Comment protéger les identités culturelles locales et les mettre en valeur ? C’est la question à laquelle tente de répondre ce dossier riche en informations et dont le point de vue de son auteur suscite un vrai débat sur l’apport des fonds étrangers dans la production arabo-africaine
La Presse — Le numéro deux de la revue du cinéma « Notre Regard », sur les cinémas arabes et africains du mois de décembre 2024, publié en France, consacre son dossier aux coproductions sous le titre évocateur : « Faut-il se méfier des coproductions ? » signé Mouldi Fehri, directeur et rédacteur en chef de la publication. La qualité et l’originalité des œuvres cinématographiques peuvent-elles être altérées à cause des types de financement. Comment protéger les identités culturelles locales et les mettre en valeur ? C’est la question à laquelle tente de répondre ce dossier riche en informations et dont le point de vue de son auteur suscite un vrai débat sur l’apport des fonds étrangers dans la production arabo-africaine.
Dans le même ordre d’idée, Fathi Kharrat, ex-directeur du département cinéma au ministère des Affaires culturelles, explore le même sujet dans un article intitulé « A la recherche de l’identité et de l’état d’esprit du cinéma tunisien » dans lequel il fait un round up de la cinématographie tunisienne depuis le Protectorat français jusqu’à l’indépendance, rappelant les exploits de Tahar Cheriaâ, cinéphile averti et membre fondateur de la Ftcc qui a eu l’intelligence et le réflexe de poursuivre les activités cinématographiques léguées par les Français et de sa conscience à préserver l’identité culturelle du cinéma tunisien en imposant aux autorités compétentes sa vision.
Dans la perspective de garder vive la mémoire du cinéma tunisien, Ghada Selten propose un témoignage sur son oncle Habib Masrouki, directeur photo disparu trop tôt alors qu’il était à son apogée avec le Nouveau Théâtre, troupe qui rassemblait Fadhel Jaïbi, Fadhel Jaziri et Jalila Baccar. Dans son témoignage, elle évoque un Masrouki, un artiste multifacettes en avance sur son temps.
Un article qui garde vive la mémoire de cet artiste que peu de gens ont connu.
D’autre part, Mouldi Fehri revient sur le parcours foisonnant de Taoufik Béhi, chef décorateur et artiste polyvalent. Il dresse un portrait de cet artiste qui a fait preuve d’ingéniosité et de créativité sur plusieurs films et feuilletons télévisés. Ses prouesses artistiques font de lui l’un des chefs décorateurs tunisiens les plus doués de sa génération.
Dans un autre registre, celui de la critique, Kamel Ben Ouanès s’est intéressé au soufisme dans un article intitulé « Soufisme : quand le matériel et l’immatériel se touchent » en s’appuyant sur le film de court métrage « Soufisme » de Younes Ben Hajria. De son côté, dans son article : « L’expression de l’onirisme dans le cinéma tunisien, une mise en abyme de la violence » (Ndlr : article signé Neila Gharbi), l’autrice s’est appuyée sur quelques films tunisiens récents pour étudier un phénomène très présent dans les films tunisiens de ces dernières années. Une lecture simple et lucide des œuvres réalisées récemment. D’autres lectures alimentent la rubrique consacrée au cinéma tunisien : « Emma ou comment briser les barrières qui nous séparent » d’Abou Cyrine, « A la quête du genre, réflexions sur le cinéma de Moez Kamoun » de Mansour Khedimallah.
Dans le chapitre des cinémas arabes, Mouldi Fehri s’attarde sur « Le combat des femmes dépasse les frontières et les cultures » et « A propos de Big Little Women» de Nadia Fares. De longues études sur les talents incontestables de réalisatrices arabes qui ont su s’imposer et se distinguer dans le domaine du 7e Art.
Pour ce qui est des cinémas africains, deux articles apportent un éclairage sur un cinéma qui trouve des difficultés à s’autofinancer et à être diffusé dans les salles de cinéma. « Claire Diao : Donner de la visibilité aux cinémas d’Afrique et de leur diaspora » et « Révéler des cinéastes talentueux d’Afrique et de sa diaspora », une interview conduite par Naouel Amraoui offrent un aperçu sur la situation de ce cinéma, dont la situation reste précaire.