Accueil A la une Avec 1,1 milliard de dinars de dettes, la Pharmacie Centrale de Tunisie alerte sur le besoin de réformes

Avec 1,1 milliard de dinars de dettes, la Pharmacie Centrale de Tunisie alerte sur le besoin de réformes

 

La Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) traverse une période difficile en raison d’une crise de liquidités alimentée par la dette croissante des Caisses sociales et des hôpitaux publics.

Selon son président-directeur général, Mehdi Dridi, la dette totale due à la PCT s’élève à 1,1 milliard de dinars, répartis presque également entre la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et les établissements de santé publics. Cette situation pèse lourdement sur la capacité de la PCT à maintenir ses approvisionnements et à honorer ses engagements financiers envers les fournisseurs internationaux.

Dans une interview accordée à l’agence TAP, Dridi précise que la PCT doit aujourd’hui plus de 600 millions de dinars aux laboratoires internationaux, et que les délais de paiement atteignent désormais 12 à 13 mois. Ce retard limite les commandes de la PCT, en particulier pour les médicaments non vitaux, réduisant les stocks de certains produits à environ un mois et demi, contre trois mois habituellement. Cette situation génère des pénuries de médicaments, une réalité qui affecte aussi bien les patients que les professionnels de la santé.

Pour répondre à cette crise, Dridi préconise plusieurs réformes stratégiques. En premier lieu, il recommande la suppression des subventions pour les médicaments ayant un équivalent fabriqué en Tunisie. En 2023, la PCT a dépensé 190 millions de dinars en subventions pour garantir l’accès aux médicaments, un montant qui devrait rester stable en 2024. En ciblant uniquement les médicaments vitaux sans alternative locale, la PCT pourrait réduire ses charges et préserver ses ressources pour les produits indispensables.

La gestion des stocks hospitaliers représente un autre axe d’amélioration. Dridi cite l’exemple de l’hôpital Habib Thameur, où un système de gestion numérique a permis de diminuer de près de 50 % la consommation de médicaments. Cette rationalisation pourrait être étendue à d’autres établissements pour limiter le gaspillage et optimiser les ressources de la PCT.

En outre, la PCT collabore étroitement avec le ministère de la Santé et d’autres institutions pour améliorer la gouvernance des transactions avec la Cnam, en vue de garantir des paiements réguliers. Cela permettrait de limiter la dépendance aux banques, une solution de dernier recours qui ne fait qu’alourdir les charges financières sans résoudre le problème de fond. En 2018 et 2019, la PCT avait déjà contracté des prêts pour rembourser ses fournisseurs étrangers, mais la dette des Caisses sociales n’a cessé de croître depuis, faute de réformes structurelles. Enfin, Dridi a proposé le renforcement de la production pharmaceutique locale et l’encouragement à l’usage de médicaments génériques tunisiens qui s’imposent comme des solutions de long terme. Ces initiatives permettraient, d’après lui, de réduire la dépendance aux importations et d’assurer une meilleure sécurité d’approvisionnement pour la Tunisie, tout en préservant les équilibres financiers de la Pharmacie Centrale.

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