Accueil Economie Saison oléicole: Indicateurs au vert à l’export, mais chute intrigante des prix en Tunisie

Saison oléicole: Indicateurs au vert à l’export, mais chute intrigante des prix en Tunisie

Les oliviers sont présents dans toutes les régions de la Tunisie, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Le commerce de l’huile d’olive a toujours été source de richesses pour toutes les civilisations qui ont marqué l’histoire de la Tunisie. Cet arbre fruitier a depuis toujours trouvé une place de choix dans les politiques de développement.  Une attention toute particulière a été portée à l’oléiculture, avec pour objectifs d’augmenter les rendements, d’améliorer la qualité des produits et de préserver la biodiversité variétale. Pour la campagne actuelle d’huile d’olive, la chute vertigineuse des prix en Tunisie interpelle et intrigue quant à l’avenir du secteur vital pour l’économie nationale.

«Le prix de vente moyen qui couvrirait les coûts de production, de transport et de presse des olives devrait se situer entre 15 et 16 dinars pour l’huile d’olive extra-vierge», a déclaré récemment Leith Ben Becher, fondateur du Syndicat des agriculteurs de Tunisie. Lors d’une intervention sur les ondes d’une radio privée, il a déploré l’absence d’une vision stratégique de la part de l’Etat, et a aussi évoqué un certain nombre de problématiques liées au secteur, notamment le nombre excessif d’intervenants.

Le syndicaliste a noté que les prix de l’huile d’olive connaissent des chutes importantes sur certains marchés tunisiens comme celui « Gremda ». Par ailleurs, il a fait savoir que les chiffres annoncés pour une production de 340.000 tonnes ne sont pas fiables. Il a également noté que la Tunisie doit se doter d’une stratégie pour réformer le système et organiser les marchés.

Des interventions multiples, mais…

Selon lui, le prix est une résultante de l’offre et de la demande et n’est qu’un facteur. «Pour améliorer le secteur, il faut une meilleure organisation, des formations professionnelles adaptées et une mise en place de lignes de financement dès août de chaque année. Il est aussi important de préserver les variétés locales d’huile d’olive. Bien que les interventions aient été nombreuses, elles ne sont pas très efficaces».

Sur les marchés mondiaux, Ben Becher a affirmé que les prix varient entre 3 et 7 euros. L’avantage est accordé à l’huile d’olive italienne, car cette dernière bénéficie d’une bonne réputation.

Côté chiffres officiels annoncés dernièrement par l’Observatoire tunisien de l’agriculture (Onagri) dans un rapport qui prend en considération les données des dix premiers mois de la campagne agricole, «de novembre 2023 à août 2024, l’Italie était la principale destination de l’huile d’olive biologique tunisienne, avec 52,09% des quantités totales exportées de Tunisie». Cela confirme une primauté qui dure depuis plusieurs mois. L’Italie est suivie par deux autres pays européens, à savoir l’Espagne et la France, qui importent respectivement 28,07 % et 12,10 % de l’huile biologique «Made in Tunisia».

Au cours de la période de référence, les recettes des exportations tunisiennes d’huile d’olive ont atteint 4,81 milliards de dinars, enregistrant une augmentation de 61,7% par rapport à la même période de la campagne précédente.

Abracadabrant…

Le volume des exportations d’huile d’olive s’est élevé à 181,3 mille tonnes, soit 3,2% de plus par rapport à la campagne précédente. Le prix moyen enregistré au cours des dix premiers mois de la campagne précédente a augmenté de 56,7%, passant de 16,92 dinars par kilogramme (environ 5 euros) à 26,51 dinars (7,84 euros). Pour la campagne actuelle, la chute vertigineuse des prix en Tunisie interpelle et intrigue quant à l’avenir du secteur vital pour l’économie nationale.

L’Espagne est, quant à elle, la principale destination de l’huile d’olive tunisienne non biologique avec 30,8 % des quantités exportées, suivie de l’Italie et des États-Unis avec respectivement 28 et 23,6 %. Les produits conditionnés représentent 5,8 % du total de l’huile d’olive biologique exportée.

L’huile d’olive extra vierge, en particulier, représente 89 % des exportations tunisiennes. Au cours de la campagne 2022-2023, la Tunisie a exporté environ 164,2.000 t d’huile d’olive, pour une valeur de 2,7 milliards de dinars (805 millions d’euros), dont 16,5.000 t de conserves, qui ont rapporté environ 344 millions de dinars (102 millions d’euros). Les données relatives à la campagne oléicole indiquent une évolution positive d’environ 70 % des recettes d’exportation de l’huile d’olive, grâce à la hausse des prix sur le marché international.

À la fin du mois d’août 2024, la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a enregistré un excédent de 1,61 milliard de dinars (environ 467 millions d’euros), enregistrant un taux de couverture de 135,5% en août 2024 contre 89,1% en août 2023. Une augmentation du prix moyen à l’exportation de l’huile d’olive (26,87 dinars le kg) qui a enregistré une croissance de 59 % par rapport à l’année précédente. Les prix à l’importation des produits céréaliers, par contre, ont enregistré une baisse variable entre 14 et 26%. Les importations de produits alimentaires représentent 8,5% du total, tandis que les exportations de produits alimentaires représentent 14,8% du total.

Pour cette année, le secteur est mis à genoux au vu et au su de tout un pays. C’est ce qu’on appelle de l’autodestruction avec l’assistance d’un Office national de l’huile qui n’est en réalité qu’une coquille vide. Et cela dure depuis des années.

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