
Faute d’intérêt, faute aussi de moyens et de préjugés défavorables, le sport féminin souffre sans cesse en dépit de quelques éclairs dans la grisaille.
Nous aurions bien voulu donner quelques chiffres pour situer la position du sport féminin par rapport au sport masculin. Mais nous avons préféré les commenter, tout en sachant que ces chiffres sont biaisés à la source.
En effet, le chiffre global ne signifie rien au niveau du nombre de pratiquantes effectives par rapport au total des licenciées. On peut avoir des milliers de licenciées, mais n’enregistrer qu’un millier de pratiquantes effectives.
Afin de renforcer le sport féminin et d’améliorer le nombre de licenciées, le ministère a veillé «à maintenir» la présence de la jeune fille tunisienne dans les différentes disciplines sportives en maintenant des mesures de motivation en faveur du secteur des sports féminins, à savoir :
-L’exemption des associations sportives féminines de faire les frais de participation et d’abonnement aux fédérations sportives qui sont à la charge du ministère lequel alloue annuellement des crédits d’au moins 200.000 dinars.
-L’exploitation des installations sportives pour les entraînements et les compétitions est gratuite et le ministère supporte les frais occasionnés par cette action d’un commun accord avec la Cité nationale sportive.
– En outre, le gouvernement a continué d’apporter son soutien financier aux associations féminines en maintenant les fonds alloués au titre des subventions à l’intention des associations sportives féminines et financées par le Fonds national pour la promotion du sport et de la jeunesse et d’une valeur de 1,4 million de dinars. En fait, ce fonds n’a pas beaucoup progressé, certainement que les difficultés financières léguées y sont pour quelque chose.
Malgré tous ces encouragements, une section féminine donne aux clubs l’impression que c’est une charge, un fardeau.
Voilà où nous en sommes au vingt et unième siècle, alors que notre pays est un des plus avancés au niveau de la position de la femme dans la société.
Une direction à part entière
Il n’en demeure pas moins que les féminines devraient être gérées non pas comme un appendice du sport masculin, mais par une direction qui aura son programme d’action, ses moyens de contrôle et surtout des objectifs clairement définis pour qu’elle puisse agir en fonction des engagements de nos équipes féminines.
A l’effet d’évoquer l’argument rentabilité, le sport féminin rapporte presque autant de résultats probants que le sport masculin.
Nos combattantes en escrime, taekwondo, tennis, lutte, judo, voile, aviron, boxe, natation, athlétisme, basket, hand, volley, etc. sont respectées et se sont frayées, tout au long de l’histoire du sport tunisien, un chemin vers les marches des podiums.
Alors pourquoi demeure-t-on hésitant, à la limite radin, lorsqu’il faut investir dans le sport féminin, alors que tout est disponible pour les équipes masculines?
Difficile de l’expliquer, et étant donné que les rôles ne sont pas bien déterminés, cette misogynie devient… un comportement normal.
Rapprocher les installations
Nous avons toujours plaidé pour équiper au mieux possible les écoles, lycées et collèges. En effet, en les équipant, on rapproche les installations et on s’assure plus de sécurité pour les filles pour éviter des complications possibles. Les parents seront plus compréhensifs lorsque leurs enfants se rendent à leur établissement scolaire pour s’entraîner. Avec les milliers de jeunes scolaires, la prospection est possible, aisée et de proximité.
Au niveau des fédérations, on a bien prévu la présence de membres dames pour «parler au nom des féminines». Il s’est avéré insuffisant, tout en soutenant que tout le bureau fédéral devrait défendre ce sport féminin qui, en dépit de sa discrétion et des miettes qu’il ramasse, demeure compétitif. Parfois plus celui masculin.
Cette constatation prouve qu’il ne s’agit pas de membres à imposer, mais bien d’une formule à trouver pour que les sportives, représentantes de près de cinquante pour cent des Tunisiens, aient droit de cité dans ce sport où elles ont émergé, brillé et impressionné.
Le rôle des parents
Considérant que le problème est financier, il nous semble que la budgétisation des activités devrait être séparée sans qu’il y ait de… vase communicant qui déverserait une partie du budget revenant aux filles dans le compte des garçons.
De toutes les façons, le problème est avant tout une question de conviction et d’honnêteté morale. Les filles, tout comme les garçons, représentent le sport national.
Le scandale, qui a entaché la réputation du basket-ball dernièrement, avec le score de 161 à zéro, donne une idée de la considération que certains dirigeants vouent au sport et du respect de l’éthique sportive.
Il faudrait remarquer que la qualité de l’encadrement est extrêmement importante. Si les sports individuels réussissent pour la plupart, ils doivent leur réussite à la précieuse présence des parents. Ce n’est pas toujours le cas en sports collectifs. Cela dépendra toujours de la valeur de cet encadrement, de son approche et des finalités qu’il entrevoie.
Faute de moyens, on se rabat sur des ressources extérieures. Les cours de natation, par exemple, qui étaient gratuits, sont devenus payants. Beaucoup d’argent rentre et, soit dit en passant, les commentaires vont bon train. Nous entrons de plain-pied dans ce sport à deux vitesses, où seul celui qui en a les moyens amène ses gosses.
La preuve, on ne se bouscule pas au portillon et dans bien des disciplines sportives, les directions techniques semblent inertes, il n’y a plus assez de choix, surtout au niveau des filles. C’est le cercle vicieux qui secoue les fondements du sport féminin.
Aussi, faute de plan d’action, personne ne peut demander des comptes. Et cette absence de suivi a fini par avoir raison de toutes les filières qui ont assuré par le passé bien des résultats.
Un sport comme la natation, qui possède des champions olympiques et du monde au niveau des garçons, n’a actuellement qu’une fille qui commence à percer. A qui la faute et comment reprendre la situation en main ? C’est au futur bureau fédéral de mettre en place son plan de redressement pour relancer les sections féminines des clubs.
En fin de compte et pour conclure, tout est à refaire au niveau des féminines qui ne devraient pas rester la cinquième roue de la charrette.