Avant de quitter l’année 2024, il est l’heure de faire un flash-back sur les douze mois qui ont rythmé les 355 jours écoulés. Du Sahel en passant par les Jeux olympiques et le retour de Trump jusqu’à la Syrie, gros plan sur les temps forts de l’année 2024.
Retrait des pays du Sahel de la Cedeao : chronique d’un divorce annoncé
Le 28 janvier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger annoncent, dans un communiqué conjoint, se retirer avec effet immédiat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les trois pays ont un point commun : ils sont tous dirigés par des régimes militaires qui ont pris le pouvoir par la force (le Mali en 2020, le Burkina Faso en 2022 et le Niger en 2023).
Confrontés à des problématiques similaires d’insécurité, de terrorisme et de pauvreté, ils accusent notamment l’organisation ouest-africaine de ne pas les avoir appuyés face aux djihadistes qui sévissent dans la région depuis 2012. Au Mali d’abord, puis aussi chez ses deux voisins, les attaques terroristes ont fait des milliers de morts, combattants et civils, provoquant le déplacement de millions de personnes.
De son côté, la Cedeao a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger pour endiguer les coups d’État et pousser au retour des civils au pouvoir. Elle est allée jusqu’à menacer de recourir à la force au Niger.
Les trois pays ont signé en 2023 un pacte de défense mutuelle contre toute agression extérieure ou intérieure : l’AES, l’Alliance des États du Sahel. Malgré plusieurs médiations, les pays de l’AES réaffirment le 13 décembre leur décision de quitter la Cedeao.
Attentat terroriste du Crocus City Hall à Moscou
Les sirènes résonnent une bonne partie de la nuit dans tout Moscou. Le 22 mars, 140 personnes sont tuées et 300 autres sont blessées dans une attaque terroriste contre la salle de concert du Crocus City Hall située dans une banlieue de la capitale russe.
Quelques heures après les premiers coups de feu, la branche afghane de l’État islamique, Khorassan, revendique l’attaque meurtrière. Le président russe Vladimir Poutine ne s’exprime que près de vingt-quatre heures après les faits. Au lendemain, un deuil national est décrété en Russie.
Bassirou Diomaye Faye : de la prison à la présidence sénégalaise
Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, âgé de 44 ans, est élu président le 24 mars. Il devient ainsi le plus jeune chef d’État depuis l’indépendance du pays en 1960. Candidat du parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) d’Ousmane Sonko, Diomaye Faye remporte la présidentielle dès le premier tour avec plus de 54 % des voix sur la promesse d’un changement radical dans le pays.
Il est particulièrement attendu sur l’emploi, dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans.
Son élection a été précédée par trois années de tensions et de troubles. Le Sénégal, réputé comme l’un des pays les plus stables d’Afrique de l’Ouest, a connu une nouvelle crise en février 2024 quand le président Macky Sall décrète l’ajournement de l’élection.
Des dizaines de personnes sont tuées et des centaines arrêtées depuis 2021. Bassirou Diomaye Faye a lui-même été détenu pendant des mois avant sa libération en pleine campagne électorale, mi-mars 2024.
Le président iranien Ebrahim Raïssi tué dans un crash d’hélicoptère
Il était considéré comme l’un des favoris pour succéder à l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de la République islamique d’Iran. Le président iranien Ebrahim Raïssi meurt le 19 mai, à 50 jours de l’élection présidentielle, dans un accident d’hélicoptère survenu dans le Nord-Ouest du pays près de Jolfa, ville proche de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Huit autres personnes, dont le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, périssent aussi dans l’accident.
L’appareil s’est écrasé après un déplacement du président dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, où il avait notamment inauguré un barrage en compagnie du président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays. L’incident a eu lieu dans une région montagneuse et difficile d’accès, ce qui a rendu les recherches difficiles dans des «conditions météorologiques défavorables».
Élections européennes : l’extrême droite progresse
Du 6 au 9 juin, les élections européennes ont lieu, avec une participation moyenne de 51 % au sein de l’Union européenne. Le Parti Populaire européen (PPE, centre droit), principale force politique du Parlement européen, s’impose une nouvelle fois et obtient 188 sièges sur un total de 720, suivi du groupe des socialistes et démocrates (S&D) avec 136 sièges. Les résultats des européennes ne sont pas sans conséquences sur la nouvelle composition de l’hémicycle européen : les formations de droite radicale et d’extrême droite progressent avec un total de 187 sièges répartis sur trois groupes.
Ainsi, les Patriotes pour l’Europe ont 84 sièges avec en tête le Rassemblement national français, vainqueur de l’élection en France. Ensuite vient le Groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE), 78 sièges dont le parti victorieux de Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien. Enfin l’Europe des nations souveraines dispose de 25 sièges dont plus de la moitié pour l’AfD, le parti d’extrême droite allemand, arrivé deuxième en Allemagne.
Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale
Face à la victoire du Rassemblement national et l’échec de son camp aux élections européennes, le président français Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024. «Les défis exigent la clarté dans nos débats […]. J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée», a-t-il annoncé à la télévision au cours d’une allocution de moins de cinq minutes, prononcée une heure après la publication des premiers résultats. Cette dissolution met fin au mandant de 577 députés élus lors des législatives de juin 2022, normalement pour cinq ans. L’ensemble des travaux parlementaires en cours, comme l’examen de textes, les séances publiques, les questions au gouvernement ou le travail des commissions d’enquête, s’arrêtent. De nouvelles élections législatives sont organisées les 30 juin et 7 juillet 2024.
Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
La France accueille les JO du 26 juillet au 11 août, puis les JP du 28 août au 8 septembre, réunissant plus de 14 000 athlètes tous les continents. Paris charme le monde entier avec des sites spectaculaires comme la Tour Eiffel pour le beach-volley ou les Champs-Élysées pour le cyclisme. Le «breaking dance» s’est vu introduit pour la première fois comme un nouveau sport olympique.
Les exploits sportifs ont suscité beaucoup de liesse et d’engouement pour les athlètes, tels le Français Léon Marchand, l’Américaine Katie Ledecky ou le Brésilien Gabriel Dos Santos Araujo (paralympiques) en natation, la gymnaste américaine Simone Biles ou encore la boxeuse algérienne Imane Khelif.
Le conflit n’épargne pas le Liban
Après un an d’affrontements frontaliers avec le Hezbollah, l’armée sioniste lance une série de bombardements sur le Liban. Objectif : déloger le mouvement paramilitaire chiite Hezbollah, soutenu par l’Iran. Vendredi 27 septembre, l’entité sioniste porte un coup dévastateur et tue son chef depuis 1992, Hassan Nasrallah, lors d’une importante frappe aérienne dans la banlieue Sud de Beyrouth. L’offensive sioniste intervient dans un contexte de crises successives dans un Liban extrêmement fragilisé. Un cessez-le-feu est mis en place, deux mois plus tard, le 27 novembre. Plus de 4 000 personnes ont été tuées. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr) a dénoncé un bilan humain «dramatique». «Ces dernières semaines ont été les plus meurtrières et les plus dévastatrices pour le Liban et son peuple depuis des décennies», a-t-il commenté. À ce jour, plus de 16 000 blessés ont été recensés par le ministère de la Santé libanais.
L’escalade n’en finit pas en Ukraine
Après sa contre-offensive ratée de 2023, l’Ukraine mène une attaque-surprise dans la région frontale russe de Koursk à l’été 2024, sans réussir à détourner les troupes russes de l’Est ukrainien. Moscou riposte par des frappes meurtrières, mettant en difficulté les forces ukrainiennes, moins bien armées.
En novembre, Kiev frappe le territoire russe grâce à des missiles à longue portée fournis par Washington et Londres. En réponse, la Russie recourt à son missile Orechnik, sans charge nucléaire, et avertit qu’elle pourrait répéter ces tirs, voire bombarder des sites militaires des pays occidentaux qui arment Kiev. Parallèlement, Moscou intensifie ses attaques contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Ces dernières semaines, les forces russes ont intensifié leurs frappes contre le Sud de l’Ukraine. Les craintes d’une nouvelle offensive terrestre dans la région ne sont pas moindres.
Netanyahu sous le coup du mandat d’arrêt international
Le 21 novembre, la Cour pénale internationale (CPI) émet des mandats d’arrêt à l’encontre de deux personnalités clés dans le gouvernement sioniste :
• Benyamin Nétanyahu : Premier ministre sioniste, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment pour l’utilisation de la famine comme méthode de guerre et des attaques intentionnelles contre des civils à Gaza selon le procureur de la CPI.
• Yoav Gallant : ancien ministre sioniste de la Défense, faisant face aux mêmes accusations que Nétanyahu pour son rôle dans les opérations militaires à Gaza.
Ces mandats d’arrêt ont été rendus dans le cadre d’une enquête ouverte par le Procureur de la CPI, Karim Khan, sur “la situation dans l’État de Palestine” depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le Hamas a lancé une attaque contre l’entité sioniste, entraînant une riposte militaire sioniste de grande envergure qui s’est transformé en guerre sans fin à Gaza
Tempêtes et inondations en cascade
En 2024, plusieurs régions aux quatre coins du monde sont confrontées à une série d’inondations dévastatrices, touchant des millions de personnes et causant des pertes matérielles considérables. Ces catastrophes sont surtout exacerbées par le changement climatique entraînant des précipitations plus intenses et fréquentes. Près de 7 millions de personnes sont concernées par des inondations en Afrique de l’Ouest et centrale. En Espagne, des inondations meurtrières frappent la région de Valence emportant plus de 200 mots et dévastant une vaste zone urbaine. Un épisode qui s’est transformé en un véritable traumatisme. Dans l’Océan Indien, le cyclone Chido a ravagé mi-décembre l’archipel français de Mayotte.
Encore plus chaude que 2023 : il est maintenant confirmé que 2024 aura été la première année au-dessus de 1,5 °C de réchauffement par rapport à la période préindustrielle, limite à long terme fixée par l’accord de Paris, selon le service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus.
Donald Trump is back !
Donald Trump, bien que dépeint par ses opposants comme un danger pour la démocratie, a remporté le 5 novembre une victoire sans appel face à la démocrate Kamala Harris. Celle-ci a été propulsée candidate dans l’urgence en juillet après le retrait du président sortant Joe Biden. Donald a décroché les sept États clés, dont l’Arizona, en remportant 312 voix de grands électeurs, contre 226 pour Kamala Harris. Il devient le premier président républicain depuis 20 ans à remporter le vote populaire.
Le républicain de 78 sera investi le 20 janvier. Parmi les personnalités qui vont le suivre dans son mandat figure le milliardaire Elon Musk, qui a largement contribué au financement de sa campagne.
La chute de la dynastie des Assad
Le 8 décembre, le régime de Bachar al-Assad en Syrie s’effondre après une offensive éclair menée par les rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), marquant la fin de plus de cinq décennies de domination du clan Al-Assad. Lâché par son entourage et ses alliés dans la région, Bachar Al-Assad fuit vers la Russie, où il obtient l’asile, laissant un pays miné par plus de treize ans de guerre civile.
Parmi les symboles les plus forts de la chute de Damas figure la libération de la sinistre prison, située à 30 kilomètres au Nord de la capitale, où des milliers ont péri au cours des plus de 50 ans de dictature de cette famille. Hommes, femmes, enfants, se sont massés, dès sa prise par les rebelles, devant ce sinistre centre pénitentiaire de Sednaya pour attendre de nouvelles de leurs proches, prisonniers et victimes du régime déchu de Bachar al-Assad.
La Presse de Tunisie avec agences et médias