Cela fait des années que nous avons soulevé le problème relatif au sport et à la jeunesse. Cela a assez duré et le Président de la République l’a clairement fait savoir au ministre de la Jeunesse et des Sports en le recevant lundi dernier au Palais de Carthage.
La Presse — Ce qui était valable il y a quarante ans ne l’est plus de nos jours. Nos jeunes sont plus instruits, plus exigeants et plus informés de ce qui se passe dans le monde.
Le fait de voir un de nos sportifs ou sportives accéder à un podium, enlever un titre olympique ou mondial, ne tient plus du miracle. En dépit de toutes les difficultés, entre autres, un suivi défaillant et des moyens réduits, nos jeunes font parler leurs extraordinaires qualités.
Les représentants tunisiens sont de nos jours attendus, on leur accorde tout l’intérêt qui sied à leur statut d’élite internationale. Toute cette nouvelle aura, le sport tunisien la doit à ses sports individuels et de combat.
Et pourtant, 84% des Tunisiennes et Tunisiens ne font pas de sport si l’on en croit les statistiques fournies par le MJS.
On a organisé un séminaire pour en rendre compte. Que s’est-il passé après, alors que l’on a esquissé un plan pour atteindre 2035 avec de nouveaux paliers ? Rien en fin de compte et c’est normal. Les lois régissant ce sport malade de ses dirigeants sont les mêmes. Les lobbys, bien présents dans le sport aussi, bloquent tout.
Le Président de la République a également ordonné que le ministère de la Jeunesse et des Sports soit impliqué dans l’élaboration des plans d’aménagement urbain, afin de garantir l’existence d’espaces sportifs dans tous les quartiers.
L’infrastructure progresse ici ou là mais ces installations ne pourront pas être mises à la disposition de la masse. Et la masse, ce sont les scolaires et le sport pour tous, les féminines qui sont démunies de tout, alors qu’elles possèdent une marge de progression énorme.
Malheureusement, ce ne sont pas les clubs qui vivent hors du temps, ni les fédérations qui naviguent à vue, qui arracheront le sport à sa situation précaire. La corruption et les pratiques malhonnêtes minent le sport. Les structures sportives nécessitent une réforme profonde en raison de leur état hybride. Elles ne sont ni clairement professionnelles ni strictement amateurs, mais se trouvent dans un entre-deux ambigu. Cela fait des années que cela dure et il faudrait y mettre fin pour avancer.
Mais on ne fait pas du neuf avec du vieux.
D’ailleurs, les hommes qui ont des idées et qui voudraient servir le sport existent. Mais pour rien au monde, ils ne viendraient ni dans les clubs ni dans les fédérations. Ils sont convaincus que l’on ne pourra jamais avancer avec des promesses.
Le Chef de l’Etat, en recevant le ministre de la Jeunesse et des Sports, a insisté sur le fait que les moyens et infrastructures actuelles sont insuffisants et qu’il faudrait en construire. Le Président de la République a ordonné que «le ministère de la Jeunesse et des Sports soit impliqué dans l’élaboration des plans d’aménagement urbain, afin de garantir l’existence d’espaces sportifs dans tous les quartiers».
Oui, mais pas en ce lugubre béton qui coûte cher et qu’on abandonne partout dans le monde. Les petits complexes légers, fonctionnels, proches des écoles, lycées et collèges, sont plus pratiques et on pourrait les mettre en place en quelques mois. Il suffit de trouver le terrain et les gouverneurs sont là pour régler le problème foncier lorsque la surface concédée appartient à l’Etat.
Ces installations pourraient tourner à plein régime si l’on associait le sport pour tous qui fonctionne au ralenti, fautes d’installations sportives.
Pour les jeunes, on pense encore que construire un bâtiment, le doter de quelques ordinateurs et d’internet suffit à leur bonheur.
Le Chef de l’État a donné des directives pour développer ces maisons des jeunes et les mettre à niveau. Cela passe par la fourniture des équipements essentiels à ces institutions pour qu’elles jouent pleinement ce rôle capital dans la diffusion de la culture en devenant un troisième milieu qui répond aux aspirations de leurs utilisateurs.
«Ces espaces ne doivent pas être limités aux loisirs, mais également devenir des lieux de culture et de créativité, permettant aux jeunes Tunisiens de s’épanouir dans tous les domaines».
Le monde a changé, et nous l’avons rappelé dans une de nos éditions. Les maisons des jeunes devraient devenir des lieux où le jeune se découvre et trouve sa voie. On s’acharne à former dans les seuls centres de formation. Pour cela, on attend que le jeune vienne après avoir parcouru des dizaines, sinon des centaines de kilomètres, pour apprendre un métier. Il le fera une, deux fois, mais il baissera les bras, faute de moyens et de motivation. Nous avons suggéré d’aller vers ces jeunes en mettant à contribution ces maisons des jeunes. Dans les zones touristiques, par exemple, on formera des serveurs, des cuisiniers, des pâtissiers. Là où l’agriculture domine, ce sera la formation dans les domaines qui manquent pour aider et trouver un emploi au sein des sociétés citoyennes que l’on monte un peu partout, etc.
Nos jeunes sont doués aussi bien en sport que dans d’autres domaines. Il faut aller vers eux, les faire encadrer par de bons pédagogues, des clubs qui tiennent debout et des fédérations convaincues de leur véritable mission qui, dans l’état actuel des choses, se limite à une gestion de calendriers.