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Quand la réalité s’impose

Editorial La Presse

 

Une information tragique a fait irruption dans l’actualité. Le décès de Mouhib Kneni par la rage. Le bac en poche et toute la vie devant lui, le jeune homme est mort bêtement. Maladie hideuse, mortelle mais évitable, elles sont neuf victimes depuis le début de l’année à être emportées par la rage en Tunisie. Principalement en Asie et en Afrique, quelque 59 000 décès annuels sont recensés dans le monde. Après 30 ans, voilà que notre pays occupe une place sur cette liste morbide.

Virus qui attaque le système nerveux, une fois les premiers symptômes déclarés, les survies après infections prouvées par la rage sont exceptionnelles. Hormis quelques cas qui ont été sauvés par le fait d’un heureux concours de circonstances. Ainsi, il y a vingt ans, une jeune Américaine a survécu à la rage. Elle avait été mordue par une chauve-souris et n’avait reçu aucune vaccination antirabique. La jeune femme avait été hospitalisée pour subir un traitement lourd en réanimation. Elle a survécu avec presque pas de séquelles. La survie de cette miraculée ne peut être imputée au traitement administré, prévient-on, mais plutôt grâce à la conjonction d’une réponse immunitaire particulièrement élevée chez la jeune patiente et d’un virus mal adapté à l’homme.

Les pays qui peuvent se targuer d’avoir les meilleurs systèmes de santé au monde et sont à la pointe des avancées médicales n’ont pas encore trouvé de traitements efficaces contre la rage. Il n’y a, ici, aucune raison de s’en réjouir. Cela permet, cependant, de tirer la première conclusion. La Tunisie n’est pas en retard en matière de réponse médicale, ni non plus en situation d’indigence totale, au point d’être dans l’incapacité d’importer les traitements médicamenteux pour ses citoyens. Nous ne sommes pas dans ce cas de figure totalement désespérant.

En revanche, la situation est très préoccupante. Les Tunisiens ont peur, et il y a de quoi. Or, deuxième conclusion, malgré cette panique générale qui s’est abattue sur la cité, et malgré les questions qui fusent de partout, le site rage.tn est totalement dépassé. Le dernier bulletin date de…2016, alors que l’urgence de la situation requiert la diffusion de conseils pratiques mis à jour régulièrement.

De plus, selon le témoignage d’une jeune femme mordue par un chien, en train de subir maintenant un traitement lourd, les réactions du personnel médical sont inégales. Exemple, faut-il peser le malade avant de lui administrer les doses de vaccins adaptées à son poids ? Chacun apporte sa propre réponse ou plutôt fait à sa guise. Un détail parmi d’autres.

L’Institut Pasteur, organisme de référence en la matière, est, il est vrai, sous tension et pris d’assaut dès les premières heures du jour. Toutefois, l’accueil des patients devrait être mieux organisé, conformément à la bonne réputation de cette institution, fierté nationale. Pareil pour les hôpitaux publics, du moins ceux de la capitale, habilités à administrer les vaccins. La rage est devenue un problème de santé publique et requiert la mise en place de mécanismes efficaces qui transcendent les réalités difficiles de notre système de santé national. 

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