• Environ 120 projectiles tirés hier par le Hezbollah sur le territoire sioniste
• Le Hezbollah dit avoir tiré des missiles sur une base militaire ennemie près de l’aéroport Ben Gourion
• Plus de 2.600 tués au Liban depuis l’escalade avec l’entité sioniste le 23 septembre
SYNTHÈSE — Une heure après un ordre d’évacuation, la banlieue sud de Beyrouth a été frappée par l’armée sioniste. Selon al-Mayadeen, la première frappe sur la banlieue sud de Beyrouth a ciblé une zone résidentielle à Haret Hreik.
Parallèlement, environ 120 projectiles tirés hier par le Hezbollah depuis le Liban ont franchi la frontière vers le territoire sioniste, a annoncé l’armée ennemie sans dire combien s’étaient abattus dans le pays ni combien avaient été interceptés.
A 16h00 locales (14h00 GMT), «environ 120 projectiles tirés par l’organisation terroriste Hezbollah ont traversé (la frontière) du Liban en Israël», a indiqué l’armée dans un communiqué, alors qu’une journaliste de l’AFP à Tel-Aviv a entendu le son d’interceptions de la défense anti-aérienne après le déclenchement peu après 14h00 [heure tunisienne] des sirènes d’alerte aux missiles dans la ville côtière.
Le Hezbollah avait revendiqué une attaque menée, hier, à 10h [heure tunisienne] contre la base de Tzrifin, «qui comprend des lieux d’entraînement militaire» près de l’aéroport Ben Gourion au sud de Tel-Aviv, par une salve de missiles «de qualité».
Le parti chiite précise que cette attaque advient dans le cadre de sa série d’opérations Khaybar, lancée après l’assassinat de Hassan Nasrallah le 27 septembre dernier.
«La mort les a rattrapés»: près de Beyrouth, des déplacés du sud tués par une frappe israélienne
Dans son salon au mur troué par un éclat d’obus, Moussa Zahrane déplore le sort de ses voisins, qui ont fui les bombes dans le sud du Liban pour être tués dans une frappe sioniste avant-hier soir près de Beyrouth.
«Ils ont fui la mort, mais elle les a rattrapés ici», dit l’homme de 54 ans, les pieds en partie brûlés par la frappe, dont la femme et le fils sont encore à l’hôpital.
Les meubles de son salon ont été éparpillés par le souffle de l’explosion, qui a endommagé un immeuble résidentiel à la périphérie de la paisible localité de Barja, à une trentaine de kilomètres au sud de Beyrouth.
La frappe a touché un appartement au premier étage dans l’immeuble où habitaient des familles ayant fui le sud du Liban, où l’entité sioniste, en guerre ouverte contre le mouvement Hezbollah, a intensifié ses raids aériens depuis fin septembre.
Au total, 20 personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire du ministère libanais de la Santé.
Mais un responsable local de la Défense civile a affirmé hier à l’AFP sur le lieu du raid que les secouristes avaient déjà retiré 30 corps des décombres, pour la plupart des femmes et des enfants.
On ignore combien de victimes demeurent sous les gravats, a indiqué à l’AFP un secouriste, les voisins avançant des nombres contradictoires.
«Nous avons trouvé des corps d’enfants dans les escaliers (…) et des morceaux de corps partout», dit-il.
Depuis quatre heures du matin hier, les secouristes s’activent pour déblayer les décombres de l’immeuble, bâti sur une colline surplombant la mer, à la recherche d’éventuels survivants.
L’un d’eux rassemblait des cartables d’écoliers remplis de manuels scolaires, dont un de couleur rose, tandis qu’un autre secouriste jetait des vêtements.
A quelques pas de là, une grue tentait de dégager les décombres qui ont bloqué le premier étage, où un trou béant laisse apparaître le salon d’un des appartements.
«Semer la peur et diviser»
Selon Hassan Saad, maire de Barja, une localité sunnite située dans la région du Chouf, hors des bastions du Hezbollah chiite traditionnellement visés par les frappes sionistes, trois familles de déplacés vivaient dans l’appartement visé.
Moussa Zahrane, dont l’immeuble est mitoyen de la bâtisse touchée, raconte que la plupart des habitants étaient «des familles» qui ont fui le sud il y a environ six semaines.
«Je leur ai donné des chaises, des matelas», ajoute-t-il. «Ils sont tous morts. J’ai tellement de peine».
Moussa Zahrane rend grâce au ciel d’avoir épargné son fils unique, né après des années d’attente. «J’allais entrer dormir, et pendant que j’embrassais mon fils, tout a explosé autour de moi», dit-il.
«Les flammes ont atteint la plante de mes pieds (…) Mon fils et ma femme ont été blessés», ajoute-t-il.
Ce n’est pas la première fois qu’un appartement résidentiel est visé à Barja. Le 12 octobre, quatre personnes ont été tuées et 18 autres blessées lors d’un raid sioniste similaire.
A ce moment-là, la cellule de crise de la municipalité de Barja avait exhorté «toute personne visée ou en danger à s’éloigner de la localité», appelant les autorités à «calmer la situation, protéger les civils innocents et apaiser les tensions que l’ennemi israélien cherche à attiser».
Hier, le maire a réitéré cet appel pour «ne pas mettre en danger nos habitants et nos invités», la ville accueillant «plus de 27.000 déplacés» ayant fui les bombardements sionistes.
Barja abrite 35.000 habitants, auxquels s’ajoutent environ 10.000 réfugiés syriens.
L’entité sioniste mène ponctuellement des frappes meurtrières en dehors des fiefs du Hezbollah, disant cibler le mouvement libanais et touchant souvent des bâtiments abritant des déplacés.
A quelques mètres du bâtiment visé, Mahmoud, 54 ans, est assis avec sa famille devant leur maison, dont les fenêtres ont été brisées par l’onde de choc de la frappe.
Ce militaire retraité, déplacé avec sa famille de Yarine, village frontalier avec l’entité sioniste, confie à l’AFP: «Il n’y a pas de présence militaire ici, on devait se sentir en sécurité, mais soudain tout a changé».
«Voilà ce qu’est Israël: il veut semer la peur et diviser. +Vous n’êtes en sécurité nulle part+».
Plus de 2.600 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de l’escalade entre l’entité sioniste et le Hezbollah le 23 septembre, pour la majorité des civils, a déclaré le ministre de la Santé Firas Abiad à l’AFP hier.
Cela porte à 3.000 le nombre total de morts au Liban depuis le début du conflit en octobre 2023, selon lui.
La Presse de Tunisie avec agences et médias