

Cela fait des années que le même scénario est vécu par ceux qui continuent à y croire en dépit de toutes les déceptions. Les soldes, « on n’y croit pas beaucoup ». Les commerçants font le forcing pour gagner le plus possible en s’adonnant à des astuces qui ne marchent plus, mais cela n’arrange pas les choses.

Les réponses que l’on donne pour expliquer ces échecs à répétition sont toujours les mêmes. Aussi bien au niveau des responsables qu’à celui des exposants, la conviction est la chose la moins partagée, alors qu’elle est la seule en mesure de jouer un rôle pour prétendre favoriser une éventuelle relance.

Dans tout ce manège, il nous semble que le principal intéressé, le client, l’acheteur a un avis, des prétentions, une idée totalement différente de ce que pensent les organisateurs, les commerçants de ces soldes.

Désenchantée par l’ambiance

«Je ne rate jamais les soldes. A chaque fois que j’y vais, je repars aussitôt. Il y a tout d’abord la qualité que l’on offre. Elle n’est pas très convaincante. Moi, j’habite rue de Spartes. C’est au centre-ville. Je connais les magasins un à un. Je mémorise les prix d’avant les soldes. Il n’y a presque pas de différence avec ceux que l’on suppose avoir affichés en cette occasion. C’est clair n’est-ce pas ? », témoigne un père de famille.

Pour trouver une réponse à cette question il n’y a pas mieux que de la poser à un des employés d’un magasin du centre-ville.

«La clientèle a sans doute raison. Mais nous avons fini par comprendre que la comparaison, tant au point de vue qualité que prix, se fait par rapport à ce que l’on trouve à la… friperie »

Dans ce cas, il n’y a plus moyen de s’en tirer. Nos tissus reviennent  relativement cher, la coupe, la couture, cela se paie. Effectivement, on peut trouver moins cher à l’étranger, mais à part ce qu’on constate dans les pays où la confection du prêt-à-porter est surveillée, c’est de la camelote. Une fois lavé, le tissu perd de son éclat et devient repoussant pour des enfants ou des jeunes qui savent ce qu’ils veulent».

Une fois les soldes terminés, on soulèvera le problème de la valse des étiquettes. A l’étranger, surtout en Europe, les soldes s’assimilent à de la braderie. Tout est enlevé. On se bouscule. Certains passent la nuit au seuil des magasins pour être servis en premier. A voir le manque d’empressement de la clientèle, cela risque bien de se répéter encore une fois. C’est tout de même grave comme accusation et cela n’instaure pas cette confiance qui devrait rapprocher les deux parties

«Je ne dis pas que ces manipulations n’existent pas, nous répond un commerçant de prêt-à-porter à l’Ariana. Mais il faudrait reconnaître qu’il y a un minimum de rigueur. Les sanctions sont sérieuses».

Reste l’avis de ceux qui sont censés veiller à la réussite ces soldes.

«La question, de toutes les manières, est difficile à gérer. Nous pensons que c’est tout d’abord une confiance à instaurer. Commerçants et clients sont dans l’obligation d’accorder le préjugé favorable pour amorcer cette relance que nous souhaitons tous.

«Je ne vous cache pas que depuis une semaine je fais le tour  des marchands de friperie, nous dit une mère de famille. Il y a des choses intéressantes et à bon prix. La qualité est également acceptable. Mes enfants préfèrent d’ailleurs la friperie. Ils se sont habitués. Restent les prix qui ont sérieusement augmenté».

Douteux

Il y a ceux qui affichent des réductions de 50, 60 et même 70 pour cent. C’est impressionnant, à la limite tentant, mais dans bien des cas, ce n’est pas la vérité.

« Nous intervenons pour redresser la situation. De vieux articles sont souvent mis en vente. On veut s’en débarrasser mais cela ne marche pas à tous les coups. C’est une question d’état d’esprit et cela ne facilite pas les choses, alors que le marasme est réel », assure un commerçant qui vend des habits traditionnels.

Confiance et méfiance

La situation étant ce qu’elle est, il faut bien s’adapter. Les responsables ont pris la précaution d’exhorter les consommateurs à signaler les violations aux autorités compétentes.

En Tunisie, les soldes sont régis par la loi 1988-40 du 02 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la publicité commerciale. Cette loi dispose que les soldes doivent être annoncés au moins 15 jours à l’avance et que les réductions doivent être clairement indiquées sur les étiquettes.

Considérant les budgets prévus, il est nécessaire de réserver une enveloppe pour ces soldes, en sachant à l’avance ce dont on a besoin. En prenant le temps de comparer les prix, on évite de perdre de l’argent.

Dressez votre liste de courses avant de partir en magasin. Cela vous aidera à éviter de faire des achats dont vous n’avez pas besoin.

Comparez les prix proposés en ligne et dans les magasins si vous êtes en mesure de juger de la qualité des tissus  avant d’acheter.

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