Site archéologique de Bulla Regia: Le savoir-faire des bâtisseurs romains

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Situé au nord de Jendouba, le site archéologique de Bulla Régia dévoile un paysage exceptionnel qui porte l’empreinte vivace de la riche histoire romaine de cette région.


Les Romains on fait preuve d’une clairvoyance et d’une intelligence hors norme dans plusieurs domaines qu’ils ont mis au service de leur confort et surtout de leur besoin de s’adapter le mieux que possible à l’environnement dans lequel ils vivent.  Le degré élevé de maîtrise des pratiques et des techniques dans les domaines du génie civil, de l’ingénierie hydraulique, de l’architecture urbaine et domestique comme le montrent la complexité du système de collecte, de transfert et d’évacuation des eaux pluviales, la beauté de l’architecture romaine, la richesse et la finesse des tableaux de mosaïque qui revêtent les sols et les murs des demeures romaines sont clairement visibles dans plusieurs sites archéologiques.

Bulla Régia figure parmi les villes qui portent le plus l’empreinte de la civilisation romaine. C’est la position privilégiée de cette région qui va attirer la convoitise des Romains. En effet, Bulla Regia est non seulement accessible par la mer à travers les montagnes de Khroumirie mais se  trouve, par ailleurs, à mi-chemin entre Hippone (nom ancien de la ville algérienne Annaba), une des plus importantes cités romaines situées au nord-est de l’Algérie et Carthage.

Avant sa romanisation, son climat et son sol riche et fertile ont séduit les rois numides qui vont l’aménager et contribuer à son développement urbain, social et économique et en faire l’une de leur principales résidences royales. Colonisée sous le règne d’Hadrien à partir du deuxième siècle ap. J.-C., plus de trois siècles après la défaite du roi numide Massinissa et de son fils Hiarbas, tué par Pompée, la province de Bulla Regia, qui a joui de plusieurs statuts municipaux dont celui de municipe avant de devenir une colonie romaine, devient une ville romaine calquée sur le modèle des cités de l’empire romain. Les Romains vont déployer des trésors de talent et dévoiler un savoir-faire inégalé non seulement en matière d’ingénierie civile et urbaine mais également dans le domaine de l’architecture domestique

Maîtrise des techniques

architecturales

Les thermes memmiens, qui sont des édifices balnéaires, sont un modèle de sophistication extrême en terme d’ingénierie, d’architecture et de décor. Ils témoignent de la parfaite maîtrise des Grecs et des Romains du système de collecte, de transfert et d’évacuation des eaux pluviales. L’eau, qui provient d’une citerne, passe par des canalisations verticales maçonnées et alimente les bassins dans lesquels se baignaient les Grecs, les Numides et les Romains. Le trop plein est déversé dans une fontaine et évacué dans les égouts. Les parois sont chauffées grâce à des foyers alimentés par des branches d’arbre. Ces thermes, dont les vestiges sont apparents dans la ville de Bulla Regia, sont magnifiés par les mosaïques et le marbre qui recouvrent une grande partie du sol de ces édifices. (on parle de 2.000 m2 de mosaïques).

Riches pavements de mosaïque

Par ailleurs, outre les édifices balnéaires, les édifices de loisirs —les différentes fouilles effectuées ont mis au jour un amphithéâtre et un théâtre romain construit sous le règne de Marc Aurèle— et les édifices religieux (basiliques), Bulla Regia s’est fait connaître notamment pour ses somptueuses demeures à l’architecture très particulière et unique pour cette époque.  En effet, ces demeures, dont les plus connues sont «la maison de la chasse», «la maison de la pêche» et «la maison d’Amphitrite» —les noms de ces demeures ont été choisies sur la base du thème principal des pavements de mosaïques réalisés pour décorer ces maisons»— sont composées d’un étage construit à même le sol et qui est une réplique mais, dans de moindres proportions, des pièces qui se trouvent en surface.

C’est pour se protéger de la forte chaleur qui sévit en été dans cette région que les Romains ont eu la judicieuse idée d’aménager des pièces en sous-sol afin de profiter de la fraîcheur et de la pénombre au cours des longs après-midi d’été. Des conduites vides, remplies d’air, ont été creusées à l’intérieur des murs afin d’assurer une isolation efficace. A l’étage du dessus où se trouvent les cuisines et qui est généralement occupé pendant l’hiver, les pièces s’articulent autour d’une cour centrale entourée de colonnades qui ressemble à celle des maisons de la médina arabe.

Aujourd’hui ce site exceptionnel, envahi par endroits par les herbes sauvages et menacé par les constructions anarchiques et les actes de vandalisme, gagnerait à être mieux entretenu et mieux valorisé car il garde les empreintes de la riche histoire romaine de notre pays.


(Source ; La Tunisie aujourd’hui)

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