Le développement de notre artisanat repose d’abord et surtout sur une synergie entre l’Etat, les acteurs économiques, les artisans eux-mêmes et les consommateurs. En misant sur l’innovation, la formation et la promotion, la Tunisie peut transformer son artisanat en un secteur phare.
La Presse — La 16e édition des Journées de l’artisanat, qui se déroule à Tozeur du 23 au 30 décembre 2024, marque une nouvelle opportunité pour valoriser l’artisanat national. Avec plus de 120 exposants venus des quatre coins du pays, cet événement s’inscrit dans une dynamique à la fois festive et promotionnelle, tout en coïncidant avec la 45e édition du Festival international des oasis de Tozeur. Cette convergence d’événements constitue un tremplin pour l’artisanat tunisien, soutenu par des activités touristiques en pleine expansion qui confirment une dynamique positive soutenue.
Cependant, au-delà des festivités, ces Journées doivent être le point de départ d’une réflexion plus profonde sur les stratégies à mettre en place pour propulser un secteur riche en potentiel mais encore sous-exploité. L’artisanat, bien plus qu’un héritage, constitue une richesse inestimable avec un potentiel considérable dans de nombreux métiers artisanaux. S’il est exploité et valorisé à sa juste mesure, il peut devenir un puissant levier de développement économique et un vecteur de rayonnement mondial.
Si l’on regardait du côté du Maroc, l’artisanat a su allier tradition et modernité pour s’imposer sur les marchés internationaux. Prenons comme exemple l’artisanat textile ; les caftans et djellabas marocains sont renouvelés à chaque saison en suivant les tendances mode, grâce à un savant mariage entre créativité traditionnelle et styles contemporains. Ce rayonnement n’est pas le fruit du hasard. Il repose sur un soutien institutionnel fort, favorisant l’innovation, la formation et la promotion à l’échelle internationale.
Intégrer des éléments modernes
Pour que notre artisanat atteigne des sommets similaires, plusieurs axes méritent une attention particulière. La question qui se pose, fondamentale, et sur laquelle devraient se pencher décideurs et professionnels, c’est de savoir comment moderniser sans dénaturer. Comment les produits tunisiens doivent-ils évoluer pour intégrer des éléments modernes, tout en préservant leur authenticité ? Cela passe forcément par des collaborations entre artisans et designers. Mais pas seulement.
Il faudra renforcer les structures de soutien par le biais d’un appui institutionnel solide, comprenant des formations, des financements adaptés et une stratégie de promotion nationale et internationale. Les jeunes talents et entrepreneurs seront alors encouragés à investir dans ce secteur.
Mais encore, promouvoir l’exportation est également décisif. Les marchés étrangers offrent une opportunité et une visibilité considérables, à condition de valoriser la qualité et de respecter les standards internationaux. Il est essentiel, en outre, de multiplier et fidéliser des circuits d’exportation pour faire connaître les produits tunisiens au-delà des frontières. Enfin, il faudra dynamiser davantage l’offre du tourisme artisanal.
La responsabilité est collective
Tozeur, avec son festival et ses Journées artisanales, offre ainsi un exemple à suivre pour d’autres régions. L’artisanat peut devenir une attraction incontournable pour les touristes, mais également pour les Tunisiens, contribuant ainsi à une croissance économique régionale, voire locale.
Le développement de notre artisanat repose d’abord et surtout sur une synergie entre l’Etat, les acteurs économiques, les artisans eux-mêmes et les consommateurs. En misant sur l’innovation, la formation et la promotion, notre pays peut transformer son artisanat en un secteur phare, capable de rivaliser avec les plus grandes traditions artisanales du monde.
Et c’est en valorisant notre patrimoine et en nous inspirant des meilleures pratiques que nous pourrons développer l’artisanat national. Les Journées de l’artisanat de Tozeur, bien qu’elles ne soient qu’un événement parmi d’autres, constituent une opportunité précieuse. À chaque nouvelle édition de cet événement et de bien d’autres, il est essentiel de dresser un bilan, mesurer les progrès réalisés, identifier les défis restants, définir les perspectives et fixer de nouveaux objectifs. Et en cette fin d’année, où l’activité commerciale atteint son apogée, pourquoi ne pas encourager et consommer davantage le «made in Tunisia» ?