Le Président de la République, Kaïs Saïed, a reçu ce lundi au Palais de Carthage le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri. A cette occasion, il a souligné que la préservation de l’environnement en Tunisie ne repose pas sur le nombre des institutions existantes, mais sur leur efficacité réelle. Selon lui, « un environnement sain nécessite forcément des institutions saines ». Il a dénoncé l’inefficacité de nombreuses structures qui ne remplissent pas leur rôle malgré les fonds importants qui leur sont alloués, soulignant l’urgence de repenser leur fonctionnement, voire de les supprimer.
Kaïs Saïed a également mis en avant la nécessité d’une prise de conscience collective des citoyens, rappelant que l’espace public est un bien commun. Si des législations nouvelles sont nécessaires pour protéger l’environnement, elles doivent être accompagnées d’un effort partagé pour transformer les comportements des uns et des autres dans l’espace public. Le Chef de l’État a, en outre, recommandé de promouvoir la production d’énergie à partir des déchets. Une expérience qui a fait ses preuves dans plusieurs pays et qui pourrait constituer une réponse efficace à la crise écologique et énergétique qui sévit en Tunisie depuis plusieurs années.
Depuis des décennies, la Tunisie souffre d’une administration surchargée, héritage d’une culture bureaucratique qui freine autant les initiatives individuelles que le développement collectif. Les citoyens et les entrepreneurs n’ont cessé de se heurter, également de dénoncer une multitude de formalités et de structures qui les oppressent, ne produisent ni valeur ajoutée ni impact concret sur leur quotidien. Résultat, les projets stagnent, les délais s’allongent et les coûts augmentent, au détriment d’une Tunisie qui aspire à plus de dynamisme économique et social.
Un appareil d’État trop complexe, au lieu de renforcer le pouvoir public, l’affaiblit. Il isole les citoyens, en rendant les démarches administratives compliquées et décourageantes, au lieu de les rapprocher des institutions censées les servir. À l’heure où le pays traverse une période de crise, il devient donc impératif de réduire cette inertie institutionnelle qui immobilise les énergies et bloque parfois des réformes nécessaires.
Nous avons longtemps évoqué dans ces colonnes le conservatisme, pour ne pas dire l’immobilisme de l’administration, rétive au changement. Or, alléger l’administration ne signifie pas la démanteler, mais la rendre bien plus performante. Cela implique d’investir dans la numérisation des services publics, de renforcer les compétences des fonctionnaires et d’adopter une approche axée sur les résultats. Désormais, l’État doit être perçu non comme une machine complexe qui rebute et fait peur, mais comme un outil au service du citoyen et du développement du pays. Cette vision, qui dépasse les considérations partisanes ou institutionnelles, constitue le véritable défi pour notre pays aujourd’hui.
Ainsi, une réforme en profondeur s’impose, non seulement pour être conforme à la vision du Président de la République, pour répondre aux attentes légitimes des Tunisiens, mais aussi pour bâtir un État moderne, efficace et résilient, capable d’affronter les défis de demain. Recentrer l’État sur son rôle fondamental, c’est-à-dire servir les citoyens, garantir leurs droits et stimuler le progrès collectif, fait office désormais d’une nécessité impérieuse.