Accueil Sport Rétrospective sport de 2024: Une année qui s’achève, une année qui s’annonce

Rétrospective sport de 2024: Une année qui s’achève, une année qui s’annonce

La Presse — 2024 est terminée. L’heure du bilan a sonné et nous ne sommes pas tentés de rappeler le nombre de médailles, de titres et de citations que les sportives et sportifs tunisiens ont ramenés.

Bien entendu, cet honneur demeurera dans les annales, mais il s’est avéré que c’est, en fin de compte, l’arbre qui cache la forêt.

Une poignée de championnes et de champions ont hissé haut les couleurs nationales. Personne ne les oubliera, aussi bien au niveau  tunisien  qu’à l’international. Leurs performances olympiques ou mondiales figureront à jamais dans les mémoires. Que ce soit le produit de générations spontanées ou la quintessence de ce que l’on s’est efforcé de découvrir, cela revient au même.

Avec quelques salles, nous avons produit des champions olympiques et des champions du monde. Avec quelques piscines, nous avons accaparé l’attention des meilleures nations qui comptent un bassin dans chaque cité. Ce sera le grand mystère que nos adversaires potentiels cherchent à éclaircir.

Pour ce qui nous concerne, nous avons, en fin de compte, compris que nos jeunes, filles et garçons, sont doués. Il faudrait seulement les mettre dans les meilleures conditions et éviter de les laisser à la merci des arrivistes et des pseudos-responsables, qui ne cherchent qu’à se pavaner sur les estrades, ou qui s’ingénient à placer leurs photos après chaque mot de leurs communiqués triomphalistes.

JO et mondiaux de natation

L’année 2024 a été dominée par les Jeux olympiques et Paralympiques de Paris et les mondiaux de natation.

Ces Jeux de Paris puis le Mondial de natation ont en effet mis en évidence la domination des sports individuels et de combat.

Avec trois médailles (1 or, 1 argent et 1 bronze), la Tunisie a clôturé sa participation aux Jeux Olympiques de Paris-2024 à la 52e place avec le même nombre de médailles que l’Argentine et l’Egypte.

Un bilan pour le moins qu’on puisse dire honorable. Il aurait pu être sans aucun doute meilleur.  Un  certain nombre  de nos représentants ont raté de peu le podium à l’instar d’Ahmed Jaouadi en 800 m NL et en 1.500 m NL, ou encore Mohamed Amine Jhinaoui et Ahmed Jaziri 4e et 5e des 3.000 m steeple. Aux jeux Paralympiques, et encore une fois, nos champions et championnes ont laissé de fortes impressions à l’image de Raoua Tlili, Marwa Brahmi, Amen Allah Tissaoui, Wajdi Boukhili et Walid Ktila. Une participation très honorable (11 médailles avec 5 en or, trois en argent et 3 en bronze) malgré le peu de moyens offerts à ces grands Dames et Messieurs.

Cette admirable élite

Oui, elle est admirable, parce qu’elle se bat sans compter, sans tricher, avec générosité, et un cœur gros comme ça, pour conquérir des titres, des médailles qui permettent à la Tunisie de se permettre d’aller brouiller les cartes des meilleures nations du monde. Oui, c’est ainsi.

La natation, bien sûr, est toujours là. Elle a commencé par dominer en Afrique, dans le monde arabe, pour surgir, sans crier gare dans le jardin européen, australien et américain et, bien sûr, mondial.

Elle le doit là à des éléments qui ont fait éclater leurs admirables qualités.

En cette année 2024, c’est un trio qui a brusquement occupé la scène. En l’absence d’un authentique champion, Ayoub Hafnaoui, abandonné à son sort, victime de ses propres dirigeants fédéraux (la Fédération tunisienne de natation a été dissoute et remplacée par un comité provisoire), la nouvelle génération de nageurs a permis à la Tunisie de faire entendre sa voix. Ahmed Jaouadi est devenu la nouvelle locomotive en attendant le retour de Hafnaoui.

Il a régné sur le 1.500 mètres et a donné des gages sur le 800 mètres.

La natation tunisienne possède une précieuse brochette qu’elle se doit de garder et de défendre pour exploiter la large progression dont elle dispose.

C’est ainsi que le taekwondo et l’escrime ont  imposé cette nouvelle tendance que l’on ressentait depuis quelques années. En dépit des maigres moyens mis à leur disposition, ces sports ont tracé leurs sillons. Le mérite revient tout d’abord à la volonté des athlètes et à la conviction de leurs parents et à leur personnel d’encadrement. Il y a également un fort attachement aux couleurs qui n’a pas été vicié par un faux professionnalisme qui a instauré une ambiance peu propice à la réalisation de résultats  qui méritent d’être signalés.

Historique !

Illustration de cet attachement l’exploit du Tunisien Jonathan Lourimi, médaillé d’argent aux Jeux olympiques de la jeunesse d’hiver Gangwon 2024 qui a réalisé une performance exceptionnelle en finissant 2e de la descente olympique de Bobsleigh. Il a conquis la Corée du Sud en devenant le plus jeune médaillé olympique des jeux d’hiver de toute l’histoire sportive.

Nos fines lames

Un triomphe pour notre sabreur  Farès Ferjani, vice-champion olympique, qui a confirmé tout le bien que l’on pensait de lui. Il a d’ailleurs clôturé l’année en participant au Grand Prix Sabre Orlean 2024. A l’issue de cette joute mondiale  il a décroché la médaille de bronze.

Autre réussite en escrime, le placement de pas moins de six Tunisiens dans les différentes commissions de la Fédération internationale d’escrime.

Autre signe de confiance envers l’escrime tunisienne, l’organisation du mondial des Juniors  à Hammamet qui a vu la victoire de l’équipe turque contre les Etats-Unis.

Vent en poupe

C’est ce qu’on peut dire de la fédération de taekwondo qui  a réussi à glaner deux médailles olympiques par l’intermédiaire de Farès Gattoussi (champion olympique et élu meilleur sportif tunisien) et Khalil Jendoubi, avec, en cerise sur le gâteau, la consécration de la jeune Wafa Masghouni, qui a été désignée meilleure jeune de l’année.

Devenu une référence, le taekwondo tunisien s’est imposé au niveau international et son implantation un peu partout dans le pays augure d’un avenir radieux.

Le négatif et le positif

Et c’est la raison pour laquelle nous avons estimé qu’un bilan doit absolument comporter les réalisations tout aussi bien que les échecs qui ont assombri cette année 2024. La première est bien cette mise sous tutelle de la Fédération tunisienne de football. La Fifa, convaincue par les dépassements du Comité directeur écarté, s’est entendue avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour mettre en place un Comité de gestion provisoire avec des attributions bien définies. Ce comité  a réussi la première partie de sa mission, en remaniant un certain nombre d’articles figurant dans les statuts contestés. Le principal article, contre lequel une majorité de clubs se sont ligués, concerne le niveau d’instruction de ceux qui postuleraient pour la présidence et la vice-présidence de la Fédération tunisienne de football. On a tout simplement supprimé cette condition, en dépit du fait que cette décision souveraine pourrait comporter bien des aléas.

Il n’en demeure pas moins que ce dossier, à notre sens, n’est pas clos. Une fois la loi régissant les structures sportives promulguée, nous y verrons plus clair. Il est en effet impensable que nous formions des cadres et que l’Etat investisse pour que les futures générations soient d’un niveau représentatif irréprochable, que l’on s’arroge le droit, au nom de ce choix souverain, de tout écarter d’un revers de la main. Notre football a terminé l’année en 52e position d’après le classement Fifa.

Un cadre législatif clair

Cela nous amène à cette fameuse loi et le retard qu’elle a subi. Un blocage qui, par voie de conséquence, nous fait perdre une année.

Cette loi, on l’a annoncée depuis plus d’une année (voire encore plus). Elle aurait dû mettre un terme à ce professionnalisme « marron » qui a plongé la majorité de nos associations dans un marasme et une situation financière  impossibles. A cet égard, le Président de la République a insisté sur la nécessité de « concevoir un cadre législatif clair et objectif, orienté vers le développement du sport en tant que levier stratégique pour la Tunisie ». Le sport n’est pas seulement un outil de divertissement. Il est également  porteur de valeurs déontologiques et humaines qui  contribuent  à préserver la santé de nos citoyens. Cela exige un cadre réglementaire émanant d’une vision nationale.

L’infrastructure sportive

Elle est dans un état lamentable. C’est encore une fois au sommet de l’Etat que cette question a été soulevée en exprimant « la nécessité de réhabiliter les infrastructures sportives et de loisirs abandonnées, ainsi que la mise en place d’un cadre législatif solide pour encadrer les structures sportives en Tunisie ».

Comment peut-on s’imaginer qu’il est possible de pratiquer le sport avec des installations désuètes ? Où étaient les responsables chargés de la maintenance ? Comment peut-on laisser des biens communs se détériorer sans intervenir et agir pour les remettre à niveau ? Pourrions-nous nous attendre à un constat positif, une fois les choses mises au clair.

La réhabilitation des infrastructures est devenue par la force des choses une priorité. Elle répond aux aspirations des jeunes et constitue avec la mise en place d’un cadre juridique moderne, et fonctionnel, le sport et la jeunesse pourront dès lors s’exprimer pleinement et hisser davantage les couleurs nationales à travers le monde. N’oublions pas de citer la situation qui règne entre le Comité national olympique et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Ce n’est un secret pour personne, ces relations ne sont pas au mieux, pour ne pas dire autre chose. Elles auraient pu être meilleures et le sport national en aurait tiré tellement d’avantages. Espérons que 2025 amènera plus de calme dans ces relations et que l’on soit plus   solidaire dans la défense  des intérêts du sport tunisien.

Le recul des sports collectifs

Les sports collectifs tunisiens ont énormément perdu de leur superbe au niveau africain, où nous avons toujours réussi à nous imposer. La montée en puissance de l’Egypte s’est arrangée, en l’absence de représentants tunisiens, à rafler presque la totalité des compétitions continentales aidée, il est vrai,  par une infrastructure à la pointe du progrès et des moyens financiers incomparables. Handball, basket ball, volley ball sont rentrés dans les rangs. Il nous faudra du temps et de nouvelles générations de dirigeants efficaces et de joueurs sérieusement préparés pour rejoindre les meilleurs et peut-être reprendre ce que nous avons perdu. Indépendamment de ces titres mondiaux et olympiques, il serait maladroit d’oublier les résultats remportés par nos équipes de jeunes. D’autant plus que ces titres, ils ont trimé dur pour les enlever, avec des moyens assez réduits, une préparation le plus souvent locale, des programmes étriqués et une compétition nationale qui n’ajoute rien à leur  application.

Ces jeunes de 2024, pourront-ils percer et s’imposer ? Au moment où ils auront besoin du dernier coup de pouce pour sauter le grand saut, auront-ils assez de temps de jeu et d’occasions pour faire valoir leur talent ? L’expérience a démontré que leurs clubs préfèrent acheter des canassons au lieu de leur donner leur chance. D’où la question qui se pose : à quoi servent ces sélections jeunes ?

Les féminines nullement en potiches

Le sérieux de nos représentantes en féminines n’est pas à démontrer. Elles ont toujours été à la pointe du combat et ont réussi des résultats remarquables. Que ce soit en sport de combat ou en sports collectifs, elles font le maximum pour imposer leur savoir-faire. Mais… avec des compétitions nationales de niveau modeste, elles ne peuvent progresser qu’avec des stages à répétition et des rencontres réellement utiles.Cela exige des moyens financiers, de la disponibilité et une volonté d’assurer la continuité des programmes d’action mis au point. C’est ce qui manque le plus. L’exemple de l’équipe nationale féminine de handball à la CAN est assez éloquent. C’est le tournoi qui l’a progressivement mis en condition et assuré la fluidité de son jeu. Ni le Congo, ni l’Angola ne sont imbattables. Médaille de bronze et une belle qualification au mondial.Vaste chantier

2024 a mis en évidence l’intervention personnelle du président de la république pour lancer ou relancer de vastes chantiers qui intéressent le sport et la jeunesse. C’est ainsi que la réhabilitation de nombreux sites sportifs ou de jeunesse, l’amélioration des équipements, la restauration des maisons de jeunes, la reprise en main de la Cité nationale sportive d’El Menzah, notamment la reconstruction du stade, l’accélération des projets en cours figurent parmi les priorités de 2025. Ceux qui ont été chargés de conduire à bien ces missions, dont le sport et la jeunesse tunisienne, ont besoin de toute urgence de comprendre la portée du message. Le sport, pour reprendre confiance et consolider les acquis, attendra fébrilement la mise à niveau de ces secteurs vitaux. Rendez-vous en 2025. Inchallah !

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