Météo agricole : Avec les premières pluies, un regain d’espoir

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Des premières pluies qui sont surtout bénéfiques pour les oliviers, pour les figuiers et même pour les grenadiers qui ont trop souffert de la sécheresse cette année.

Après des mois de grande canicule qui d’ailleurs se poursuit, les premières précipitations enregistrées dans diverses régions du pays ont été accueillies avec joie aussi bien par la population que par les agriculteurs, surtout que le thermomètre n’a fait que grimper durant la période estivale. Le mois de mai dernier a été le 3e mois de mai le plus chaud depuis 1950 avec un écart de +1.6° par rapport à la normale calculée sur la période allant de 1991 jusqu’à 2020, alors que la pluviométrie a été déficitaire de 30%, annonce l’Institut national de météorologie (INM). A son tour, le mois de juin de cette année a été le 3e mois de juin le plus chaud depuis 1950, avec un écart de +2°C par rapport à la normale de ce mois, calculée sur la même période.

Des pluies bénéfiques pour les nappes phréatiques

Ces statistiques, qui traduisent une tendance haussière des températures, expliquent en contrepartie la grande exaltation des citoyens, et surtout celle des agriculteurs, face à ces premières pluies  venues raviver les espoirs quant à une future belle saison agricole. Béja, Zaghouan, Siliana, Le Kef, Kasserine et Sidi Bouzid sont les gouvernorats concernés par ces précipitations. Durant les dernières 24 heures du 02-09-2024, on a enregistré à Testour 45 mm, à Teboursouk 40mm, à Foussana 41 mm, à Sidi Bouzid et Regueb 41 mm, à El Fahs 34 mm, à El Krib 37mm et enfin à Sakiet Sidi Youssef 30 mm. De petites quantités de pluie ont été enregistrées à Sfax, Mahdia, Gabès et Kébili (entre 1 et 4 mm). A Kairouan, Sousse et Monastir, la pluie, en revanche, n’a pas été au rendez-vous.  

Selon l’agriculteur Hassen Chtioui, devenu ces dernières années célèbre par son action de revitalisation de plus de 70 variétés de blé et d’orge disparues de notre pays depuis des décennies, les pluies sont toujours bénéfiques dans la mesure où notre pays souffre de sécheresse, comme par ailleurs plusieurs pays dans le monde, sous l’effet du réchauffement climatique. Il précise encore que ces pluies sont bénéfiques pour les nappes phréatiques, mais elles le sont surtout pour les oliviers et même pour les figuiers qui ont trop souffert de la sécheresse. Cet arbre fruitier a besoin de pluie même à cette période, insiste-t-il. Il rappelle, en outre, qu’il faut bien se préparer dans les villes pour mettre en place les dispositifs nécessaires pour récupérer l’eau pluviale qui est d’une importance capitale.

Impact de la sécheresse sur les figues de Djebba

Le témoignage de Hassen Chtioui nous a orientés vers les figues de Djebba dont les prix de vente se sont envolés pour atteindre les 12 dinars, localement, voire le double à Tunis. Contactée par La Presse, la présidente du Groupement de développement agricole de Djebba (Gdad), Ferida Djebbi, nous a confirmé que la récolte de cette année a été en grande partie impactée par la sécheresse. «Il a plu ces derniers jours à Djebba (Béjà), mais ce n’était pas suffisant, il nous faut encore de la pluie et beaucoup d’eau», espère-t-elle.

De ce fait, la sécheresse a considérablement réduit la production et  fait augmenter les prix de vente. Ces années de grande sécheresse ont aussi provoqué certaines maladies et causé des dégâts aux figuiers mâles (non comestibles) qui sont indispensables pour la fécondation des figuiers à fleurs femelles. Mme Djebbi ajoute que les agriculteurs ont dû acheter des fleurs mâles de l’Algérie, à raison de 50 dinars le kilo. Notons qu’un seul figuier a besoin d’au moins 10 kg de ce type de fleurs, fait-elle remarquer.

Djebba est une région connue pour ses activités agricoles avec plus de 25 mille figuiers, 900 agriculteurs travaillant dans la production de figues.  Elle s’ouvre de plus en plus sur l’agrotourisme grâce à la certification de ce fruit en Tunisie, avec une appellation d’origine contrôlée (AOC). Ce fruit fait aujourd’hui partie du patrimoine culturel de Djebba, enchaîne Ferida Djebbi. Cependant, la présidente du Gdad ne cache pas  son inquiétude quant aux pénuries d’eau dans sa région, en raison de la sécheresse et des forages illégaux dans cette zone. En dépit de tout, ces dernières pluies demeurent bénéfiques pour les oliviers et même pour les grenadiers, conclut-elle, avec l’espoir de voir la situation hydrique s’améliorer les prochains mois.

Quelles sont les régions les plus affectées par le manque de pluie ?

L’évolution de la pluviométrie durant les deux dernières années, à l’échelle des quatre régions pluviométriques, témoigne d’une situation de déficit critique. Le Nord-Est, le Centre ainsi que le Sud tunisien ont été les régions les plus affectées par la sécheresse. A moindre degré, la région du Nord-Ouest, plus particulièrement durant l’hiver (2021-2022), a été également affectée par la sécheresse. Comparativement aux autres régions, le Nord-Ouest a été relativement épargné au cours de l’année agricole 2021-2022. En revanche, la situation en 2022-2023 a été difficile dans la mesure où le déficit pluviométrique de l’automne a été important, de l’ordre de 15 %, d’après les statistiques de l’Institut national de météorologie.

Selon l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), le taux de remplissage des barrages du 1-09-2023 au 29-5-2024 est de 32,9%. Il est à souligner que la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) est l’une des régions du monde les plus touchées par le stress hydrique, selon les organismes internationaux.

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