Quatre mille cinquante (4.050) est le nombre des signaux enregistrés sur le numéro vert 1899 pour dénoncer et alerter la partie concernée sur les violences infligées aux femmes, et ce, du 1er janvier au 30 juin 2024.
Il faut dire qu’en dépit des efforts fournis par l’Etat, les institutions, la société civile et tous les féministes pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles, ce phénomène continue à être une réelle menace pour la gent féminine, pour son intégrité corporelle et morale et pour son droit à la sécurité. Et à l’heure où nous célébrons la fête nationale de la femme, bon nombre d’entre elles gémit sous les coups des poings et des mots.
Centre « El amen » à Bizerte
Aussi, comme première action de sauvetage, l’Etat multiplie-t-il la création des centres d’hébergement des femmes victimes de violence ainsi que de leurs enfants mineurs. Aujourd’hui, la Tunisie compte quatorze centres spécialisés d’une capacité d’accueil de 221 lits. Le plus récent a été inauguré, récemment, à Bizerte et baptisé centre « El amen ».
Il s’agit du quatorzième acquis en matière d’hébergement et de prise en charge pluridisciplinaire des femmes victimes de violence et de leurs enfants, doté d’une capacité d’accueil de quinze lits. L’objectif n’étant point de garantir, uniquement, la sécurité des bénéficiaires mais aussi — voire surtout — de les accompagner dans leur combat contre la précarité financière et psychologique et pour l’autonomie et la dignité. Pour y arriver, une équipe pluridisciplinaire apporte aux victimes les composantes essentielles pour rétablir l’estime de soi ; des composantes qui ne sont autres que des consignes et des conseils de bien-être physique, psychologique, social et économique.
Chiffres alarmants
Selon les données avancées par le ministère de tutelle, lesdits centres ont réussi, en 2023, à accueillir et à soutenir pas moins de 305 femmes victimes de violence ainsi que 317 enfants. Durant le premier semestre de 2024, le nombre des femmes bénéficiaires de ces prestations a été de 167 ainsi que 177 enfants.
Ces chiffres disent long sur l’ampleur du phénomène. Pourtant, ils ne sont aucunement représentatifs puisque certaines femmes, par peur ou par soumission, ne tirent pas la sonnette d’alarme et ne tentent pas de faire face à la maltraitance alors qu’elles le devraient. Sur les 6.645 coups de fil enregistrés sur le numéro vert 1899, les signaux de dénonciation de la violence à l’égard des femmes s’élèvent à 4050, ce qui est grandement alarmant. Il l’est encore plus quand on constate que dans 75,5% des cas, l’agresseur n’est autre que l’époux.
Interventions imminentes
Sortir de la sphère infernale de la violence sur fond sexiste nécessite, en effet, un travail colossal et la convergence des efforts de plusieurs parties concernées. Le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées en est le premier responsable. Le sauvetage des femmes du gouffre de la violence continue en suivant, toujours, cette même logique d’intervention imminente grâce aux centres d’hébergement et de prise en charge. Le ministère de tutelle s’engage, dans le prochain trimestre, à instaurer cinq centres spécialisés dans cinq gouvernorats, à savoir Siliana, Sousse, La Manouba, Monastir et Zaghouan. Ces projets verront le jour grâce à la collaboration avec la société civile dans le cadre, notamment, de conventions de partenariat et de financement de l’Etat. Il est bon à savoir que la gestion des quatorze centres précités est assurée grâce à la conjugaison des efforts du ministère et de douze associations œuvrant pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Pour sa part, le ministère a consacré une enveloppe de l’ordre de 900 mille dinars au titre de l’année en cours à cet effet.