• Au moins 10 personnes tuées dans des bombardements sionistes sur la Békaa, confirmés par le ministère libanais de la Santé
• L’extension des frappes signale le « refus » de l’entité sioniste de tout cessez-le-feu, affirme Mikati
• 5 morts, dont 4 ressortissants thaïlandais, à Metoula, avant-hier, dans le Nord de l’entité sioniste, dans des tirs de roquettes depuis le pays du Cèdre

SYNTHÈSE — Le ministère libanais de la Santé a confirmé, hier, au moins dix morts dans des frappes sionistes sur l’Est du pays, principalement dans la Békaa.

Selon les rapports relayés en parallèle par la correspondante du quotidien libanais « L’Orient-Le Jour » au Liban-Sud, et qui ne sont pas encore pris en compte par le ministère, au moins 31 personnes ont été tuées dans le caza de Baalbeck, pour un total de plus de 40 morts depuis hier midi dans l’ensemble de la Békaa.

Parallèlement, un raid aérien a visé hier un immeuble de Tyr, au Liban-Sud, frappée ces derniers jours par de nombreux bombardements de l’armée sioniste.

La frappe a touché un immeuble sur le front de mer qui s’est effondré dans un nuage de fumée, les secouristes intervenant dans le secteur pour retirer des victimes des décombres, selon un photographe de l’AFP. Elle n’a pas été précédée par un ordre d’évacuation de l’armée sioniste, qui dit cibler le Hezbollah.

Une responsable de l’ONU craint un «grand danger» pour des sites antiques

Une autre frappe sioniste a visé le quartier al-Zahraa dans la ville de Baalbeck, dans la Békaa, rapporte aussi le journal libanais.

Des images montrent un épais nuage de fumée au-dessus de la zone. Le raid n’a pas été, également, précédé par un appel à évacuer de l’armée sioniste adressé aux habitants de la ville, comme ces deux derniers jours.

Une haute responsable de l’ONU a mis en garde hier contre « un grand danger » qui pèse au Liban sur les villes historiques de Tyr, dans le Sud, et de Baalbeck, dans l’Est, touchées par des frappes aériennes de l’entité sioniste qui dit viser le Hezbollah.

« D’anciennes cités phéniciennes, chargées d’histoire, sont en grand danger d’être laissées en ruine », a déploré sur X la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, mentionnant Tyr et Baalbeck, deux villes abritant des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. « Le patrimoine culturel du Liban ne doit pas être une autre victime de ce conflit dévastateur », a-t-elle insisté.

La ville abrite des ruines romaines inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco

L’aviation sioniste a mené une quinzaine de frappes hier à l’aube sur la banlieue sud de Beyrouth, pour la première fois cette semaine, alors qu’elle poursuit ses raids intensifs sur le Sud, visant notamment à plusieurs reprises Nabatiyé dans la nuit du jeudi au vendredi, et l’Est du Liban, où des dizaines de personnes ont été tuées cette semaine. Ces raids interviennent alors que deux émissaires du président américain Joe Biden ont tenté avant-hier dans l’entité sioniste de trouver une issue à plus d’un mois de guerre ouverte entre l’entité sioniste et le Hezbollah.

Au moins 6 secouristes affiliés au Hezbollah et au mouvement Amal tués avant-hier

Il est à signaler que le ministère de la Santé a annoncé la mort avant-hier de six secouristes dans des frappes sionistes au Liban-Sud.

Quatre d’entre eux ont trouvé la mort dans des frappes sionistes sur Derdghaya, à Tyr, où l’armée ennemie a frappé un centre du comité sanitaire islamique (CSI) du Hezbollah. D’autres ont échappé à la mort par miracle lorsque leur véhicule a été ciblé à Salaa.

L’entité sioniste «a pris pour cible un point de rassemblement du Comité islamique de la santé dans le village de Derdghaiya», tuant quatre ambulanciers, selon le ministère.

Plus tôt, une frappe sur une ambulance, appartenant au Comité islamique de la santé et à l’association Al-Risala affiliée au mouvement chiite Amal à Deir Zahrani (caza de Zahrani), avait tué deux personnes dans des raids sionistes distincts visant leurs véhicules, a-t-il ajouté.

Dans un bilan général, le ministère compte 178 secouristes tués et 279 blessés dans différentes régions depuis octobre 2023.

En outre, cinq civils, dont quatre ressortissants thaïlandais, ont été tués avant-hier par des roquettes tirées depuis le territoire libanais sur la ville de Metoula, a annoncé le maire de cette ville du nord de l’entité sioniste frontalière avec le Liban.

« Il y a cinq morts, un fermier et quatre travailleurs agricoles étrangers », a indiqué à l’AFP dans un message David Azoulai, le président du conseil de la région qui englobe la ville.

Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Maris Sangiampongsa a publié, hier, sur X qu’il était «profondément attristé» par ces décès, ajoutant qu’un autre citoyen thaïlandais avait été blessé.

Syrie: 3 personnes tuées dans des raids aériens contre des infrastructures « du Hezbollah » à Qousseir, avant-hier

En revanche, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh) a annoncé avant-hier que trois personnes avaient été tuées dans des frappes sionistes sur la région de Qousseir, en Syrie, près du Liban, où le Hezbollah, en guerre contre l’entité sioniste, est présent.

« L’agression israélienne a provoqué des dégâts dans la zone industrielle et certains quartiers résidentiels de Qousseir, dans la région de Homs (centre) », a indiqué de son côté l’agence de presse officielle syrienne Sana, faisant état de « blessés parmi les civils ». L’Osdh, basé au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, a précisé qu’une frappe avait visé « un dépôt d’armes et un entrepôt de carburant du Hezbollah dans la zone industrielle de Qousseir », tuant trois personnes, dont la nationalité n’a pas pu être déterminée. L’ONG a ajouté que le raid avait également « blessé cinq civils syriens ».

D’autres entrepôts ont été visés à la frontière syro-libanaise, de même qu’un pont au Sud de la ville, selon l’Osdh.

Le quotidien libanais « L’Orient-Le Jour » dans la Békaa (Liban) avait rapporté dans la matinée hier qu’une frappe avait notamment visé le village de Hoch al-Sayyed Ali, dans la région du Hermel, qui est situé le long de la frontière, face à Qousseir.

De son côté, le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a affirmé hier que « l’extension » des frappes de l’entité sioniste signalait « son refus de tous les efforts déployés pour un cessez-le-feu », alors que des émissaires américains ont tenté de négocier un arrêt des violences.

« L’extension, une nouvelle fois, de l’agression de l’ennemi israélien contre les régions libanaises (…) et le fait qu’il ait de nouveau pris pour cible la banlieue Sud de Beyrouth par des raids destructeurs, sont autant d’indicateurs qui confirment son refus de tous les efforts déployés pour obtenir un cessez-le-feu », a déclaré Nagib Mikati, lors d’une réunion avec le commandant de la Force intérimaire de l’ONU au Liban-Sud (Finul), Aroldo Lázaro.

Selon M. Mikati, « les déclarations israéliennes et les signaux diplomatiques que le Liban a reçus confirment l’obstination d’Israël à rejeter les solutions proposées ».

Un « cessez-le-feu unilatéral » ?

Selon une proposition de cessez-le-feu américaine, fuitée dans la presse sioniste, le plan élaboré par les médiateurs américains prévoit un retrait du Hezbollah des régions frontalières avec l’entité sioniste dans le sud du Liban, ainsi que le retrait de l’armée sioniste de cette région, dont le contrôle reviendrait à l’armée libanaise et aux Casques bleus de l’ONU.

Le bureau de M. Mikati a en outre démenti hier des informations de l’agence Reuters selon lesquelles les États-Unis avaient demandé au Liban de déclarer un cessez-le-feu unilatéral, pour mettre fin au conflit. L’émissaire américain Amos Hochstein, chargé de mener des pourparlers, a lui aussi démenti ces informations. Citant une source politique libanaise de haut rang et un diplomate, Reuters avait initialement rapporté que M. Hochstein avait demandé au Liban cette semaine de déclarer un cessez-le-feu unilatéral avec l’entité sioniste dans le cadre d’un effort visant à aider les négociations. Ces sources avaient ajouté qu’une telle annonce était «considérée comme inacceptable au Liban, où elle serait probablement interprétée comme une capitulation. » Immédiatement après la publication de l’information de l’agence, le bureau de M. Mikati a démenti que Washington ait demandé au Liban de déclarer un tel cessez-le-feu.

« Ne pas entraver » la mission de la Finul

Dans une déclaration à Reuters, le bureau du Premier ministre sortant a précisé que « la position du gouvernement était claire : elle vise un cessez-le-feu bilatéral et la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. » La résolution 1701, adoptée en août 2006, vise à établir un cessez-le-feu entre l’entité sioniste et le Hezbollah et à renforcer la présence de l’armée libanaise au Liban-Sud, tout en interdisant l’entrée d’armes dans cette région. Elle cherche également à mettre un terme à toutes les violations sionistes de la souveraineté terrestre, aérienne et maritime du Liban.

Lors de sa réunion avec le général Lázaro, Nagib Mikati a en outre réitéré « l’appréciation » du Liban pour les efforts de la Finul et son « engagement envers sa mission dans le Sud ». Il a insisté sur l’importance de « ne pas entraver » cette mission et condamné les « attaques et menaces » visant les Casques bleus. Une quinzaine de Casques bleus ont été blessés au Liban-Sud au cours du mois écoulé, alors que l’armée sioniste a lancé une offensive, le 30 septembre, dans la zone frontalière.

Le président du Parlement, Nabih Berry, a pour sa part évoqué les développements sur le terrain au Liban-Sud ainsi que la situation de la Finul « au sud du Litani et les agressions auxquelles elle est soumise », au cours d’une réunion avec le commandant des Casques bleus, le général Aroldo Lazaro, à Aïn el-Tiné. « Depuis septembre au moins, Israël a laissé passer plus d’une chance pour établir un cessez-le-feu, appliquer la 1701 et permettre le retour des déplacés des deux côtés de la frontière », a déclaré M. Berry, qui a par ailleurs détaillé les discussions menées avec l’émissaire américain Amos Hochstein à ce sujet. Il a réaffirmé que « le Liban s’engage à mettre à exécution la résolution 1701, considérée comme la seule option pour la sécurité et la stabilité dans la région ». M. Berry a par ailleurs reçu le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, avec qui ont été évoqués les derniers développements ainsi que la situation des déplacés qui ont fui les bombardements au Liban.

Plus de 90 soldats sionistes tués depuis le début de l’offensive terrestre fin septembre, selon le Hezbollah

Par ailleurs, dans un résumé de ses opérations face à l’entité sioniste publié avant-hier soir, le Hezbollah a indiqué avoir tué plus de 90 soldats sioniste et blessé plus de 900 depuis le début de l’offensive terrestre fin septembre. Le parti affirme avoir également détruit 42 chars Merkava, 4 bulldozers, deux Humvees, ainsi que trois drones de type Hermes 450 et deux de type Hermes 900.

Ce décompte ne concerne que le front et n’inclut pas les pertes subies par l’armée sioniste lors des différentes attaques du Hezbollah sur ses bases, précise le résumé. Le Hezbollah assure en outre que « malgré le blocus aérien du Sud imposé par les services de renseignements de l’ennemi, les combattants de la résistance sont toujours en mesure d’assembler, d’armer et de lancer des centaines de roquettes vers les positions ennemies dans les profondeurs de l’entité, de manière quotidienne, continue et 24 heures sur 24. »

Le Hezbollah et l’entité sioniste s’affrontent depuis le 8 octobre 2023, soit au lendemain du déclenchement de la guerre de Gaza. Les affrontements, longtemps limités à la frontière entre le Sud-Liban et le nord de l’entité sioniste, ont dégénéré en guerre depuis la fin de l’été.

Le Hezbollah a annoncé une trentaine d’opérations et d’attaques avant-hier, dont une grande partie a porté sur les combats qui font rage cette semaine dans la localité de Khiam (caza de Marjeyoun).

La Presse de Tunisie avec agences et médias

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