
Mustapha Boubaya, consultant en entrepreneuriat management de l’innovation et développement des PME, présente une proposition à travers laquelle il demande de créer une charte de partenariat «Etat-Entreprises». Cette charte peut, d’après lui, rendre la Tunisie un pilier essentiel du nouveau modèle de développement économique.
«Comme son nom l’indique, la Charte de partenariat est une sorte de contrat moral entre l’Etat et les entités économiques privées, établi dans le cadre d’une politique contractuelle visant à coordonner leurs actions à travers des engagements mutuels. Ce partenariat ambitionne de poser les bases d’un climat des affaires renouvelé et d’introduire un nouveau modèle de développement économique», c’est ce qu’a déclaré, à La Presse, Mustapha Boubaya, consultant en entrepreneuriat management de l’innovation et développement des PME.
Dans ce contexte, Boubaya a expliqué que cette charte, bien qu’elle repose sur un acte volontaire, s’avère particulièrement utile lorsque le gouvernement initie des réformes socioéconomiques importantes ou opte pour de nouvelles orientations politiques, nécessitant l’adhésion des acteurs économiques. Inspirée par des expériences réussies dans plusieurs pays, notamment en Afrique et au Maghreb.
Amélioration du climat des affaires
«Je rappelle, à titre d’exemple, qu’il y a plus de vingt ans, le Maroc qui a adopté cette charte. Celle-ci s’aligne parfaitement avec les orientations récentes exprimées par le chef du gouvernement. Il a rappelé, lors de sa rencontre avec le président du Conseil des affaires tunisiennes, que « l’amélioration du climat des affaires est une responsabilité partagée exigeant une synergie entre tous les acteurs économiques pour mettre en œuvre un modèle de développement innovant et durable, basé sur l’inclusion économique, le partenariat et le soutien au secteur privé, en particulier les PME» (cf. La Presse, du 18 octobre 2024, p. 4). Ainsi, cette Charte reflète l’ambition de bâtir un véritable cadre de coopération pour concrétiser ces objectifs », a développé le consultant.
Boubaya a ajouté que la charte poursuit quatre objectifs fondamentaux. D’abord, elle instaure un partenariat privilégié entre les acteurs publics et privés, et ce, durant toutes les étapes, à savoir : l’élaboration des grands choix, la définition des politiques économiques, la fixation des objectifs opérationnels ou encore la mise en œuvre des actions pour atteindre les résultats escomptés. Ensuite, la charte implique activement tous les acteurs économiques dans la conception et le déploiement des stratégies de développement, au sein d’un cadre permanent de concertation public-privé.
Elle aide à la rénovation du cadre institutionnel, juridique et procédural d’appui aux micro, petites et moyennes entreprises (Mpme), notamment en simplifiant les procédures administratives, en facilitant l’accès au financement et aux marchés publics, ainsi qu’aux débouchés internationaux.
Enfin, elle permet de responsabiliser les partenaires en établissant des mécanismes de suivi rigoureux pour évaluer la mise en œuvre des engagements, à travers deux organes principaux : un Conseil national pour le climat des affaires et une Agence de promotion des micro, petites et moyennes entreprises (Mpme).
«La Charte constitue un outil-clé pour mettre en place un modèle de développement entrepreneurial qui place l’entreprise économique au cœur du système productif national. En favorisant l’appui à la création, le développement et la compétitivité des entreprises, elle vise à les intégrer dans les chaînes de valeur régionales, continentales et mondiales» a assuré Boubaya.
D’après lui, dans une zone de libre-échange continental comme l’Afcfta, seule une économie compétitive, appuyée par des entreprises performantes, pourra prospérer durablement. Ce partenariat renforcera les entreprises face aux enjeux liés au coût des facteurs de production, à la fiscalité et à la productivité. «La Charte offre une protection contre les principaux risques auxquels sont confrontés les entrepreneurs : l’échec, la perte de capital et l’absence de sécurité financière», a-t-il fait savoir.
Et de continuer : «Le partenariat est essentiel pour stimuler l’initiative entrepreneuriale et favoriser une collaboration efficace entre les pouvoirs publics et les acteurs privés. Cela permettra de mobiliser les investissements nécessaires, de créer de nouvelles entreprises et de générer des emplois pour les jeunes en quête d’intégration professionnelle. En renforçant la confiance entre les parties prenantes, la Charte pourrait entraîner un «choc des investissements», pour reprendre une formule de Hakim Ben Hamouda, contribuant ainsi à relancer une croissance économique actuellement stagnante. A court terme, cette croissance pourrait atteindre 4,5 %, voire 6 % à moyen terme».
Le consultant en entrepreneuriat management de l’innovation et développement des PME a mentionné, également, que «les PME occupent une place centrale dans la Charte, qui prévoit une quinzaine d’engagements de l’Etat, notamment la simplification des procédures administratives et fiscales ; l’appui aux entreprises en difficulté et la facilitation de l’accès aux infrastructures et aux financements ; la promotion de l’innovation et des initiatives collaboratives ; le soutien à l’entrepreneuriat féminin et à l’économie sociale et solidaire. De plus, la Charte met l’accent sur les start-up innovantes en introduisant des instruments de financement comme les fonds de pré-amorçage nécessaires pour soutenir les jeunes pousses au stade critique de leur développement.
La Charte constitue un capital-confiance pour les investisseurs et un atout majeur pour rehausser l’image du pays comme destination favorable aux IDE. A titre d’exemple, le Maroc, grâce à une initiative similaire, est parvenu à attirer des investissements étrangers tout en encourageant ses entrepreneurs nationaux. La Charte tunisienne pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans la mobilisation d’investissements productifs, notamment dans les secteurs technologiques et créatifs, renforçant ainsi la dynamique entrepreneuriale et économique nationale».