Un des principaux leviers de la croissance économique et composante clé de l’économie nationale, les grands projets d’investissement publics, sont aujourd’hui dans le viseur du gouvernement. Une série de mesures a, en effet, été décidée pour accélérer l’exécution de ces projets, dont une grande partie était restée bloquée ou mise en veilleuse depuis longtemps.
La Presse — Lors du webinaire « 90 minutes », organisé récemment par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) sous le thème « L’accélération de l’exécution des projets et l’appui à l’investissement en Tunisie », Habib Dridi, président du comité de suivi et d’enquête des marchés publics, relevant de la présidence du gouvernement, est revenu sur les récentes mesures prises pour débloquer la réalisation des grands projets.
Mesures adoptées
Ces décisions, rappelons-le, ont été rassemblées dans une circulaire rendue publique le 7 novembre dernier et font suite au décret n° 497-2024, qui établit les modalités et procédures spécifiques pour la réalisation des grands projets publics. Ces initiatives s’inscrivent, en effet, dans les efforts déployés par l’Etat pour stimuler l’investissement.
Selon Dridi, ces efforts remontent à 2022, lorsque la mise en place d’un haut comité a permis d’étudier les causes des retards dans l’exécution des projets publics. Ce comité, chargé d’accélérer leur réalisation, a identifié divers obstacles, principalement d’ordre financier. En conséquence, plusieurs mesures ont été adoptées. Parmi elles, le responsable a mentionné une révision exceptionnelle des prix des marchés, une mesure qualifiée d’audacieuse, qui devrait relancer les projets stagnants.
Un délai de trois mois a été accordé au comité chargé de la révision des prix pour étudier tous les dossiers, sachant qu’à ce jour, plus de 200 projets ont déjà été examinés. « Il s’agit d’une mesure très importante, car les montants supplémentaires qui seront injectés bénéficieront directement aux entreprises, tandis que les coûts additionnels seront pris en charge par l’État », a déclaré Dridi.
La problématique des garanties
Il a également souligné que la remise des pénalités de retard relatives aux marchés publics figure parmi les décisions phares visant à encourager les promoteurs à reprendre les travaux et à les achever dans les délais impartis. Il s’agit d’une amnistie qui couvre la période allant de 2022 à 2025 et qui a été actée dans la loi de finances 2025. « C’est une mesure révolutionnaire, puisque nous parlons ici d’un abandon futur des pénalités », a-t-il précisé.
D’après le responsable, les garanties représentent également une problématique souvent signalée par les promoteurs immobiliers. En réponse, le montant de la garantie définitive ainsi que celui de la retenue de garantie ont été réduits respectivement à 3 % et 5 %, au lieu de 10 %. « Cela va permettre de résoudre le problème du financement bancaire que rencontrent souvent les promoteurs, mais aussi de donner la chance aux PME d’accéder à ces marchés publics, ce qui est de nature de renforcer la concurrence », a-t-il noté.
Dridi a, par ailleurs, indiqué qu’après la révision de certains articles des contrats de marchés publics et la prolongation des délais d’exécution des projets, les contractants sont désormais appelés à poursuivre les travaux tout en bénéficiant de la remise des pénalités de retard. Il a également précisé qu’un mot d’ordre a été transmis à toutes les structures administratives, notamment au niveau régional, pour faire preuve d’agilité et rester à l’écoute des partenaires privés, dans le but d’accélérer la réalisation de ces projets.