Les soldes d’hiver commençaient généralement en tout début de février. Mais, en accord avec les professionnels, il a été décidé de les avancer.
La Presse — En droit commercial et au pluriel, l’expression «les soldes» désigne les ventes au détail faites à certaines périodes de l’année au cours desquelles les commerçants sont autorisés à vendre leurs marchandises en dessous du prix courant.
Ces soldes commenceront de ce fait le 15 janvier et dureront six semaines, «dans le cadre de la création d’une dynamique sur le marché, du renforcement de l’activité économique et du soutien du pouvoir d’achat des citoyens».
Entre 1.800 et 2.100 points de vente dans les gouvernorats de Tunis, Sfax, Sousse et Nabeul sont concernés. Les articles d’habillement et les chaussures représentent 90% des articles soldés.
Le raisonnement vaut ce qu’il vaut. Juste après les dépenses de fin d’année, il est difficile d’embrayer sur des achats qui coûtent quand même assez cher. En effet, logiquement, on ne peut acheter pour un membre de la famille et délaisser les autres. Même dans ce cas, ce sont le père et la mère qui s’abstiennent pour satisfaire leurs enfants.
Le problème n’est pas là. Il est principalement dans le sens que l’on donne à ces soldes. Cela n’a jamais été jusque-là un sens que les citoyens assimilent à «mesure salutaire» pour le faire rimer avec «bonne affaire».
Quel est le but des soldes ?
Ils permettent aux commerçants de se débarrasser de leurs stocks et aux consommateurs de profiter de l’avantage que représente la réduction des prix. C’est par là que s’est insinué le doute : Y a-t-il vraiment baisse de prix ? Les consommateurs, il faudrait le reconnaître, cultivent des doutes et c’est ce qui fait que ces soldes ne sont pas toujours des réussites.
En fin de période, les responsables essaient d’expliquer en se contorsionnant, que «des problèmes ont surgi et que l’on fera mieux la prochaine fois».
Quant à la clientèle, elle jure que «cela a été une perte de temps».
A quoi est due cette incompréhension qui dure depuis des années ?
Elle est due en premier lieu au comportement des professionnels qui donnent l’impression de vouloir compenser l’absence de clientèle en période normale, par l’amélioration de leur situation à l’occasion de ces soldes.
Ils oublient qu’ils ont affaire à au moins deux facteurs importants. Le premier se résume en la prudence et la méfiance de la clientèle qui cible ses achats, s’informe, a son idée sur les prix en temps normal, parce qu’elle prend la peine d’écumer les vitrines, pose des questions, note les prix. Il est donc difficile de la leurrer.
La seconde, est relative à la présence de la fripe (dont les prix augmentent d’ailleurs), qui offre de la marchandise en assez bon état et qui coûte nettement moins cher.
«Non, mais regardez ces prix. Une chemise à soixante-cinq dinars. Mon mari m’a interdit de lui acheter quoi que ce soit dans les magasins du centre-ville. Je vais lui obéir et je lui offrirai une chemise de la fripe, que je laverai et que je repasserai soigneusement».
Effectivement, l’habillement revient trop cher. Il y a moins de marchandise chinoise ou turque mais les produits en textile sont rebutants. Il y a certes quelques baisses, mais on ne peut pas dire que les soldes servent à aider le professionnel à renouveler son stock en prévision d’une nouvelle saison avec des collections fraîchement acquises.
Au centre-ville, un grand magasin où il y a de tout
«Nous sommes décidés à jouer le jeu. Nous allons opérer avec l’intention de rénover notre collection», nous assure le gérant des lieux.
Bon, croyons-le sur parole, mais les prix demeurent élevés.
«En plus des articles soldés, nous allons mettre de la marchandise en promotion».
À la différence des soldes il est vrai, les promotions ne sont pas définies légalement. Elles laissent plus de liberté aux professionnels.
A la Rue commerçante Charles de Gaulle, le même raisonnement est avancé.
Est-ce une promesse faite pour l’occasion ou une vérité pour reconquérir la clientèle?
Nous verrons bien à l’heure du bilan.