Ah, on a enfin compris que plus de deux millions et demi d’individus, dont le pédigree complet et l’adresse sont connus, qu’il est possible de convoquer à n’importe quel moment, que l’on peut prospecter, orienter et diriger vers les centres de formation, vers les clubs, les activités culturelles et artistiques, etc., sont dignes d’intérêt.
Ce n’est, en fin de compte, pas une découverte, mais pour des considérations qu’il est inutile d’énumérer, ce «sport scolaire et universitaire», qui a toujours été un vivier de valeurs pour le sport national, a été décapité par un… ministère de la Jeunesse et des Sports qui avait décidé un jour d’interdire aux enseignants d’éducation physique et sportive d’entraîner les clubs civils.
Cet illuminé a oublié que ces enseignants étaient le cordon ombilical qui reliait le sport civil aux sports scolaires. Dans ces mêmes colonnes, nous avons constamment rappelé que c’était une faute impardonnable.
La Tunisie, qui a été à la base du lancement des «Jeux scolaires et universitaires maghrébins», se retrouvait le bec dans l’eau par la faute de cette erreur de jugement.
Ces jeux disparus (il faudrait essayer de les relancer), le sport national est tombé entre les mains de clubs désargentés, obnubilés par les résultats, plus disposés à piquer un jeune chez le voisin que de former.
La réunion tenue par le ministre de la Jeunesse et des Sports à propos de ce sport scolaire et universitaire annonce-t-elle le début de la sagesse ?
Le ministre a-t-il lu le rapport préparé par la Fédération des sports scolaires et universitaires et dans lequel il apparaît que les séances d’éducation physique et sportive dans les lycées et collèges sont presque remises en question ?
Toutes les dispositions annoncées, à notre sens, ne vaudront que par les dispositions que prendront conjointement les ministres concernés pour remettre les pendules à l’heure. De ce point de vue, le chef du gouvernement a bien précisé que le travail ne peut être que collégial.
De toutes les manières, nous savons que l’on a entamé l’essai d’appliquer l’école à mi-temps. À notre sens, il suffirait de voir, d’étudier et de tirer les conclusions après avoir constaté sur le terrain les résultats enregistrés par ceux qui ont appliqué cette vision.
Cela suppose que nous aurons, en cas de généralisation, des millions de filles et de garçons à prendre en main. Nous devons être prêts à les accueillir.
Il nous faudra des installations et des enseignants. Pour les enseignants, nous en avons. Ils sont de qualité et des milliers sont dans l’attente d’un poste.
Autant dire que c’est une occasion de résorber le chômage dans ce secteur. L’Etat a investi dans la formation de ces jeunes et il est temps qu’il en tire profit.
Nous aurons moins d’inquiétude, sachant que nos enfants sont encadrés et non proie de cette rue qui les menace de ce désœuvrement qui les pousse vers l’inconnu.
Pour les terrains et les installations, il faudrait que chaque gouverneur en offre pour mettre en place le plus proche possible des établissements scolaires ou des facultés, de petits complexes légers et peu coûteux. C’est ce que font des pays huppés qui ont des moyens, mais qui ont préféré des installations légères que l’on peut monter en quelques mois. C’est pourquoi nous pensons qu’il ne suffit pas d’énumérer des intentions mais d’agir. Nous prendrons de ce fait rendez-vous pour faire le point.