LE monde de la culture commence à exprimer ses attentes et l’examen de dossiers longtemps mis de côté. Cela se justifi e surtout après le dernier remaniement ministériel. Force est de croire que la tâche n’est pas de toute aisance et que résoudre tous les problèmes à la fois demeure de l’ordre du miracle avec des lois aussi éculées et surtout avec des réfl exes administratifs durs à la détente, comme dans toutes les administrations d’ailleurs.
Le dossier du statut de l’artiste qui englobe tous les secteurs culturels et qui est appelé à être résolu, puisque des situations sociales parfois diffi ciles en dépendent. Les récents festivals d’été ont suscité la question suivante : la culture ne doit pas se résumer à un ensemble d’événements festifs ou à un simple divertissement et là il convient de trouver un équilibre entre l’accès aux œuvres de qualité et le côté économique qui garantit aux artistes une vie digne. Le dilemme est cornélien certes ! Mais la révision de nos politiques culturelles en ces temps de profondes mutations technologiques et politiques est vitale.
Reste le volet du cinéma jusque-là semblable à une grande plaie toujours ouverte et gangrenée par la guerre des ego. D’abord une précision, si le cinéma tunisien nous représente dans beaucoup de festivals internationaux, ce n’est pas par la force de notre lobbying culturel, mais parce que nous nous associons toujours à des producteurs européens qui eux placent nos fi lms dans les festivals et choisissent de leur donner de la visibilité tout en dictant leurs lois. Nous profi tons de nos relations de «copinage» pour placer tel ou tel fi lm, mais cela ne peut plus durer longtemps. Il est temps de tracer une politique culturelle à l’instar de l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Maroc pour que notre image rayonne à l’extérieur et pour que les tournages étrangers fassent rentrer de l’argent dans nos caisses. Cela dit, il faut, d’abord, commencer par entretenir le parvis de son propre logis en résorbant le problème d’une direction bicéphale qui ralentit l’essor de l’industrie audiovisuelle, à savoir la direction du cinéma et le Cnci et qui gagneraient à être fusionnés. Il s’agit aussi de défi nir une stratégie pour l’essor d’une industrie cinématographique en Tunisie, en commençant par instituer la billetterie unique, qui a résisté à plusieurs ministres et qui pourrait créer une dynamique économique prospère. Au-delà des réformes structurelles (et les propositions existent dans ce sens), il reste un autre défi majeur. Véhiculer l’image de la Tunisie à travers la culture. Il est temps de créer un bureau au ministère des Affaires étrangères pour soutenir nos créations culturelles et les faire circuler à travers les festivals, comme font beaucoup d’ambassades étrangères en Tunisie. Cela, aussi, est une forme de libération nationale.