Accueil Culture Reportage – La Via Bagrada : Pour un tourisme culturel alternatif valorisant

Reportage – La Via Bagrada : Pour un tourisme culturel alternatif valorisant

 

L’Association Museum Lab a la forte ambition de mettre en valeur la vallée de la Medjerda ou anciennement Via Bagrada pour en faire un pôle touristique et culturel alternatif. Un projet de circuits est mis en place et les jeunes entrepreneurs auront l’occasion au cours du week-end (9-10 novembre) de présenter leur savoir-faire dans différents panels inscrits au programme. En avant-goût de cette initiative, un groupe de journalistes de différents médias nationaux ont fait l’itinéraire en compagnie du guide Mohamed Halouani et de Hatem Drissi, un des membres de l’Association.Reportage.

Direction Testour, mais avant d’y arriver, il faut non pas emprunter l’autoroute, mais la route nationale longeant la Medjerda autrefois appelée La via Bagrada. L’événement consiste à mettre en valeur des projets incubés par l’association Museum Lab durant 10 mois pour présenter un produit basé sur un modèle d’écotourisme valorisant le patrimoine du Nord-Ouest tunisien. Le rendez-vous est fixé les 9 et 10 novembre à Testour et Teboursouk.

Première station, Batan, délégation de Tebourba, le pont-barrage de cette localité, d’origine antique, a été reconstruit en 1690 par Mohamed Bey El Mouradi. Batan, mot d’origine espagnole, renvoie au moulin à foulon, un moulin d’industrie textile qui sert à assouplir la laine pour confectionner des chéchias. Cette industrie se basait à l’origine principalement sur l’énergie hydraulique, ce qui explique le choix de la vallée de la Medjerda pour mettre en place cette manufacture. A proximité, on retrouve la résidence du Bey encore en état actuellement, mais elle nécessite une rénovation. Quant au pont, une équipe veille à son entretien. Aujourd’hui, l’usine d’assouplissement de la laine travaille au ralenti, trois de ses machines sont hors service.

Sur le cours de la Medjerda, la route menant à Medjez El Bab, autrefois Membrassa au gouvernorat de Béja, est jalonnée de verdure. Vignobles, oliviers, arbres fruitiers et diverses sortes de légumes constituent l’essentiel de l’agriculture de la région. Au centre de la ville, l’église catholique Saint Augustin, construite en 1913 par le Protectorat français, occupe la grande place. Elle a été cédée au gouvernement tunisien en 1964. L’édifice majestueux est fermé. Il nécessite  une restauration et pourrait devenir un projet culturel pour les jeunes de la région. Sur le chemin, un pont à huit arches enjambe la Medjerda. Il a été construit en 1677 sur ordre de Mourad II Bey pour permettre le passage des troupes tunisiennes et l’acheminement de leur matériel lors d’un conflit entre les régences de Tunis et d’Alger. De nos jours, le pont reste un point de passage nécessaire pour les riverains.

Longeant toujours Oued Medjerda, le cimetière de la Seconde Guerre mondiale réunit quelque 3.000 sépultures dont la majorité est d’origine britannique et d’autres indouses dont les noms figurent sur une plaque commémorative. Certaines d’entre elles sont tombées lors de la guerre 14/18. Un mémorial est érigé en leur honneur. Les membres des familles des forces de l’armée viennent d’Angleterre rendre visite à leurs morts.

Après ce bref arrêt dans le cimetière, direction le barrage de  Sidi Salem situé au niveau de la ville de Testour, qui  est le plus grand et le plus important barrage en Tunisie situé dans une zone excentrée sur les hauteurs vallonnées de flanc de montagnes. Construit en 1977, il abrite une centrale hydroélectrique d’une capacité de 20MW. Le barrage fournit 80% d’eau à l’agriculture et 20% d’eau potable pour le Grand-Tunis (Tunis, La Manouba, Ariana et Ben Arous) et le Cap Bon.

La visite se termine dans la ville de Testour et plus précisément au Café des Andalous où sont réunis les médiateurs culturels locaux de ce projet incubé par l’Association Museum Lab pour suivre une formation sur la manière de présenter et de valoriser ce patrimoine riche et peu connu de la vallée de la Medjerda. Au terme de leur formation, les bénéficiaires, de jeunes entrepreneurs, auront, le temps d’un week-end (9-10 novembre), l’occasion de fournir aux éventuels visiteurs les informations nécessaires et adéquates sur la richesse et la diversité du patrimoine de la région afin de le mettre en valeur en tant que destination culturelle, patrimoniale et de tourisme alternatif. Un projet de circuit capable d’être envisagé comme une source d’emploi et de développement pour toute la région laissée-pour-compte durant des décennies. L’expérience de Museum Lab, entamée précédemment au Kef durant 3 ans, a donné ses fruits en créant de nouvelles filières d’emplois déterminantes pour l’essor du tourisme culturel et alternatif. La vallée de la Medjerda pourrait devenir une destination touristique de choix en proposant, outre les visites des sites historiques, un circuit-découverte de la faune et de la flore, un autre à vélo, une activité de canoë-kayak, une activité de tyrolienne, un circuit au site archéologique Thignica, un circuit d’oléotourisme et un circuit d’œnotourisme. Sans oublier les ateliers de savoir-faire en matière de fabrication de fromage, de pâtes fraîches,  de fabrication de confiture de grenade, de broderie sur « gorguef » et d’apprentissage de jeux traditionnels pour enfants.

L’Association Museum Lab a mis en place une application Via Bagrada qui propose des informations détaillées sur les différentes attractions, les produits locaux et l’hébergement. Cette application vise à consolider l’expérience des visiteurs et à assimiler les habitants au développement de l’offre culturelle innovante.

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