La 37e édition se poursuit avec la programmation des films en compétitions officielles, nationale et internationale, et des hommages rendus aux professionnels du cinéma à l’occasion du 60e anniversaire du Fifak.
Après la consécration des trois femmes : Mounira Ben Halima (ex-directrice du département cinéma au ministère des Affaires culturelles), Mounira Mnif (actuelle directrice du département cinéma au ministère des Affaires culturelles) et Rabiaâ Belguira, directrice de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc) pour leur engagement et leur soutien au Fifak et à la Ftca, le festival a également redu hommage aux projectionnistes Hosni Ganoun, Mohamed Zhani, Imed Hamzaoui, Khaled Bellili et Mouldi Araâr ainsi qu’au photographe Kais Methemem, décédé en 2023, pour leur dévouement et abnégation au service du Fifak.
L’artisan des jambes en bois
Parmi les films les plus marquants projetés au cours des trois premiers jours : « Carpenter », documentaire iranien en compétition officielle de Xelil Sheragerd. Ce dernier signe un film bouleversant sur les Kurdes qui ont perdu leurs jambes au cours d’un long conflit avec les Iraniens. Dans la campagne au milieu d’une nature luxuriante et quelques animaux dont un écureuil, une chouette et autres… Dans ce milieu paisible où règnent beauté et sérénité, se crée une osmose entre l’homme et la nature.
Un vieux charpentier s’attache à fabriquer, dans sa petite échoppe, des jambes en bois pour les victimes de la guerre qui viennent montrer la jambe mutilée. Il prend les mesures pour leur confectionner des jambes à partir de bois qu’il glane dans la forêt. Il abat des arbres et en extrait la matière correspondant exactement à cet effet. Pas besoin d’aller dans un hôpital ou un centre spécialisé pour se refaire une jambe ou un bras, ce qui revient cher et prend beaucoup de temps. Ici, à l’instar d’un cordonnier qui répare les souliers usés, les mutilés recourent au charpentier bienveillant qui s’occupe de leur sort.
Le documentaire est une véritable perle. A partir d’une idée simple et un traitement efficace sans fioritures, le réalisateur n’adopte pas un style particulier étant donné que le sujet lui-même, de par son originalité, donne de la valeur et du sens à l’œuvre sans l’alourdir d’autres effets. Le film montre l’attachement de l’homme à la nature, mais aussi les conséquences de guerres fratricides qui détruisent les hommes et les rendent invalides.
Voyage initiatique
Wartezimmer (Dans l’attente de Mohamed Ali), doc fiction de 26 minutes de Abdelhamid Bessi et Yesmine Ben Salah, part sur les traces du syndicaliste Mohamed Ali Hammi. Un jeune infirmier et une étudiante se rencontrent dans la salle d’attente de la direction des affaires d’immigrés à Berlin et décident de partir à la recherche d’une personnalité symbolique du syndicalisme tunisien qui a séjourné dans la capitale allemande dans le but de poursuivre ses études supérieures.
Entre réalité et fiction, le film n’a pas la prétention de raconter avec les détails nécessaires la vie foisonnante du syndicaliste, mais il s’agit tout juste d’une ébauche et même d’un prétexte pour évoquer les difficultés que rencontrent les jeunes d’hier et d’aujourd’hui dans leur périple en Europe. Mohamed Ali Hammi n’a pas pu poursuivre ses études, faute de moyens et s’est retrouvé à exercer un travail précaire avant de regagner la Tunisie.
Le film a été tourné avec très peu de moyens, sans autorisation préalable. Son intérêt réside dans le fait qu’il s’est penché sur une figure historique en faisant un parallèle avec la réalité actuelle. Un voyage initiatique simple et beau.