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Oléiculture: Commençons par consommer notre huile

Selon le dernier communiqué émanant de la présidence de la République, le Chef de l’Etat a recommandé de prendre les dispositions qui s’imposent pour «sécuriser la saison de la récolte des olives de manière à préserver les droits des agriculteurs et à garantir la disponibilité des semences dans les meilleures conditions pour garantir une bonne saison céréalière».

La Presse — Par ailleurs, il a donné ses instructions pour que l’Office national  de l’huile et l’Office des céréales «retrouvent pleinement leurs rôles».

Il est quand même aberrant de constater que les dispositions n’ont pas été prises depuis que les premières estimations ont été faites, en ce qui concerne la récolte des olives et les engagements pris pour engager cette lutte devant garantir l’autosuffisance dans tous les domaines et principalement en céréales.

Cela fait des mois que les débats ont été engagés. Pourquoi n’a-t-on pas réagi à  temps ?

En ce qui concerne l’huile d’olive, l’Office possédait si nos souvenirs sont bons,  une capacité de stockage qui dépassait les 250.000 tonnes. Il n’en a plus que le tiers actuellement.  Et voilà que les problèmes de stockage se posent avec acuité. On a examiné la possibilité d’en stocker chez les particuliers. Une solution comme une autre, mais le problème est ailleurs.

Il se pose au niveau des prix à l’international.

Les prix sont en train de s’effondrer. Vrai ou faux, manœuvre des bookmakers ou pas, nous en saurons davantage dans quelques semaines.

Notre récolte, grâce à Dieu, a dépassé les prévisions. Au point où on ne sait plus comment l’écouler.

Cela nous rappelle l’époque où l’huile d’olive était strictement réservée à l’exportation. Une quantité infime était écoulée, sous le manteau, dans le pays.

Nous avons eu la chance d’assister à la réunion qui a eu lieu au ministère de l’Economie nationale, sous l’égide de feu Abdelaziz Lasram et à laquelle assistait le PDG de l’Office de l’huile.

Notre habituelle clientèle traînait les pieds pour en acheter. Il y a même ceux qui étaient prêts à en acheter à la condition de… s’engager à ne plus planter d’oliviers!

Une fois l’exposé de la situation faite par le PDG, le ministre a répliqué de manière incisive : «Bien sûr, notre huile est devenue un moyen de pression et notre clientèle tout aussi bien que nos concurrents le savent. Ils veulent imposer leurs conditions et leur prix. Il faut tout d’abord commencer par consommer notre huile».

Il prit le téléphone et en deux mots, expliqua la situation à feu Hédi Nouira,  Premier ministre.

Le jour même, la vente de l’huile d’olive en Tunisie a été libérée à un prix convenu.

Depuis, il n’y avait plus de problème de stockage et d’écoulement au niveau national.

Des décennies après, nous devons craindre que notre huile redevienne un moyen de pression. Il faut que nous en consommions, une bonne partie, à un prix raisonnablement fixé.

Des déclarations pour le moins qu’on puisse dire fantaisistes circulent.

Le prix doit être fixé en tenant compte que l’on continue de planter des milliers d’oliviers et que le problème ira en s’amplifiant dans les années à venir. Dès lors, arrêtons ces discussions byzantines et décidons.

Au niveau des producteurs, leurs porte-parole ne tiennent jamais compte que la récolte est en nette progression, que les quantités à venir seront plus importantes que les précédentes et  que l’offre dépassera forcément la demande.

A moins de revenir à plus de compréhension de la situation, nous risquons de perdre sur bien des tableaux.

De toutes les manières, la consommation de notre huile d’olive réduira d’autant les quantités d’huile importées.

Les devises dépensées pourraient être allouées à l’aide aux agriculteurs et à l’amélioration de la qualité de notre huile. Au niveau de la quantité consommée par foyer, il faudrait expliquer de manière pédagogique qu’une cuillerée d’huile d’olive  vaut deux à trois fois plus qu’une cuillérée d’huile végétale.

Au niveau de la santé, laissons la parole à un spécialiste.

«Le rôle de la température lors du processus d’extraction joue un rôle non négligeable sur les propriétés de l’huile et ses apports nutritionnels.

Les principales vitamines présentes dans les huiles vierges pressées à froid sont la vitamine E et la vitamine K. Ces huiles contiennent aussi des acides gras libres (omégas 3, 6 et 9) et des composés gustatifs appelés polyphénols.

— A partir de 90 degrés, une grande partie de la vitamine E est détruite. Dans le distillateur ou lors de la décoloration, les températures peuvent monter jusqu’à 250 degrés…

— La vitamine K est elle aussi sensible à la chaleur.

— Les acides gras libres et les polyphénols, sont très hautement oxydables et supportent très mal la chaleur.

La chaleur maximale dans l’extraction d’une bonne huile d’olive est de 27 degrés quand les huiles végétales passent par des phases de raffinage à plus de 95 degrés et sont parfois au contact avec de la vapeur à 250 degrés, qui détruit les composants naturels de l’huile.

La vitamine E ou les omégas 3 présents dans les huiles raffinés sont donc souvent des produits de synthèse rajoutés dans l’huile raffinée, pour en faire un argument marketing.

Dans une huile d’olive extravierge, il y a la garantie qu’il n’y a pas eu d’additifs comme les colorants, conservateurs, émulsifiants, anti-oxygènes, épaississants de synthèse, agents mouillants, stabilisants, gélifiants, arômes pseudo-naturels… que l’on trouve parfois dans des huiles végétales raffinées». C’est clair ?

Il y  a des choix à faire et le plus rapidement possible car «celui qui veut tout perd tout», dit-on.

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