Résidence de France en Tunisie «Dar Al Kamila» : Un lieu riche en histoire

1,794

 

Nichée au sein d’un immense écrin de verdure constitué de jardins qui s’étendent sur une superficie de trois hectares, «Dar Al Kamila», située à La Marsa, renferme entre ses murs la riche histoire qui s’est tissée autour des liens séculaires entre la France et la Tunisie. Elle va faire l’objet de travaux de restauration qui devront durer quatre ans.

C’est un notable proche du bey, Mohamed El Mestiri, qui va construire, en 1800, le borj El Monastiri, une magnifique maison de plaisance située à La Marsa non loin de la zaouia Sidi Salah, dont la conception ressemble à celle d’un borj qui est une traditionnelle maison de campagne. Cette somptueuse demeure, qui passera de main en main et qui aura plusieurs propriétaires dont les beys Mahmoud et Hussein II, deviendra à partir de 1857  la résidence officielle du consul général Léon Roches séduit par cette maison de plaisance qu’il baptisera «El Kamila» (La Parfaite) et qui finira par devenir sous le Protectorat français la résidence officielle de France. Cette demeure représente un modèle de la richesse du style architectural de l’époque.

Style architectural hybride

Chapiteaux romains et hafsides à l’extérieur, murs revêtus pour la majorité de carreaux de céramique napolitaine dans les appartements et le patio, sol recouvert de marbre, frises en stuc réalisées avec du plâtre sculpté d’influence hispano-mauresque… Le style architectural de la résidence est un style hybride qui allie plusieurs types d’influence avec une dominance andalouse et italianisante. A l’extérieur, la céramique tunisienne fabriquée par le célèbre artisan Chemla, mise à l’honneur, décore le grand portail de l’allée qui mène à la grande cour entourée de magnifiques jardins et  d’allées bordées de grenadiers, d’orangers, de citronniers, d’oliviers, de figuiers, cyprès… et de jardins d’ornement. La maison est édifiée suivant le même principe que celui des maisons de campagne qui sont des borjs. Le soubassement voûté, situé au rez-de-chaussée, accueille les parties communes. Celles-ci, qui étaient principalement des makhzen où sont entreposées les provisions, abritaient, par ailleurs, les dépendances, la cuisine ainsi qu’un foyer servant à chauffer l’eau du hammam situé au premier étage.

Surnommé l’étage noble, le premier étage surélevé est réservé aux appartements privés des hôtes ainsi qu’au bureau et à la salle d’apparat dans lequel sont accueillis les invités d’honneur des consuls et résidents qui ont occupé cette résidence. L’organisation spatiale des pièces à l’étage est conforme à la typologie de l’habitat traditionnel tunisois de la Médina. Après avoir pénétré dans le hall d’entrée, dont les murs sont lambrissés de carreaux de faïence italienne, on emprunte un escalier qui débouche sur le patio central, dont les murs  latéraux recouverts de plantes grimpantes sont revêtus également de carreaux de céramique italienne. Cette cour, au milieu de laquelle, trône une magnifique vasque en marbre à l’italienne donne accès à une chambre à alcôves en forme de T. On traverse à nouveau le patio pour gravir des escaliers en marbre et franchir un hall qui donne accès à un autre appartement, un salon d’apparat et une salle à manger avec une grande baie vitrée, donnant sur la cour extérieure et dotée d’un moucharabieh filant qui permettait aux occupants de voir, à travers, ce qui se passe à l’extérieur, sans être vus. Cette surélévation de l’étage qui regroupe les appartements du consul offrait plusieurs avantages : une meilleure sécurité contre les vols, une bonne aération permettant de profiter de la fraîcheur des soirées estivales et surtout une vue imprenable sur tout le domaine. La décoration intérieure de ces grandes pièces mêle les styles italianisant et andalou.

Nouvelle campagne de restauration

A partir de la période du Protectorat français, la demeure va subir plusieurs transformations, dont une extension du côté nord-est de la résidence consistant en l’aménagement d’autres pavillons.

Elle fera, par ailleurs, l’objet de travaux successifs d’embellissement ordonnés par les résidents représentant l’Etat français qui ont occupé cette somptueuse demeure et qui ont constamment veillé à en rehausser la beauté et la splendeur.

La résidence «Dar Al  Kamila», qui a ouvert récemment ses portes au public, offrant plusieurs visites guidées, organisées dans le cadre de la célébration des 41es journées européennes du patrimoine, va faire l’objet de grands travaux de restauration qui devront durer quatre ans.

Laisser un commentaire