Accueil Culture « Le paradis des amoureux» de Moez Achouri aux JTC : Théâtre rituel et atmosphère soufie

« Le paradis des amoureux» de Moez Achouri aux JTC : Théâtre rituel et atmosphère soufie

Dans l’orbite de l’amour divin, se déroulent les événements de la pièce «Rawdhat Al-Oshaq» du metteur en scène Moez Achouri. Plongeant dans des univers soufis, les cercles de dhikr, de chant spirituel et d’extase entraînent le public dans un voyage de pureté et de libération spirituelle.

Dans le cadre des représentations tunisiennes des Journées théâtrales de Carthage, la Cité de la culture a accueilli, le mardi 26 novembre, la pièce «Rawdhat Al-Oshaq». Proposant une vision originale, ce spectacle établit un parallèle entre les rituels soufis et les techniques théâtrales. L’intrigue tourne autour d’un groupe de disciples pratiquant des rites spirituels sous la direction d’un guide surnommé le Mourid. Ces derniers sont arrêtés par les forces de l’ordre et interrogés, accusés d’incitation à la dissidence et de tentative de bouleverser le mode de vie de la société. L’arrestation des disciples provoque un soulèvement populaire, et une avocate se mobilise pour leur défense, mettant ainsi les autorités dans une position délicate, les contraignant à chercher une issue avec le moins de dommages possible.

S’éloignant des modèles dominants du théâtre social ou politique, le metteur en scène et auteur du texte, Moez Achouri, a choisi d’explorer et d’innover en travaillant sur la richesse de la tradition soufie en Tunisie. Il aborde, sur une scène de théâtre rituel, les dimensions philosophiques, spirituelles et intellectuelles des confréries soufies.

Portée par une belle distribution, la pièce a réussi à offrir des tableaux narratifs à la fois poétiques et empreints d’humilité. Le voyage oscille entre terre et ciel, entre monde matériel et monde spirituel.

Dans une langue arabe classique et poétique, «Rawdhat Al-Oshaq» choisit de s’adresser à son public dans une éloquence qui réaffirme la richesse et la singularité de la langue arabe, intemporelle et universelle.

Sur le plan scénographique, l’utilisation des rideaux transparents prend des significations multiples et symboliques : ils évoquent le voile séparant le monde matériel du monde spirituel. Derrière ces rideaux, les disciples accomplissent leurs rituels, invoquent la divinité et se purifient des souillures de ce monde.

Si «Rawdhat Al-Oshaq» déborde d’ambiances mystiques et s’élève dans les cieux de l’extase, elle reste ancrée dans la réalité et confrontée aux logiques d’intérêts qui la gouvernent. Le pouvoir politique, dérangé par l’ascétisme des soufis, cherche à les disperser, diviser leur unité, voire acheter leur silence. Mais face à la domination du pouvoir, la force de l’amour reste plus puissante, et l’appel de la passion surpasse toute menace ou tentative de manipulation.

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