Le secteur automobile prépare sa mise à niveau, en réponse aux nouvelles normes européennes ESG. L’entrée en vigueur de plusieurs normes environnementales devrait contraindre les fournisseurs tunisiens à adapter leur processus de production aux lois européennes. Loin d’être une menace, ce grand changement peut constituer une opportunité pour les entreprises de la filière installées en Tunisie. Rencontré en marge de la 8e assemblée générale de la TAA, Khaled Ben Yahia, directeur général de l’association, apporte son éclairage.
La TAA est en train de préparer le secteur à l’entrée en vigueur de la loi européenne Csddd. Quelles sont les implications de cette nouvelle réglementation ?
La Csddd est une loi allemande qui a été promulguée en 2022 et qui a été reprise cette année par l’Union européenne. Elle est, donc, devenue une directive européenne qui sera déclinée en loi dans tous les pays européens. Cette directive pousse les entreprises à surveiller leur chaîne de valeur car elles sont tenues par «le devoir de vigilance». L’idée est de garantir que les normes minimales soient respectées dans les lieux de production situés hors de l’Union européenne. Son entrée en vigueur implique plusieurs enjeux, puisqu’il y aura des standards à respecter.
La Tunisie doit s’y préparer et les entreprises sont appelées à se conformer à plusieurs réglementations. En Allemagne, cette loi est déjà entrée en vigueur depuis 2023, mais elle ne sera appliquée dans le reste de l’Europe qu’à partir de 2026. Il est vrai qu’on a encore le temps, mais la Tunisie doit anticiper dès à présent. Il y a un grand travail qui doit être réalisé en amont, notamment en ce qui concerne l’analyse de la situation environnementale et de l’évaluation des conditions au sein de l’entreprise.
Il faut identifier les risques qui existent, engager des mesures et faire un exercice de risk management. Enfin, il s’agit de concevoir un projet qui vise à répondre à tous ces risques-là, car les acheteurs européens vont exiger des fournisseurs en Tunisie cette évaluation de risque ainsi que des mesures pour leur gestion.
Ce projet nécessite-t-il des financements de la part des entreprises ?
Nous devons, en premier lieu, travailler sur la sensibilisation des entreprises sur cette question, notamment sur la nécessité d’engager des politiques de risk management. Il faut qu’elles prennent conscience de la situation et des risques qui existent.
Plus tard, la TAA se penchera sur les politiques et les mesures nécessaires à adopter. En cas de besoin, il y aura les investissements nécessaires. Et le point positif, c’est que cette loi incite les acheteurs à collaborer avec les fournisseurs en Tunisie pour relever ces défis ensemble.
Est-ce que l’industrie automobile tunisienne est concernée par le mécanisme de la taxe carbone aux frontières de l’Europe ?
Absolument, nous sommes concernés par le Mscf. Bien que l’entrée en vigueur de cette taxe soit encore en discussion, nous sommes bien évidemment appelés à travailler sur la réduction de l’empreinte carbone de notre industrie pour éviter des taxes supplémentaires.