Accueil A la une Environnement: Citoyens et institutions au service de l’espace public

Environnement: Citoyens et institutions au service de l’espace public

Relever le défi environnemental requiert une synergie entre les institutions publiques, les initiatives locales et l’engagement citoyen. La situation actuelle requiert des efforts collectifs et coordonnés pour préserver la santé publique et améliorer la qualité de vie des Tunisiens.

Le Président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, mercredi 11 décembre, au Palais de Carthage, le ministre de l’Environnement, Habib Abid. Lors de cet entretien, le Chef de l’État a souligné la nécessité de renforcer la coordination entre les différents organes de l’État pour mettre fin à la situation environnementale actuelle, marquée par des pratiques inacceptables comme le déversement anarchique des gravats et des déchets de construction sur la voie publique.

Le Président Saïed a souligné que ce problème ne peut être résolu uniquement par des textes de loi, mais nécessite une réconciliation entre les citoyens et leur espace public. Il a rappelé l’élan citoyen des Tunisiens qui, au lendemain de la révolution de 2010 et de l’élection présidentielle de 2019, s’étaient mobilisés spontanément pour enlever les déchets. Il a cité, dans cet ordre, les campagnes de nettoyage auxquelles ont participé enfants et adultes dans les quartiers et les établissements scolaires.

Le Chef de l’État a vivement critiqué, en outre, l’inefficacité des structures concernées par l’environnement, dénonçant une hypertrophie institutionnelle sans impact tangible. Il a appelé à une stratégie claire pour mettre fin à la dégradation environnementale et préserver la santé des citoyens. Le Président Saïd a également plaidé pour une stratégie d’extraction d’énergie à partir des déchets, qu’il a qualifiée de solution efficace pour réduire la pollution. Cette approche pourrait transformer les déchets en une ressource économique et environnementale bénéfique pour le pays.

Des initiatives locales inspirantes 

Dans cet ordre, des initiatives locales encourageantes, malgré une situation environnementale préoccupante, méritent d’être saluées. À Monastir, une campagne de propreté à Zaouiet Kontech a permis de collecter 150 tonnes de résidus verts, notamment des figuiers de Barbarie arrachés par les services du Crda. Cette opération, réalisée en collaboration avec des municipalités voisines et le gouvernorat, a mobilisé six camions et quatre grues. Faten Mejri, responsable du département des affaires municipales du gouvernorat de Monastir, a indiqué que 13 campagnes de propreté conjointes sont programmées en décembre, avec trois déjà réalisées à Zaouiet Kontech, Sidi Bennour et Sayada.

Ainsi avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, des résultats significatifs ont pu être obtenus également dans la région du Sud. La municipalité de Tamaghza, dans le gouvernorat de Tozeur, a été désignée « la municipalité la plus propre de Tunisie » pour l’année 2024. Ce prix national, décerné par une commission spécialisée, récompense les efforts exemplaires en matière de propreté, d’hygiène et de gestion environnementale. Khalil Afsi, responsable de la municipalité, a souligné que ce succès repose sur des actions concrètes et un engagement collectif.

 

L’exemple de Singapour

A l’échelle internationale, le cas de Singapour vient montrer comment une volonté politique forte et une mobilisation collective responsable peuvent transformer radicalement un pays. Dès 1967, le Premier ministre Lee Kuan Yew a lancé une politique visant à faire de Singapour une « ville-jardin ». Les résultats sont éloquents. Par le fait d’un aménagement paysager intensif, une gestion efficace des déchets et une propreté exemplaire, la ville a atteint ses objectifs. A ce jour, Singapour est toujours citée en exemple. Ce modèle pourrait inspirer la Tunisie, qui partage des défis similaires en termes de démographie et de ressources.

La responsabilité de chacun

A la lumière de cet exemple édifiant, la Tunisie, grâce à la conjonction de plusieurs facteurs, peut s’en sortir. Et si les municipalités et les services locaux jouent un rôle crucial, chaque citoyen doit assumer, lui aussi, sa part de responsabilité. Des gestes simples, comme ne pas jeter de mégots ou de bouteilles par terre, apprendre aux enfants les gestes appropriés, éviter de piétiner les espaces verts contribuent à préserver l’environnement.

Il reste à dire que l’environnement reflète notre sens du civisme ainsi que le respect que nous portons à nous-mêmes et aux autres. Et pour relever le défi environnemental qui se dresse devant nous, il est donc impératif de conjuguer cette volonté politique affirmée, l’action des institutions publiques, la dynamique des initiatives locales et l’engagement résolu de chaque citoyen. Seule une alliance audacieuse entre innovation, responsabilité collective et implication citoyenne permettra à notre pays de tracer la voie vers un avenir plus vert et un cadre de vie plus épanouissant pour tous.

Hella Lahbib

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