Un thriller tragique qui traite des conditions de vie des Palestiniens qui réussissent à quitter les camps de réfugiés du Liban, laissant derrière eux une part d’eux-mêmes, dans l’espoir d’un avenir meilleur en Europe.
Le film palestinien «To A Land Unknown» (Vers une terre inconnue) a été présenté le 17 décembre au Théâtre de l’Opéra de la Cité de la culture de Tunis dans le cadre de la compétition officielle des longs métrages de fiction qui comprend 15 films de 11 pays. Les deux acteurs principaux, Mahmoud Bakri, alias Chatila, et Aram Sabbagh qui joue le rôle de Reda, étaient présents dans la salle archicomble. En effet, le film est marqué Sold out.
Réalisé par le Palestinien Mahdi Fleifel, ce thriller tragique traite des conditions de vie des Palestiniens qui réussissent à quitter les camps de réfugiés du Liban, laissant derrière eux une part d’eux-mêmes, dans l’espoir d’un avenir meilleur en Europe.
Au début de la projection, une citation du célèbre penseur et écrivain palestinien, Edward Saïd, s’affiche sur l’écran pour ouvrir le film: «D’une certaine manière, c’est en quelque sorte le destin des Palestiniens, non pas de finir là où ils ont commencé, mais dans un endroit inattendu et lointain».
Cette fiction inspirée de faits réels suit, en effet, deux jeunes Palestiniens sans papiers, Reda et Chatila, qui se trouvent bloqués en Grèce. Après avoir risqué leur vie pour échapper du camp de réfugiés où leurs familles vivent encore, ils tentent de continuer leur route vers l’Allemagne. La Grèce étant un point de passage, ils y vivent dans une habitation surpeuplée dans des conditions précaires. Afin de se payer des passeports falsifiés, tous les moyens sont permis : vol, escroquerie, drogues, prostitution masculine…
Ces efforts surhumains les amènent dans une spirale de violence incontrôlable. Ils planifient un projet de prise d’otages ambitieux mais dangereux, avec deux criminels, pour obtenir l’argent dont ils ont besoin. Une fois cette opération lancée, les choses ne se passent pas comme prévu.
Chatila et Reda dépeignent les batailles quotidiennes auxquelles sont confrontées les personnes en quête d’asile. Le réalisateur palestinien Mahdi Fleifel, qui a participé à l’écriture du scénario, connaît de près les camps de réfugiés et les circuits clandestins en Europe à travers son expérience personnelle et ses fréquentations. En traitant ces thèmes, il offre un puissant témoignage des luttes individuelles et collectives liées à leur incertitude quant à l’avenir. La situation économique et sociale en Grèce est également évoquée dès la première scène du film quand ils volent le sac à main d’une femme et découvrent qu’elle n’a que cinq euros sur elle.
Sur un fond tragique, quelques scènes comiques surgissent. Au fur et à mesure que le film avance, les personnages se montrent agressifs, mais tendres par moments. Un portrait de la complexité de l’Homme qui traîne des décennies de traumatismes de guerre et des choix moraux difficiles qui accompagnent le désespoir.
Mais une chose est sûre : ils portent la Palestine dans leurs cœurs, mais aussi sur leurs corps, imprimée à travers leurs tatouages.
À la fin du film, on entend l’un des délinquants réciter des vers de Mahmoud Darwich, «Le masque est tombé». «Le masque est tombé. Tu n’as pas de frères, mon frère. Tu n’as ni châteaux, ni eau, ni médicaments, ni ciel, ni sang, ni voile».
Même si le scénario n’évoque pas directement les crimes israéliens à Gaza et qu’il soit orienté vers les grandes questions de vie à l’exil, les thèmes se rejoignent.
La projection a été suivie d’une longue ovation debout puis d’un débat avec les acteurs principaux.
Notons, pendant que la guerre d’extermination israélienne à Gaza se poursuit, ce film, qui a fait sa première mondiale à Cannes, a été invité à plus de 50 festivals de cinéma, faisant découvrir au public une facette différente des victimes de la guerre.