Sous le thème audacieux «Les femmes qui occupent les marges», le festival mettra en lumière les réalisatrices, productrices, actrices et techniciennes qui façonnent l’industrie cinématographique arabe, souvent loin des projecteurs.
Du 12 au 16 octobre 2024, la ville de Nabeul accueillera la cinquième édition du Festival international du film des femmes «À travers leurs yeux», un événement incontournable qui célèbre la créativité et l’engagement des femmes dans l’univers du cinéma. Cette année, sous le thème audacieux «Les femmes qui occupent les marges», le festival mettra en lumière les réalisatrices, productrices, actrices et techniciennes qui façonnent l’industrie cinématographique arabe, souvent loin des projecteurs.
Le Festival international du film des femmes est devenu une plateforme essentielle pour explorer les voix féminines dans le cinéma arabe avec une ouverture sur le monde. Cette cinquième édition s’annonce riche en découvertes, débats et célébrations, avec un programme varié qui inclut des projections de films, des masterclasses, des ateliers de formation et des discussions sur les enjeux actuels de l’industrie cinématographique.
L’un des moments forts du festival est la compétition officielle de courts-métrages, où 16 films réalisés par des femmes de Tunisie, Algérie, Liban, Oman, Égypte et Maroc seront projetés. Ces films abordent des thématiques variées, allant de la condition féminine dans le monde arabe à des récits plus universels sur l’identité et la résistance. La compétition sera jugée par un jury prestigieux composé de personnalités du cinéma tunisien et arabe, dont la réalisatrice et productrice Nada Mazni Hfaiez, l’actrice Wajiha Jendoubi et le réalisateur Mohamed Abdelkhalek, directeur du Festival du film féminin d’Aswan, l’actrice tunisienne Ichrak Matar et le cinéaste tunisien Mosleh Kraiem.
Les projections seront un reflet de la diversité des voix féminines qui, malgré les obstacles souvent rencontrés, continuent de se faire entendre sur les écrans, mettant en avant des récits intimes mais aussi des enjeux sociétaux forts.
Cette année, le festival réserve une place de choix au cinéma palestinien à travers la section spéciale «La Palestine à travers leurs yeux», mettant en avant des films réalisés par des femmes cinéastes palestiniennes. Un des films phares sera “Enfants sans enfance” de Khadija Habashneh, militante et réalisatrice. Ce film explore la réalité des enfants palestiniens vivant sous occupation, une question tragique et poignante qui trouve un écho fort dans la situation actuelle. Khadija Habashneh, figure emblématique du cinéma palestinien, animera également une masterclass sur l’archivage du cinéma palestinien, une occasion unique pour les festivaliers d’approfondir leur compréhension du rôle crucial du cinéma dans la préservation de l’histoire palestinienne.
Le festival ne se contente pas d’être un espace de projection, il se veut aussi un lieu de réflexion. La section «Pensée et dialogues » proposera deux tables rondes majeures. La première, intitulée «Intelligence artificielle et créativité cinématographique : attentes, motivations et peurs», abordera les enjeux de l’IA dans le processus créatif du cinéma. Des experts en effets visuels, en design et en économie numérique, tels que Salwa Abdelkhalek et Salim Arnaout, discuteront de l’impact de la technologie sur la narration cinématographique.
La deuxième table ronde, «Festivals de films féminins et ateliers de formation : leviers pour promouvoir la créativité des cinéastes féminines», s’intéressera aux stratégies pour soutenir la création cinématographique féminine à l’échelle internationale. Le panel sera composé de figures de proue du cinéma, dont Samia Amami et Zeinab Hawal, qui échangeront sur les moyens d’accompagner les réalisatrices dans le développement de leurs projets.
Dans la lignée de sa mission éducative, le festival organise des ateliers de formation pour soutenir les jeunes talents. Le programme «Résidence de développement de Scénarios», dirigé par Samia Amami, permettra aux réalisatrices en herbe de travailler sur le développement de leurs scénarios, avec un accompagnement sur mesure en vue de leur production future. Un autre atelier, «Minute de lumière», offrira une formation à la production de courts-métrages réalisés sur mobile, permettant à des jeunes cinéastes de la région de développer leurs compétences et de se faire connaître.
Une autre nouveauté de cette édition est le lancement du podcast «Elles sont cinéma», qui donnera une voix à toutes celles et ceux qui contribuent au succès du festival. À travers des interviews et des récits, le podcast mettra en lumière les parcours inspirants de réalisatrices, productrices et scénaristes invitées à partager leurs expériences et leurs défis dans un milieu encore largement dominé par les hommes.
Le festival inaugure également une nouvelle section intitulée «Regards croisés», consacrée au cinéma espagnol, avec une sélection de films réalisés par des cinéastes espagnoles. Cette section vise à favoriser les échanges entre les cinéastes arabes et espagnoles, et à nourrir une réflexion sur les similarités et les divergences dans les façons de raconter les histoires de femmes dans ces deux cultures.
Le festival se clôturera par le lancement du livre «Cinéastes tunisiennes» de Henda Hawala, un hommage aux réalisatrices tunisiennes qui ont marqué l’histoire du cinéma du pays. Ce livre, illustré et documenté, offre une rétrospective sur l’évolution de la place des femmes dans l’industrie cinématographique tunisienne.
À travers cette édition 2024, le festival réaffirme son engagement à soutenir la créativité des femmes dans le cinéma et à promouvoir une vision plus inclusive de l’industrie cinématographique. C’est un espace où le cinéma féminin se réinvente et occupe enfin sa place au centre de l’attention, loin des marges. Cette initiative se révèle être non seulement un lieu de découverte et de partage, mais aussi un vecteur de changement pour une représentation plus juste et plus équitable des femmes dans l’art cinématographique.