Café-club féminin à Bizerte : Un concept qui suscite l’intérêt

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Pour monter un projet et faire preuve d’initiative, il est impératif d’avoir le sens de la créativité et de l’originalité. Ce sont deux facteurs essentiels à la réussite dans le monde des affaires. Et ils ne sont point les seuls, un projet doit nécessairement répondre à un besoin sociétal.

Partant de cette logique, Mme Jihene Dhaouadi, jeune femme bizertine, ayant poursuivi ses études supérieures en marketing, a décidé de mettre en place un espace féminin, à cheval entre le salon de thé et le club culturel et artistique. Cette idée lui est venue, suite à l’absence d’espaces similaires dans une région qui demeure dominée par l’esprit conservateur. «Les femmes à Bizerte ne se permettent pas, toutes, de fréquenter les espaces de loisirs et de restauration mixtes. A défaut d’espaces purement féminins, elles n’ont d’autres alternatives que de se rencontrer chez elles. Pour les plus libres, les espaces mixtes ne les mettent pas tout à fait à l’aise. Du coup, créer un espace de restauration-café et de divertissement purement féminin devenait un besoin pour la communauté féminine bizertine», explique-t-elle.

Ce café-club atypique avait ouvert ses portes en 2020 pour se trouver, ipso facto, fermé à cause de la pandémie du Covid-19. Puis, petit à petit, la crise s’était émoussée et la vie commerciale et sociale a repris son cours normal. Le projet a été ainsi mis sur les rails, une fois pour toutes. La gent féminine a enfin trouvé l’espace qui lui convient le mieux : un café où seules les femmes accèdent, alors qu’elles ont toujours observé des cafés purement masculins, où les hommes se plaisent tant, entre potes.

Un espace public, convivial et sécurisé

Jihene a pris soin de ficeler le concept, afin qu’il soit original. « Tout respire la touche féminine dans mon café-club. La décoration, les couleurs, le choix des chaises, des bibelots et jusque dans la présentation des commandes, tout doit refléter le goût et l’esprit féminins », renchérit-elle. Ce petit cosmos, qui dénote la rose,  séduit les jeunes et les moins jeunes. La propriétaire se réjouit de voir des petites filles, accompagnées par leurs mamans, prendre place au café-club. « Certaines mamans nous confient leurs filles, le temps de faire des courses par exemple ou afin qu’elles savourent des délices entre amies dans un espace convivial et sécurisé. Nous recevons aussi, poursuit-elle, des adolescentes, des jeunes femmes et même des seniors qui n’ont jamais daigné siroter un breuvage dans un café par souci de bienséance ».

Et d’ajouter que certaines n’ont pas hésité à solliciter la permission de se faire accompagner par leurs maris, tellement elles sont satisfaites du cadre et du service. «Une requête déclinée, évidemment, puisqu’elle ne sied pas au concept », souligne-t-elle, amusée.

Autant de centres d’intérêt divertissants !

Ce petit monde fermé aux hommes, où les rires des femmes ne sont aucunement étouffés, où elles peuvent s’asseoir comme elles veulent et bavarder à leurs aises, offre aussi d’autres services que les délices. Jihene y a introduit des activités culturelles, artistiques et autres, commerciales.

Ainsi, tout un programme est établi, au fur et à mesure, pour le plus grand bonheur des clientes : des défilés de mode, des troupes musicales, des soirées de poésie, de lecture et même des expositions-ventes de produits féminins, concoctés par de petites entrepreneures, ainsi que des lancements de marques féminines de la région. « L’objectif ne se limite pas à la seule consommation. Je tiens à ce que les femmes y trouvent des centres d’intérêt, ainsi que la diversion dont elles ont besoin », précise-t-elle.

Quant aux activités commerciales, planifiées dans le cadre du club, elles convergent toutes vers la solidarité sociale féminine. « Il s’agit d’un coup de pouce salutaire apporté en faveur de petites artisanes ou de petites entrepreneures en herbe. D’ailleurs, continue-t-elle, et bien que nous préparions quasiment tout par nous-mêmes, nous sollicitons certaines artisanes spécialisées dans les pâtisseries traditionnelles pour les aider à gagner leur vie et à développer davantage leur métier. La chaîne socio-économique est faite de plusieurs maillons. Et c’est en se serrant les coudes que nous franchissons les marches de la réussite ». Jihene envisage même d’introduire, l’an prochain, des sessions de formation de petites activités artisanales et artistiques, comme l’art du crochet au profit des clientes intéressées.

Le projet — voire le concept — de Jihene a été béni par la communauté bénéficiaire. Son impact est tel qu’il inspire d’autres jeunes, désireuses de monter des projets similaires dans leurs régions. « J’ai accueilli des clientes provenant de Sidi Bouzid qui ont adoré le concept. Personnellement, j’encourage les jeunes à monter de pareils cafés dans les régions où les femmes sont dans le besoin de tels espaces. Néanmoins, pour ce qui est de mon idée, de mon concept, je m’apprête à déposer un dossier pour décrocher l’accréditation de la propriété intellectuelle. Certes, faire du copier-coller peut toujours servir. Toutefois, le produit original doit être reconnu et respecté à sa juste valeur », conclut-elle.

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