De par la proximité géographique de la Tunisie de l’Europe qui influe sur les coûts de transport, le pays est devenu, cette saison, le 2e pays producteur et exportateur après l’Espagne.
Quel bilan peut-on dresser pour la production et l’exportation de l’huile d’olive ?
Les exportations tunisiennes d’huile d’olive peuvent atteindre les 195.000 t et peuvent rapporter 5.200 millions de dinars de devises. C’est grâce au prix international élevé avec une moyenne de 26,500 dinars le kg que l’on a battu des records. Le conditionné représentait seulement environ 12% avec 800 millions de dinars, c’est pourquoi il faut multiplier les efforts pour exporter davantage du conditionné. Il reste à considérer l’huile d’olive comme un produit d’appel qui va drainer la commercialisation d’autres produits agroalimentaires et qui va participer au rayonnement de la Tunisie partout.
Quels atouts et quelles entraves à l’exportation de l’huile d’olive tunisienne et quelles sont les actions qu’il faut mener pour promouvoir davantage ce bilan ?
Les atouts et les entraves sont multiples. Commençons par les atouts et notons que, de par la proximité géographique de la Tunisie de l’Europe qui influe sur les coûts de transport, le pays est devenu cette saison le 2e pays producteur et exportateur après l’Espagne.
La Tunisie est connue mondialement pour son huile d’olive et sa qualité ainsi qu’à sa diversité en variétés. Le pays a récolté des milliers de prix dans tous les continents à hauteur de 250 prix par an, ces dernières années. Néanmoins, il faut mener des actions pointues pour la valorisation de ces acquis partout dans le monde. La Tunisie reste un pays méconnu pour certains. L’huile d’olive est un produit agroalimentaire en vogue ces derniers temps, c’est pourquoi il faut l’utiliser comme arme de marketing et de communication pour faire connaître notre pays et ses richesses multiples au monde entier. C’est avec les nouvelles technologies que l’on peut gagner du terrain en termes de marketing et de communication. Plusieurs actions sont à envisager très rapidement et en profondeur : l’unification des différentes instances d’export dans les différents ministères en une seule instance pour l’efficacité et la performance et conquérir de nouveaux marchés en Asie, en Amérique du Sud, en Afrique…
Comment peut-on améliorer la notoriété de l’huile d’olive tunisienne et promouvoir les marques au niveau international ?
Plusieurs pistes sont envisageables et toutes sont bénéfiques pour le secteur et pour le pays en matière de notoriété et de rayonnement à l’étranger. Pour cela, les différents intervenants du secteur sous l’égide de l’Etat sont amenés à mettre en place un plan d’action pour accélérer la courbe de développement de l’huile d’olive conditionnée exportée. On peut prévoir un plan d’action sur cinq ans pour renverser la pyramide du vrac au conditionné par la réduction tous les ans du quota d’exportation en vrac.
Avec la montée en puissance de certains pays et leurs développement économiques si fulgurants, s’implanter dans ces pays devient une urgence, voire une stratégie gagnante pour le court terme et à l’avenir. Il faut être parmi les premiers pour explorer les nouveaux marchés et mener une communication sur place et de proximité en se basant sur tout ce qui est art et patrimoine culinaire pour mieux faire valoir l’huile d’olive tunisienne dans toutes ses splendeurs.
Quelles sont les qualités spécifiques qui permettent aux huiles d’olive de connaître un grand succès à l’export ?
Dans le domaine de l’exportation, il faut privilégier en premier les spécificités de chaque pays importateur et en l’occurrence les saveurs et les goûts. Evidemment que l’huile d’olive extra- vierge est la mieux exportée dans le monde. En Tunisie, nous avons parcouru un grand chemin pour améliorer la qualité. Cela étant, il reste certains objectifs à atteindre, tels que la production oléicole sans pesticide, une meilleure traçabilité et visibilité pour le consommateur international (toutes informations relatives à la production, à la transformation et à la commercialisation de l’huile d’olive doivent être transparentes et affichées sur les bouteilles). Il faut également se protéger de la concurrence internationale et de la nuisance locale puisque la Tunisie, dès cette année, va occuper la deuxième place après l’Espagne. Pour cela, il faut créer une cellule «de veille et de contrôle» afin d’assurer la pérennité et la sécurité de la filière oléicole et protéger les intérêts de notre pays.
Les produits biologiques, notamment l’huile d’olive, ont le vent en poupe sur tous les marchés où la demande est en forte hausse. Où se situe la Tunisie face à cette demande ?
Certainement, le monde change d’une vitesse parfois qui dépasse tout diagnostic. Ces dernières années, le marché international de la consommation a connu une forte hausse de la demande des huiles d’olive biologiques.
Cela représente une aubaine pour l’économie tunisienne puisque le pays est le premier producteur et exportateur à la fois d’huile d’olive biologique dans le monde. Néanmoins, il faut multiplier les efforts pour une optimisation meilleure de ces exportations, à savoir la valorisation de l’huile d’olive conditionnée. Il faut veiller également à mieux se positionner dans les nouveaux pays émergents, tels que l’Indonésie, le Nigeria, l’Argentine… et explorer de nouveaux marchés comme la Chine, l’Inde, l’Extrême-Orient, l’Amérique du Sud…