Hommage à Yasser Jeradi : «Le meilleur d’entre nous»

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On s’est rappelé ainsi de lui en musique, en chansons et à travers d’émouvants témoignages et autes anecdotes partagés par des ami.e.s et proches, une manière de se consoler mutuellement, de rendre vive sa mémoire et rappeler aux présents la grandeur de son âme. Car oui, Yasser était grand, d’une générosité et d’une bienveillance sans limites. Sa nièce Feryel Jradi Charfeddine, qui était très proche de lui, a livré un émouvant témoignage en lisant un texte qui parlait énormément à son oncle et qu’il a noté soigneusement, entre autres écrits, dans un calepin.

Ses proches, ses compagnons de route, ses amis et ceux et celles que l’homme et artiste a marqués de son vivant par ses chansons ou par un geste bienveillant, se sont donné rendez-vous le 31 août dernier à la maison de la culture Ibn-Rachiq, pour rendre hommage à celui que l’on nommait le «Prophète de l’amour» : Yasser Jeradi dont le départ brusque, survenu le 12 août dernier, a laissé  un vide et un sentiment de perte immenses. «C’est toute une époque qui s’en va avec son départ, les concerts aux beaux-arts début 2000, la rue et la révolution…», se rappellent des anciens étudiants des Beaux Arts. Il y a eu aussi les années Ftcc, Ftca, le Fifak, la tente estivale de Hammam Ghzez où une jeunesse, politiquement éveillée, s’insurgeait à sa manière contre le régime de Ben Ali en distillant des valeurs de liberté, de dignité, de progressisme et de créativité à travers des modes d’expressions alternatives, entre autres, dans le cinéma et la musique. Et Yasser Jeradi était une des figures les plus importantes de cette génération de jeunes opposants à la dictature, la voix des libres et de ceux qui aspirent à la liberté.

D’un public d’avertis, il s’est retrouvé, après le 14 janvier 2011, sous les feux de la rampe et devient la voix de la révolution, celle des sans voix, des laissés-pour-compte, des marginaux et de la part maudite du pays.  Chanteur, compositeur, parolier, musicien, calligraphe, plasticien… Yasser Jeradi, natif de Gabès,  guitare entre les mains et harmonica entre les lèvres, chantait la patrie et la terre, la Tunisie et la Palestine. Sillonnant le pays pour donner un coup de pouce à de modestes manifestations culturelles dans les coins les plus reculés du pays. Il semait la joie et l’amour où il allait, surtout auprès des enfants et des jeunes de ces régions oubliées et auxquels il accordait une grande importance et un grand intérêt. Avec eux, il chantait l’amour, l’espoir, la liberté et la Tunisie qu’il aimait plus que tout, profondément et sincèrement et dont il ne supportait pas d’être séparé.  « Ils ont vendu le ciel, ils ont vendu la pierre. Ils ont vendu le livre de ton histoire. Ils ont vendu ton nom et ton peuple libre. Il y a celui qui a pris la fuite en fermant tes portes. Il n’a pas supporté le malheur et l’humiliation… Ma mère, Mon malheur, Ma Tunisie», chantait-il dans «Ma Tkhafich» (N’aie pas peur). Revenons à la cérémonie d’hommage qui a été organisée à l’initiative d’un collectif de jeunes activistes de la société civile et culturelle à laquelle Yasser Jeradi a apporté à maintes reprises son soutien à travers des concerts gratuits. Ses mots et sa musique ont retenti et on l’a entendu chanter (Smaaneh yghani) à travers les voix d’artistes qui l’ont côtoyé et qu’il a profondément marqué:  «Aandi ken kalbi yhabbek, w maah chwaya ghnayet» (Je n’ai que mon cœur qui t’aime et avec lui quelques chansons) a, entre autres, chanté, Raoudha Ben Abdallah. Le jeune Ahmed Attafi, caressant délicatement la guitare de Yasser sur laquelle il avait inscrit en arabe «Résistance» en évoquant la Palestine, a interprété «Chbiki Nsitini’ (Pourquoi tu m’as oublié); Badiaa Bouhrizi, loin du pays, a tout de même rendu hommage à son ami en lui dédiant le fameux titre de Hamem al bidh (Les Colombes blanches) «In chikht kal jidhai yawman» (texte de Adam Fathi) et le groupe «Ouyoun el Kalam» a chanté «Dima Dima» et la Palestine. On s’est rappelé ainsi de lui en musique, en chansons et à travers d’émouvants témoignages et autres anecdotes partagés par des ami.e.s et proches, une manière de se consoler mutuellement, de rendre vive sa mémoire et rappeler aux présents la grandeur de son âme. Car oui, Yasser était grand, d’une générosité et d’une bienveillance sans limites. Sa nièce Feryel Jradi Charfeddine, qui était très proche de lui, a livré un émouvant témoignage en lisant un texte qui parlait énormément à son oncle et qu’il a noté soigneusement, entre autres écrits, dans un calepin.  «Le meilleur d’entre nous», cette affirmation revenait en leitmotiv dans presque tous les témoignages, entre autres ceux de Azyz Amami, Omar Benbrahim, Asma Ben Yaâcoub, Ayoub Jaouadi, Dorsaf Bouguerra et Sondes Zarrouki. «Prenez Yassser Jeradi comme exemple. Apprenez de lui l’amour, car rien ne peut fonctionner sans amour. Faites de Yasser votre boussole, votre nord et marchez dans ses pas», a appelé cette dernière en s’adressant particulièrement à la jeune génération.

A jamais dans nos cœurs!

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