La Ccitf a réuni des acteurs académiques et économiques pour réfléchir aux moyens de renforcer le partenariat entre entreprises et universités. Objectif : préparer la Tunisie aux défis de demain en misant sur la recherche collaborative, l’alternance et l’innovation.
La Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (Ccitf) a organisé, hier, la deuxième journée de réflexion sur le thème : « Le partenariat entreprise-université : un moteur de développement ». Cet événement s’inscrit dans une série de journées prévues par la Ccitf, dédiées à l’exploration des enjeux auxquels les entreprises tunisiennes doivent faire face dans un contexte économique mondial en pleine mutation. Pour la période 2024-2025, plusieurs rencontres sont prévues, réunissant des acteurs du monde socioéconomique et académique, dans l’optique de redéfinir l’entreprise de demain en Tunisie.
Cette journée a réuni des universitaires tunisiens et français, des chercheurs, ainsi que des représentants de grandes entreprises tunisiennes et françaises implantées dans le pays. Deux panels ont structuré les discussions : le premier sur la recherche collaborative et le second sur l’alternance dans l’enseignement supérieur, un modèle qui gagne en importance pour former les étudiants aux réalités du marché de l’emploi.
L’urgence de repenser le modèle économique tunisien
Dans un contexte de transitions écologiques, énergétiques et numériques, le modèle économique tunisien doit évoluer pour faire face aux défis qui se présentent. Cette journée de réflexion a, donc, permis de souligner l’importance de l’innovation et de la collaboration entre le monde de l’entreprise et celui de l’université, en tant que moteurs clés du développement.
Khélil Chaibi, président de la Ccitf, a ouvert la journée en insistant sur l’importance de cette coopération pour l’avenir de la Tunisie : « Nous sommes convaincus que le partenariat entreprise-université doit devenir non seulement un moteur de développement, mais également un modèle de coopération durable… Les mutations profondes que traverse notre société nous obligent à repenser les relations entre science, connaissance et application pratique sur le terrain. Il est désormais indispensable que l’enseignement supérieur s’ouvre davantage au monde socioéconomique à travers des partenariats solides », a-t-il affirmé.
Pour lui, l’enseignement supérieur et la recherche doivent s’ancrer dans la réalité économique afin de préparer les jeunes diplômés à répondre aux besoins concrets des entreprises. Le modèle de l’alternance, qui combine théorie académique et apprentissage pratique en entreprise, est, selon lui, un levier clé pour améliorer l’employabilité des jeunes. Chaibi considère que ce modèle offre aux étudiants l’opportunité de développer des compétences concrètes tout en renforçant leur savoir académique.
Il a, d’autre part, rappelé que la Ccitf encourage activement les entreprises à collaborer avec les institutions académiques. Khélil Chaibi met, également, en avant l’importance de l’innovation collaborative comme moteur de croissance. Il voit dans les partenariats entre universités et entreprises une solution pour promouvoir un enseignement de qualité, qui reflète les réalités économiques et sociales du pays.
Au-delà de son engagement envers les partenariats académiques, Chaibi est aussi très impliqué dans la transformation du tissu économique tunisien. Il milite pour que la Tunisie devienne un acteur de premier plan dans la région en matière d’innovation, notamment à travers l’intégration des nouvelles technologies dans les secteurs clés.
Sa vision s’appuie sur la conviction que l’avenir de la Tunisie réside dans une coopération étroite entre tous les acteurs, qu’ils soient économiques, politiques ou académiques, pour bâtir une société plus résiliente et innovante.Il a, par ailleurs, annoncé la signature d’une convention de partenariat entre la Ccitf, une université française et le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur marque une nouvelle étape dans l’engagement de la chambre à promouvoir la recherche et l’innovation.
Engagement pour l’université de demain
Pour sa part, Ahmed Ben Cheikh Larbi, chef de cabinet auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a exposé la vision du ministère concernant l’université de demain. Il a évoqué un plan stratégique à l’horizon de 2030, avec des objectifs clairs pour transformer l’université tunisienne en un véritable acteur de développement. Selon lui, l’université de demain devra être «professionnalisante, entrepreneuriale, numérique et inclusive».
Il a, notamment, souligné l’importance de l’employabilité des diplômés, en particulier dans les secteurs en difficulté, et la nécessité de mieux adapter les formations universitaires aux besoins du marché du travail. La création de programmes en alternance, l’intégration des nouvelles technologies et l’encouragement à l’entrepreneuriat sont autant de pistes qui seront explorées dans les années à venir.
Ben Cheikh Larbi a expliqué que, depuis trois ans, le ministère travaille sur un programme ambitieux avec des objectifs clairs à atteindre d’ici 2030 et 2035. Cette initiative repose sur une auto-évaluation rigoureuse du système universitaire, visant à répondre aux défis majeurs, notamment l’employabilité des diplômés. «Si certains secteurs parviennent à intégrer les jeunes diplômés, d’autres rencontrent des difficultés. La vision du ministère se base sur une “université transformatrice”, un concept qui permet non seulement de former les étudiants, mais aussi de les préparer à devenir des acteurs clés du changement sociétal», a-t-il précisé.
Quatre composantes essentielles de l’université transformatrice
L’université transformatrice s’articule autour de quatre composantes majeures. La première est l’université professionnalisante, orientée vers l’identification des besoins du marché du travail, des compétences nécessaires et des nouveaux métiers.
La deuxième composante est l’université entrepreneuriale, qui offre un environnement favorable à l’incubation et à la création d’entreprises par les étudiants. La troisième est l’université numérique, intégrant les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, pour améliorer l’efficacité pédagogique. Enfin, la quatrième composante est l’université inclusive, qui assure l’insertion académique et professionnelle de chaque étudiant, tout en participant activement au développement régional.Selon Ben Cheikh Larbi, ces réformes sont déjà en cours et seront mises en œuvre à partir de la rentrée universitaire de 2025. Un nouveau référentiel d’habilitation est aussi en place, garantissant que chaque offre de formation corresponde aux besoins du marché. “Le ministère collabore étroitement avec les entreprises pour s’assurer que les formations soient pertinentes et en phase avec les exigences économiques”, a-t-il encore précisé tout en réitérant l’engagement du ministère à poursuivre ses efforts pour construire une université moderne et transformatrice, capable de relever les défis de demain tout en formant des jeunes prêts à intégrer et transformer le marché du travail.