Campagne électorale pour l’élection présidentielle: Début tiède, en attendant le crescendo

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Ouverte le 14 septembre, la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 6 octobre prochain paraît jusqu’ici, et à juste titre, tiède. Les plus avisés escomptent toutefois un tempo plutôt crescendo pour les deux semaines à venir. Théoriquement, la campagne électorale intéresse plus de neuf millions d’électeurs, toutes couches sociales et profils socioprofessionnels confondus. Seulement, il faut compter avec les contraintes du temps et de ses priorités et urgences. En fait, le lendemain même de son ouverture intervenait l’incontournable fête du Mouled. Une fête religieuse que les Tunisiens célèbrent en famille et ce depuis des siècles. Des centaines de milliers de Tunisiens s’étaient déplacés pour l’occasion à la ville de Kairouan.

Ouverte le 14 septembre, la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 6 octobre prochain paraît jusqu’ici, et à juste titre, tiède. Les plus avisés escomptent toutefois un tempo plutôt crescendo pour les deux semaines à venir. Théoriquement, la campagne électorale intéresse plus de neuf millions d’électeurs, toutes couches sociales et profils socioprofessionnels confondus. Seulement, il faut compter avec les contraintes du temps et de ses priorités et urgences. En fait, le lendemain même de son ouverture intervenait l’incontournable fête du Mouled. Une fête religieuse que les Tunisiens célèbrent en famille et ce depuis des siècles. Des centaines de milliers de Tunisiens s’étaient déplacés pour l’occasion à la ville de Kairouan.

Le lendemain, place à la rentrée scolaire, elle aussi chargée d’engagements familiaux, de petits et de grands soucis notamment pécuniaires qui séquestrent littéralement les familles. Quand on sait que près de deux millions quatre cent mille enfants ont repris le chemin des écoles et lycées, en plus des centaines de milliers d’enseignants et de personnel éducatif à divers degrés, on mesure l’ampleur du phénomène qui s’étend sur plusieurs jours. Pas moins de quatre millions de familles tunisiennes y sont impliquées.

D’autres considérations président à ce début plutôt lent que véloce. En premier lieu, le plafond fixé pour les frais de campagne pour le premier tour de la présidentielle. Un décret de la présidence de la République publié dans le Journal officiel du 4 septembre 2024 indique que le financement de la campagne de l’élection présidentielle, pour l’année 2024, se fait par l’autofinancement et le financement privé uniquement, et ce, conformément aux dispositions de l’article 75 de la loi organique du 26 mai 2014. Par ailleurs, le plafond des dépenses de la campagne électorale présidentielle pour le premier tour et au profit de chaque candidat a été fixé à 150 mille dinars. A en croire certains observateurs, cette somme est insuffisante. Cela se traduirait par des gestions financières au compte-gouttes et laborieusement, voire pointilleusement réparties tout au long des trois semaines de campagne. Un plafond contraignant en quelque sorte qui équivaut à des exercices contorsionnistes en guise d’économies de bout de chandelle. Plus d’un partisan de tel ou tel candidat en a fait état. L’opposition s’est d’ailleurs longuement étalée sur cette problématique.

Le financement au cœur du débat

L’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) ne l’entend pas de cette oreille. Mieux, elle avance un autre son de cloche. M. Tlili Mansri, porte-parole de l’Isie, s’est expliqué là-dessus. Selon lui, le montant a été fixé après consultation et comparaison des rapports de la Cour des comptes relatifs aux précédentes échéances électorales. Or, assène-t-il, « il s’est avéré que seuls deux candidats avaient déployé auparavant des montants très importants tandis que tous les autres avaient dépensé en moyenne 126 mille dinars». Le montant a été donc fixé pour cette élection à 150 mille dinars. Tout en reconnaissant  que les prix ont augmenté depuis 2019, M. Mansri concède que ce n’est guère l’Isie qui a fixé le plafond des dépenses.

Autre considération et non des moindres. Il semble bien qu’il y ait moins d’argent sale, suspect ou louche sur la place politique depuis peu. Témoins, des affaires qui ont défrayé la chronique au cours des derniers mois et même des dernières années. La campagne pour l’élection présidentielle intervient d’ailleurs sur fond de poursuites pénales touchant plusieurs personnes suspectes de malversations et de corruption d’électeurs présumés. Il n’est guère loin le temps où les allégeances étaient fondées sur les marchandages au plus offrant et où quelques caïds de la pègre et des mafias s’étaient improvisés en mauvais bergers de la politique politicienne, des manœuvriers pseudo-politiciens en somme au vu et au su de tous.

Retour aux sources ?

Considérée sous un autre angle, la campagne électorale pour l’élection présidentielle semble avoir par ailleurs ravivé de vieilles méthodes et rouvert des sentiers battus qui demeurent somme toute toujours de mise. Il faut savoir en premier lieu que les réseaux sociaux sont truffés de fake news et de faux profils, qui se jouant des esprits, qui administrant les calomnies, la peur ou la sinistrose à tout bout de champ. Mais, au bout du compte, les Tunisiens ne semblent pas pour autant dupes. Ainsi a-t-on pu observer ces derniers jours des dizaines de pages anonymes et sponsorisées (domiciliées à l’étranger) obligées de fermer boutique après avoir été assiégées de commentaires de citoyens lambda dénonçant la ligne éditoriale mensongère et fallacieuse de ces mêmes pages sponsorisées à coups de centaines de milliers de dollars ou d’euros. Contre-productives, ces pages sponsorisées ont desservi en premier les parties présumées ou à peine voilées derrière ces manœuvres dolosives.

Du coup, le terrain, le porte-à-porte et la poignée de main ont repris le dessus, du moins pour les trois candidats en lice ou leurs partisans qui battent la campagne.

Le classique est une éternelle mode n’est-ce pas ? Nous y reviendrons.

S.B.F.

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