«Bonne santé et bien-être», voilà le 3e ODD, un des 17 objectifs établis par les Etats membres des Nations unies, dont la Tunisie, qui se veut un idéal révolutionnaire, continuant à buter sur les affres d’un climat si capricieux et redoutable. Quelles solutions peut-on adopter pour sauver notre capital santé ?
Face à ces temps de crise climatique, il n’y a pas de demi-mesures. En matière de sécurité sanitaire et confort au travail dans nos hôpitaux respectifs, tout, certes, devrait être planifié de nouveau.
Sous nos cieux, l’on commence, alors, à parler d’un modèle d’hôpital sobre en énergies et résilient aux impacts du changement climatique, un phénomène aussi universel qui nous a montré ses griffes et menace de tout bouleverser si rien n’est fait pour réduire l’intensité carbone et atteindre «zéro émission nette » d’ici les années à venir. Aussi, faut-il, désormais, s’y préparer et s’engager dans de nouveaux plans de développement durable qui soient basés sur les piliers d’une stratégie nationale bas carbone à l’horizon 2050.
L’Anme se bat pour le climat
L’essentiel est de s’appliquer à adopter de nouvelles pratiques énergétiques efficaces, rentables et productives d’énergies renouvelables. L’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme) semble travailler d’arrache-pied, se lançant dans un combat contre et pour le climat. Et pour cause, l’on doit agir ainsi, sans se laisser emporter par les vaines tentatives d’antan. Et si l’on veut partir du bon pied, il y a toujours raison de faire le bilan pour ne pas se perdre en conjectures.
Ce faisant, l’Anme et ses partenaires, à savoir le ministère de la Santé et le Programme pour l’efficacité énergétique des bâtiments (Peeb), sont énormément conscients que le secteur de la santé, lui aussi, subit les effets des changements climatiques. Construire des hôpitaux économes en énergie et amis de l’écologie n’est pas de moindre importance, d’autant que pareille infrastructure sanitaire, censée être plus résiliente aux aléas du climat, se révèle en mesure d’améliorer le bien-être des patients et les conditions de travail du personnel.
Comment rendre l’hôpital
plus durable ?
On est, alors, au cœur des bienfaits de l’écoconstruction dont l’enjeu majeur est, tout bonnement, de revoir à la baisse la consommation d’énergie en matière de santé. Ceci étant, «ce secteur représente 5% de la consommation liée aux bâtiments dans le pays, avec une intensité énergétique de 464 KW/h de consommation par m2 par an», selon Mme Rym Nafti, responsable du Peeb en Tunisie, soulignant que l’on peut ramener ce taux à 50%.
Comment engager nos hôpitaux dans la transition énergétique ? A priori, c’est une question si simple, mais la réponse semble aussi complexe que compliquée. Le nouvel hôpital local de Sbiba, à Kasserine, est un exemple édifiant, en termes d’efficacité énergétique. «Il illustre bel et bien l’application des principes écologiques : expression architecturale harmonieuse, utilisation de matériaux locaux, chantier à faible nuisance, gestion de l’énergie favorisant le photovoltaïque et l’éclairage naturel, gestion de l’eau et des déchets d’activités, gestion technique centralisée…», explique Mohamed Ali Reghini, ingénieur auditeur en efficacité énergétique, agréé par l’Anme. D’autres hôpitaux à El Jem, Thala, Dahmani, Kairouan présentent un cachet architectural conforme aux normes d’écoconstruction.
Un guide de bonnes pratiques énergétiques
Selon lui, cette conception toute particulière a fait recours à l’utilisation des patios qui procurent un double bénéfice, faisant entrer plus de lumière de jour, tout en contribuant à maîtriser les températures. Un tel système de patios combiné avec de l’isolation permet, à ses dires, d’éviter le recours à des moyens mécaniques de chaud et froid. Soit plus de lumière, moins de climatisation.
D’ailleurs, cette nouvelle technique de construction sobre en carbone puise dans la sécurité énergétique et la résilience climatique, à même d’agir sur les émissions de gaz à effet de serre et les coûts de fonctionnement. Pour aller encore plus loin, la sensibilisation sur l’économie d’énergie s’avère de mise. Et ce n’est pas tout. L’Anme et ses partenaires précités ont, déjà, développé un guide de bonnes pratiques énergétiques en matière de santé, illustrant les techniques d’écoconstruction et d’aménagement des hôpitaux. «Ce guide servira de base pour les nouvelles constructions d’hôpitaux en Tunisie », se félicite Amira Gader Jaziri, architecte principal au ministère de la Santé.
Sans doute, ce modèle d’hôpital durable est qualifié de fort encourageant, laissant prévoir des indicateurs de santé hauts en couleur et des services de soins de qualité. Soit un milieu sanitaire où le patient et le médecin en tirent le meilleur parti. En d’autres termes, aucun corps ne peut vivre sans énergie.