Dr Hamza ESSADDAM *
Dans un monde désordonné, déshumanisé, notre dernière visite à Ksar Hellal nous a donné l’occasion de retrouver la joie de vivre, de dissiper le visage sombre d’une humanité en déclin, désunie. Situé au cœur du Sahel tunisien, Ksar Hellal nous a impressionnés par la propreté de ses rues, l’amabilité de ses résidents et surtout l’enthousiasme qu’ils manifestaient non seulement pour vous parler du passé de leur ville et des accomplissements réalisés, mais aussi pour vous parler de leurs projets à venir.
Chez eux, ce qui rassemble le passé et l’avenir, c’est leur profond sentiment de solidarité. La solidarité est symbolisée par Si el Hadj Ali Soua. Cet homme, dont les concitoyens continuent d’honorer la mémoire, consacra sa fortune à construire des écoles et des locaux pour les jeunes élèves, non seulement à Ksar Hellal mais également à Tunis. Son astuce avait consisté à financer ces institutions en achetant des biens et en les transformant en «habous».
La photo des femmes grévistes de la faim à Ksar Hellal en 1952, pendant la lutte nationale pour l’indépendance, témoignait d’une autre manifestation de solidarité.
De nos jours, cette générosité se poursuit à travers des initiatives humanitaires et sociales (entretient des écoles et des centres de soins).
C’est ainsi qu’une salle de permanence est construite dans l’école de la ville afin d’éviter aux élèves de se retrouver dans la rue pendant les heures creuses.
À l’hôpital, de nouvelles spécialités médicales furent introduites pour améliorer la prise en charge des patients.
Une station d’épuration et de recyclage de l’eau fut mise en place dans l’usine textile, qui emploie près de cinq mille personnes, pour préserver cette source de vie.
Cette ville, dont l’histoire débute dans l’Antiquité, continue à protéger la dignité humaine grâce à ses accomplissements.
L’expérience de cette oasis d’humanisme nous a remplis de bonheur, ce qui a incité l’un des visiteurs à envisager de venir y résider.
H.E.
*Professeur émérite-université Tunis El-Manar