Bâti urbain ancien datant de l’époque coloniale : Le Palazzo Disegni retrouve sa splendeur d’antan

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L’initiative est louable. La Biat vient de restaurer le magnifique Palazzo Disegni, un joyau architectural datant de l’époque coloniale.

Un splendide édifice dresse sa silhouette altière sur l’ancienne rue de Yougoslavie. Il s’agit du magnifique Palazzo Disegni, dont le style architectural ancien tranche dans le paysage urbain moderne. L’architecture de ce monument, qui vient d’être restauré par la Biat (mécénat), reflète l’influence prépondérante et le rôle crucial joués par les bâtisseurs, les maîtres d’œuvre, les architectes ainsi que les ouvriers européens, notamment français et italiens, dans le choix des typologies, des courants et des styles architecturaux qui avaient façonné le tissu urbain au début du siècle dernier. En effet, non seulement la communauté italienne était l’une des plus importantes en Tunisie, mais les Italiens représentaient, par ailleurs, la principale main-d’œuvre étrangère sur le marché, notamment dans l’industrie du bâtiment. A partir du milieu du XIXe siècle et au début du XXe siècle, outre les Français, Calabrais, Siciliens, Sardes… vont venir, en effet, grossir les communautés étrangères hétéroclites déjà présentes en Tunisie et apporter leurs compétences dans plusieurs domaines ; charpenterie, menuiserie,maçonnerie, ferronnerie…

Un joyau architectural

Le palais Disegni porte, dans ses moindres détails extérieurs et intérieurs, la facture et le cachet du style architectural européen empreint de magnificence et d’un extrême raffinement. La construction de l’édifice débute en 1908. L’architecte chargé de la réalisation de ce joyau architectural est August Peters. Ce dernier —qui est également le maître d’œuvre de l’ex-tribunal administratif sis rue de Rome, de l’immeuble Bismuth qui se trouve à la rue de la Liberté et de l’ancienne école primaire sis à la Rue des Potiers (Kallaline)— voit les choses en grand. Car le commanditaire n’est autre qu’Adolphe Disegni, un riche promoteur immobilier de l’époque qui est à la tête d’une grosse fortune et qui est propriétaire de plusieurs terrains dans la banlieue nord de la Ville de Tunis.

Décor moderne et original

La splendeur et la grandeur de cet édifice transparaissent dans les moindres détails. Arcs et arcades en encorbellement à l’intérieur et à l’extérieur, façades et balcons richement décorés de moulures à la vénitienne, rampe décorée de magnifiques motifs… Mais c’est surtout le revêtement mural qui est très original et très moderne pour l’époque. L’architecte décorateur a eu, en effet, l’idée de reproduire à l’identique le même décor mural que celui de la nouvelle gare de métro qui a été inaugurée en 1900 à Paris en alignant le long du mur de l’escalier des carreaux de faïence biseautée vert et blanc qui forment des motifs géométriques.

Le caractère historique et exceptionnel de la façade lui a valu d’être classée en l’an 2000 parmi les monuments du patrimoine qui sont protégés par la loi et le code du patrimoine. Aujourd’hui, l’Institut national du patrimoine et l’Association de sauvegarde de la Médina ne sont pas les seuls garde-fous des biens matériels et immatériels. Prenant conscience de l’importance de la sauvegarde de ces derniers, des institutions bancaires privées font appel aujourd’hui à des mécènes afin de les engager dans une initiative louable qui consiste en l’occurrence à mobiliser des fonds afin, entre autres, de préserver et restaurer le bâti urbain ancien et éviter ainsi qu’il ne tombe dans l’oubli et ne parte en poussière.

(Source : Architectures 1860-1960 Tunis Elyzad)

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