Le Sommet de la Coopération Chine-Afrique (Focac), dont les assises démarrent aujourd’hui et se poursuivront jusqu’au au 6 septembre 2024 à Pékin, sera l’opportunité pour l’Afrique pour nouer de nouvelles relations sino-africaines. L’on s’attend au cours du sommet que la Chine met en avant ses différentes initiatives : Global Security Initiative, Global Development Initiative et Global Civilisation Initiative, qui sont aujourd’hui les principaux piliers de sa stratégie du remodelage du système international. Le thème du sommet sera « Travailler ensemble pour faire progresser la modernisation et construire une communauté de destin sino-africaine de haut niveau ».
Alors que la Chine comptera sur le soutien africain dans sa croisade pour une réforme du système international, il devra garantir la place qu’occupera l’Afrique dans ce nouveau système. Que gagnera l’Afrique? Quelles sont les actions et mesures concrètes qu’elle proposera pour pousser l’agenda africain au niveau international?
Le Focac pourra bien être l’opportunité pour l’Afrique de négocier avec la Chine. Les changements que connaît la Chine sont une opportunité pour l’Afrique de poser les fondements de nouvelles relations sino-africaines. Les dirigeants chinois et africains qui seront présents discuteront ensemble des projets de coopération sino-africaine et élaboreront ensemble un projet pour le développement sino-africain.
La Chine est le plus grand pays en développement et l’Afrique est le continent qui compte la plus grande concentration de pays en développement. La Chine et l’Afrique saisiront l’occasion du prochain Fcsa pour continuer à perpétuer l’esprit de coopération sino-africaine et à avancer ensemble sur la voie d’une coopération gagnant-gagnant et d’un développement commun.
Accompagner l’Afrique sur la voie de la modernisation
La Chine a toujours apporté un soutien aux pays africains et est disposée à accompagner l’Afrique sur la voie de la modernisation. Lors du dialogue des dirigeants sino-africains tenu en août de l’année dernière, la Chine a annoncé le lancement de « l’Initiative pour soutenir l’industrialisation de l’Afrique » et la mise en œuvre du «Plan chinois d’assistance à la modernisation de l’agriculture africaine » et du « Plan de coopération sino-africaine pour la culture des talents». Ces trois mesures majeures couvrent les domaines dont l’Afrique a besoin pour sa modernisation et démontrent la sincérité de la Chine dans son soutien au développement de l’Afrique par des actions concrètes.
Le monde d’aujourd’hui connaît des changements profonds sans précédent depuis un siècle. Le « Sud global» représenté par la Chine et l’Afrique est en plein essor et a un impact profond sur le cours de l’histoire mondiale. Il est prévu que la Chine et l’Afrique profitent du FCSA 2024 comme une opportunité pour approfondir davantage la solidarité et la coopération, sauvegarder les intérêts communs des pays en développement, prôner conjointement une multipolarité mondiale égale et ordonnée et une mondialisation économique inclusive et construire conjointement une communauté de destin sino-africaine de haut niveau. De son côté, la Tunisie est déterminée à promouvoir la coopération tuniso-chinoise et à profiter davantage des opportunités de coopération offertes, notamment dans le domaine économique. De même, la Chine est disposée à poursuivre l’action commune et à hisser le niveau de coopération avec la Tunisie à des paliers supérieurs.
Nouvelles opportunités pour la Tunisie
La Tunisie ne constitue pas un marché important pour la Chine. Son atout, cependant, est sa position géographique et les liens amicaux que ses dirigeants ont toujours su entretenir avec cette puissance qui monte. Quelles seraient alors les nouvelles opportunités que pourrait offrir le partenariat tuniso–chinois ?
Le retour de la Chine, sur la scène géoéconomique et géopolitique, crée des opportunités et des défis majeurs ainsi qu’un impératif urgent d’ajustement dont la Tunisie doit tenir compte dans sa vision, sa stratégie, son action diplomatique et son développement.
D’amples opportunités existent, de financement, mais aussi d’investissement dans l’infrastructure, la chaîne d’approvisionnement, de production de valeurs ainsi que de solutions, dans le transfert de technologie, dans le partenariat pour le développement, le savoir et l’innovation. A une époque où l’Afrique devient un marché émergent, la Tunisie pourrait valoriser sa position dans le continent et tirer le meilleur parti de l’arbitrage nécessaire entre opportunités à saisir et défis à relever, dans le contexte géopolitique qui se dessine. Différents projets et programmes ont été menés dans le cadre de l’ « Aide publique au développement ». Il ne serait pas question de projets d’aide, mais de projets qui répondent aux priorités et à la hauteur des attentes des deux parties prenantes dans des secteurs, tels que les infrastructures de connectivité, le réseau énergétique et électrique, les projets routiers, ferroviaires et portuaires. Connectivité trans-méditerranéenne, les projets d’intégration de la Tunisie dans la chaîne globale d’approvisionnement et de production de valeurs dans les secteurs de l’énergie, l’eau, la santé, l’industrie pharmaceutique et cosmétique, l’agriculture, l’environnement. Des possibilités d’investissement existent aussi dans le phosphate (Sra Ouartane), la recherche-développement et le tourisme (150 millions de touristes chinois par an dans le monde).
Les échanges commerciaux en hausse de 5,5 %
Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont augmenté de 5,5% en glissement annuel durant les sept premiers mois de 2024 pour s’établir à 166,3 milliards de dollars, selon des données publiées récemment par l’administration générale de la douane chinoise.
Entre le 1er janvier et le 31 juillet, les exportations du géant asiatique vers les pays africains ont atteint 97,6 milliards de dollars, a-t-on précisé de même source. Les importations chinoises en provenance du continent se sont, quant à elles, établies à 68,7 milliards de dollars.
L’administration générale de la douane chinoise a indiqué que les échanges de biens intermédiaires (biens destinés à être transformés par des entreprises par incorporation ou par destruction pour la production d’autres biens) entre Pékin et l’Afrique représentent 68% de la valeur totale du commerce bilatéral.
Les exportations chinoises vers l’Afrique sont essentiellement composées de produits finis (textile-habillement, machines, électronique, etc.), tandis que les importations africaines vers l’empire du Milieu sont dominées par les matières premières comme le pétrole brut, le cuivre, le cobalt et le minerai de fer, d’où un excédent commercial chronique en faveur de la Chine.
La suppression des droits de douane sur 98 % des produits importés de 21 pays africains, qui a été décidée par Pékin progressivement depuis 2022, n’a pas jusqu’ici permis de rééquilibrer les relations commerciales bilatérales.
N.H.