Cette année, la saison agricole en Tunisie est marquée par une hausse de la production céréalière et fruitière, avec des récoltes atteignant des niveaux satisfaisants. En dépit de ces résultats prometteurs, les experts mettent en garde contre une surexploitation des ressources en eau.
Les prévisions pour la production céréalière en Tunisie pour la saison en cours montrent un résultat exceptionnel, atteignant 11,5 millions de quintaux. Cette performance représente le double de la production de la saison précédente, qui n’avait pas dépassé 5,4 millions de quintaux. Cette hausse significative marque une étape importante pour le secteur agricole tunisien, qui semble avoir bénéficié de conditions climatiques favorables et d’améliorations dans les pratiques agricoles.
D’après les derniers chiffres communiqués par Anis Ben Rayana, spécialiste en affaires agricoles, 6,73 millions de quintaux de céréales ont déjà été collectés. Ce chiffre est en nette augmentation par rapport aux 3,05 millions de quintaux récoltés au cours de la saison 2022-2023. Cette croissance est le reflet d’une campagne céréalière réussie, avec des superficies récoltées atteignant 710.000 hectares, soit 75 % des surfaces cultivées.
Des récoltes fruitières en croissance
La production de dattes a également connu une hausse remarquable, atteignant 390.000 tonnes pour la saison 2023-2024, soit une augmentation de 14,4 % par rapport à la saison précédente. Sur une période de dix mois, la Tunisie a exporté 135,2 mille tonnes de dattes, marquant une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente, générant des recettes estimées à 839,1 millions de dinars. Cette performance souligne la compétitivité des dattes tunisiennes sur les marchés internationaux et leur rôle crucial dans l’économie agricole nationale.
Les agrumes, quant à eux, ont enregistré une augmentation de 26 % de leur production par rapport à l’année précédente, atteignant 365.000 tonnes. En seulement sept mois, les exportations se chiffrent à 8,1 mille tonnes, produisant des recettes de 16,8 millions de dinars.
Par ailleurs, la production d’huile d’olive s’est également distinguée avec 220.000 tonnes pour la saison. Par ailleurs, de novembre 2023 à juillet 2024, pas moins de 174.000 tonnes d’huile d’olive ont été exportées, générant des revenus de 4,62 milliards de dinars. Ce résultat démontre l’importance continue des oliviers dans l’agriculture tunisienne et leur impact significatif sur les recettes d’exportation.
Vers une gestion durable des ressources en eau
Malgré ces bons résultats, Anis Ben Rayana met en garde contre une réalité préoccupante : l’exportation des ressources en eau. En effet, les ressources en eau provenant des barrages demeurent insuffisantes face au stress hydrique que subit le pays depuis des années, alors que l’agriculture continue d’être un secteur fortement consommateur d’eau, ce qui implique une utilisation accrue de ces ressources, notamment des eaux souterraines. Cette situation soulève des questions cruciales concernant la gestion durable de l’eau, une ressource vitale pour l’agriculture.
Face à cette situation, il est impératif que les autorités tunisiennes prennent des mesures rigoureuses pour éviter une surexploitation des ressources en eau. La mise en place de stratégies efficaces de gestion de l’eau, la promotion de pratiques agricoles durables et l’investissement dans des technologies d’irrigation plus économes sont essentielles pour garantir la pérennité des succès agricoles tout en préservant les ressources naturelles du pays.
A cet égard, bien que la Tunisie connaisse une saison de récoltes fructueuses, la nécessité d’une gestion équilibrée et durable des ressources en eau est plus pressante que jamais. Les gains agricoles doivent être accompagnés de mesures visant à protéger les ressources en eau pour assurer la durabilité de la production agricole future et le bien-être économique du pays, a estimé Ben Rayana.
