Les pratiques soufies et les rituels d’ordre mystique sont profondément ancrés dans les traditions et les coutumes des Tunisiens.
Depuis des siècles, bien qu’elle ait été vivement critiquée par des cheikhs sunnites pour qui la religion de l’Islam interdit l’intercession de toute personne intermédiaire entre Dieu et ses serviteurs, la vénération des Saints, intimement liée à la croyance que ces derniers, dont le caractère et le comportement exemplaire se rapprochent de ceux du Prophète et de ses compagnons, génère une ferveur mystique qui s’est traduite par la mise en place de rituels, tels que l’offrande de bougies, de nourriture (wa’da), sacrifice de bêtes… Jouissant de la réputation d’ascètes et de bienfaiteurs qui bénéficient de la bénédiction divine, on leur attribue, en effet, non seulement la capacité de réaliser les vœux du commun des mortels, mais également celle d’obtenir des guérisons miraculeuses.
Sidi Mohamed El Halfaoui, adepte de la confrérie mystique Châdhouliya, fait partie de ces marabouts, qui selon une croyance très ancienne, ancrée dans la mémoire collective, aurait cette faculté, lui et ses descendants, de trouver un remède aux séquelles provoquées par un fort choc émotionnel, notamment la peur(jaunisse….). D’ailleurs, on conseillait à toute personne prise d’une crise de panique ou qui avait ressenti une très forte peur suite à un événement traumatique de se rendre chez Sidi El Halfaoui «imchi ikwi and sidi el Halfaoui». Selon la croyance populaire, se rendre à la zawiya chaque samedi pendant sept semaines permettrait de «guérir» naturellement de certaines maladies, dont celle de la jaunisse. La ferveur ressentie pour ce marabout n’a pas faibli au cours des siècles et femmes et hommes continuent à visiter le mausolée de Sidi El Halfaoui qui se trouve dans une impasse de la rue de la Verdure située à Bab El Khadra.